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Jeanne Moreau, l'énergie en héritage

Jeanne Moreau (tout).

Jeanne(s) Moreau.

jeannemoreau.fr

Pedro Almodóvar, Etienne Daho ou encore Céline Sciamma ont célébré Jeanne Moreau et le fonds qu’elle avait créé, lors d’une soirée organisée au Théâtre de l’Odéon. Comme l’actrice le souhaitait, la fondation et le prix qui portent son nom seront consacrés à soutenir la création artistique.

Ce n’était pas un hommage, Jeanne Moreau détestait ce mot, mais une soirée en son honneur, pour la fêter. Pour dire, en vérité, que la comédienne, morte le 31 juillet dernier, était toujours là. Pas seulement dans les cœurs mais dans l’actualité. Le fonds qui porte son nom, et deviendra Fondation Jeanne-Moreau, est lancé, installé dans son appartement. Le site Internet est ouvert. Tout commence !

Impossible d’arrêter le tourbillon de la vie. Comme dans la fameuse chanson de Jules et Jim(1962), les amis de Jeanne Moreau sont venus au Théâtre de l’Odéon, lundi 4 décembre, évoquer leurs souvenirs en continuant à danser avec elle, enlacés. Sur scène, le secret et pudique Pedro Almodóvar a dit son émotion lors de leurs rendez-vous : il l’attendait, elle apparaissait et, pendant qu’elle le cherchait du regard, dans un bar d’hôtel, il pouvait la contempler, quelques instants, non comme cette personne si proche qu’elle était devenue, mais comme la star qui l’avait tant et tant impressionné, lui, le gamin espagnol, quand il la découvrit dans Moderato cantabile (1958).

Un festin Jeanne Moreau

La mémoire du cinéma, bien sûr, fut sans cesse revisitée tout au long de cette soirée. Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, était venu avec un festin Jeanne Moreau sous le bras, un montage de scènes toutes plus intenses les unes que les autres. Retrouvant son regard, sa voix, son jeu, nous sommes tous, aujourd’hui encore, comme le jeune Pedro : fascinés.

Mais le cinéma n’était pas tout et le décor choisi voulait le rappeler : l’histoire de l’actrice avait commencé dans ce Théâtre de l’Europe, à l’Odéon, qui s’appelait alors, en 1948, la salle Luxembourg. Tout était né de la passion pour le théâtre, dès 1944. Jeanne Moreau a alors 16 ans et, dans le dos de ses parents, elle file aux Ateliers pour aller assister à une représentation d’Antigone, d’Anouilh. Dont une réplique la marquera à jamais : « Je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors, je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite. »

« Jeanne était tout entière dans cette réplique », souligna Robert Guillaumond, avocat et ami de la comédienne, qui préside aujourd’hui le fonds qu’elle a voulu créer. Ses archives y seront rassemblées : des chansons aux films et aux interviews filmées, en passant par les lettres échangées avec ses metteurs en scène. La mission de ce fonds, et du prix Jeanne-Moreau qui sera instauré, sera de soutenir la création artistique. Et, surtout, la jeune génération. Car la star se mobilisa pour les nouveaux cinéastes, notamment aux Ateliers du festival Premiers Plans d’Angers, comme le rappelèrent Claude Eric-Poiroux, le directeur du festival, et les réalisatrices Delphine Gleize et Céline Sciamma.

“Ce que Jeanne voulait transmettre, c’est une énergie”

Mais c’est, plus largement, à une jeunesse sans âge que ce fonds sera dédié. A l’intensité telle qu’elle s’exprimait dans la réplique d’Antigone, à la volonté, au désir impérieux ! « Ce que Jeanne voulait transmettre, c’est une énergie », résume Robert Guillaumond. Sur la scène du Théâtre de l’Europe, Etienne Daho vint donner un bel exemple de désir intense en montrant un extrait inédit d’une version filmée de sa lecture du Condamné à mort, avec Jeanne Moreau. Les mots de Genet, pleins de fièvre sexuelle, résonnèrent dans le décor de dorures. « Ça réveille », dit en souriant Daho, désormais un des administrateurs du fonds Jeanne Moreau. Dont la mémoire, assurément, ne tombera pas en sommeil.

