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À un an des élections européennes de 2019, les opposants à Macron toujours minés par leurs divisions

POLITIQUE - Les sondages électoraux, qui plus est lorsqu'ils interviennent un an avant une échéance électorale, n'ont qu'une faible valeur prédictive. Ils se révèlent en revanche toujours riches d'enseignements sur le contexte politique dans lequel ils sont réalisés. C'est précisément le cas de l'enquête de l'institut Ifop pour Valeurs actuelles parue ce mercredi 16 mai sur les élections européennes de 2019. Un an avant la première échéance électorale d'ampleur du quinquennat d'Emmanuel Macron, ce sondage marque une très nette prédominance de la majorité LREM-Modem dans les intentions de vote. Si le scrutin se déroulait ce dimanche, elle afficherait une avance de près de 10 points sur son premier concurrent.

La majorité présidentielle recueillerait ainsi 27% des suffrages, loin devant le Front national de Marine Le Pen (17%), talonné par Les Républicains (15%) et la liste insoumise de Jean-Luc Mélenchon (14%). Tout derrière, le Parti socialiste d'Olivier Faure serait distancé (7%), au coude à coude avec la liste Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan (6%). Les écologistes d'EELV et Générations de Benoît Hamon se parasiteraient en ne recueillant que 3% d'intentions de vote chacun.

S'il est probable que ces rapports de force évolueront au gré de la campagne et du contexte politique (les têtes de liste des partis ne sont même pas arrêtées), cette enquête a le mérite d'illustrer comment le président de la République et ses soutiens capitalisent sur leur positionnement européen en profitant des divisions de leurs adversaires.

La force centrale européenne macroniste adoubée

Malgré une conjoncture nationale et européenne délicate pour le gouvernement, marquée par la crise des migrants et les tensions sociales qui ont rythmé le printemps, Emmanuel Macron peut se réjouir de voir son volontarisme dans la relance de la construction européenne en partie récompensé par cette enquête d'opinion. Avec 27% d'intentions de vote, la majorité dépasse son socle électoral du premier tour de l'élection présidentielle et voit sa stratégie de créer une force centrale pro-européenne confortée par plus d'un quart des personnes interrogées.

Entre son discours de la Sorbonne aux forts accents fédéralistes et ses déclarations au Parlement européen ou à Aix-la-Chapelle, le président français n'a eu de cesse de se positionner en fer de lance de la réforme de l'UE, et ce malgré les réticences affichées par sa partenaire allemande Angela Merkel. En préemptant le camp des partisans de l'Europe, l'ancien candidat En Marche semble ainsi bien parti pour convaincre les pro-européens de gauche comme de droite, asséchant de fait l'espace des autres partis europhiles comme le Parti socialiste ou les écologistes d'EELV.

Encore faut-il entretenir cet élan jusqu'au scrutin en remportant des succès tangibles sur la scène européenne. Jusqu'alors, Emmanuel Macron n'a toujours pas réussi à obtenir de réponses claires de Berlin sur ses principales propositions, dont celle d'établir une gouvernance politique de la zone euro.

Le FN parasité par Dupont-Aignan

Miné par ses divisions sur le plan intérieur, le Front national résiste tant bien que mal au rouleau compresseur LREM. Malgré la concurrence incarnée par le président des Républicains Laurent Wauquiez, le parti de Marine Le Pen parvient à conserver la seconde place dans la course aux européennes. Si ces intentions de vote devaient se confirmer, le FN perdrait en revanche près de 7 points par rapport au scrutin de 2014 où il s'était classé en tête.

Si Les Patriotes de Florian Philippot ne semblent pas en mesure de pénaliser le FN, ce recul doit aussi beaucoup à la concurrence très nette de la liste souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan, qui recueille pour l'heure 6% d'intentions de vote. Un score plus qu'honorable et qui manque au Front national pour repasser la barre des 20%. Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, qui avaient scellé un accord retentissant dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, ont depuis repris leur liberté, même si tous deux prônent un "rassemblement" des patriotes. Un accord n'est pas exclu entre les deux formations.

Privé d'alliés et concurrencé sur sa gauche comme sa droite, Laurent Wauquiez a lui un peu plus de souci à se faire. Après avoir perdu son aile centriste, annexée par Emmanuel Macron, le parti Les Républicains n'est pas à l'abri de se voir grignoter son aile droite par le Front national. L'ancien député LR Thierry Mariani fait partie des quelques noms cités dans la presse pour figurer sur la liste de rassemblement voulue par la présidente du FN. Eurosceptique mais contesté en interne, Laurent Wauquiez doit en outre trouver une personnalité de premier plan capable d'incarner sa ligne européenne. Un sacré défi.

Le bloc de gauche dispersé façon puzzle

Si la majorité fait la course en tête, la gauche pâtit, une fois encore, de son éparpillement. Si l'on additionne les scores de la France insoumise, des écologistes, du PS et de Benoît Hamon, le bloc de gauche pèse à lui seul 27% d'intentions de vote, ce qui théoriquement lui permettrait de faire jeu égal avec le camp macroniste.

Mais, sauf coup de théâtre, ce scénario d'une alliance des gauches n'a aucune chance de voir le jour tant les positions divergent sur la manière de peser sur l'inclinaison politique du Parlement européen