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Pedro Almodóvar, Etienne Daho ou encore Céline Sciamma ont célébré Jeanne Moreau et le fonds qu’elle avait créé, lors d’une soirée organisée au Théâtre de l’Odéon. Comme l’actrice le souhaitait, la fondation et le prix qui portent son nom seront consacrés à soutenir la création artistique.

Ce n’était pas un hommage, Jeanne Moreau détestait ce mot, mais une soirée en son honneur, pour la fêter. Pour dire, en vérité, que la comédienne, morte le 31 juillet dernier, était toujours là. Pas seulement dans les cœurs mais dans l’actualité. Le fonds qui porte son nom, et deviendra Fondation Jeanne-Moreau, est lancé, installé dans son appartement. Le site Internet est ouvert. Tout commence !

Impossible d’arrêter le tourbillon de la vie. Comme dans la fameuse chanson de Jules et Jim(1962), les amis de Jeanne Moreau sont venus au Théâtre de l’Odéon, lundi 4 décembre, évoquer leurs souvenirs en continuant à danser avec elle, enlacés. Sur scène, le secret et pudique Pedro Almodóvar a dit son émotion lors de leurs rendez-vous : il l’attendait, elle apparaissait et, pendant qu’elle le cherchait du regard, dans un bar d’hôtel, il pouvait la contempler, quelques instants, non comme cette personne si proche qu’elle était devenue, mais comme la star qui l’avait tant et tant impressionné, lui, le gamin espagnol, quand il la découvrit dans Moderato cantabile (1958).

Un festin Jeanne Moreau

La mémoire du cinéma, bien sûr, fut sans cesse revisitée tout au long de cette soirée. Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, était venu avec un festin Jeanne Moreau sous le bras, un montage de scènes toutes plus intenses les unes que les autres. Retrouvant son regard, sa voix, son jeu, nous sommes tous, aujourd’hui encore, comme le jeune Pedro : fascinés.

Mais le cinéma n’était pas tout et le décor choisi voulait le rappeler : l’histoire de l’actrice avait commencé dans ce Théâtre de l’Europe, à l’Odéon, qui s’appelait alors, en 1948, la salle Luxembourg. Tout était né de la passion pour le théâtre, dès 1944. Jeanne Moreau a alors 16 ans et, dans le dos de ses parents, elle file aux Ateliers pour aller assister à une représentation d’Antigone, d’Anouilh. Dont une réplique la marquera à jamais : « Je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors, je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite. »

« Jeanne était tout entière dans cette réplique », souligna Robert Guillaumond, avocat et ami de la comédienne, qui préside aujourd’hui le fonds qu’elle a voulu créer. Ses archives y seront rassemblées : des chansons aux films et aux interviews filmées, en passant par les lettres échangées avec ses metteurs en scène. La mission de ce fonds, et du prix Jeanne-Moreau qui sera instauré, sera de soutenir la création artistique. Et, surtout, la jeune génération. Car la star se mobilisa pour les nouveaux cinéastes, notamment aux Ateliers du festival Premiers Plans d’Angers, comme le rappelèrent Claude Eric-Poiroux, le directeur du festival, et les réalisatrices Delphine Gleize et Céline Sciamma.

“Ce que Jeanne voulait transmettre, c’est une énergie”

Mais c’est, plus largement, à une jeunesse sans âge que ce fonds sera dédié. A l’intensité telle qu’elle s’exprimait dans la réplique d’Antigone, à la volonté, au désir impérieux ! « Ce que Jeanne voulait transmettre, c’est une énergie », résume Robert Guillaumond. Sur la scène du Théâtre de l’Europe, Etienne Daho vint donner un bel exemple de désir intense en montrant un extrait inédit d’une version filmée de sa lecture du Condamné à mort, avec Jeanne Moreau. Les mots de Genet, pleins de fièvre sexuelle, résonnèrent dans le décor de dorures. « Ça réveille », dit en souriant Daho, désormais un des administrateurs du fonds Jeanne Moreau. Dont la mémoire, assurément, ne tombera pas en sommeil.

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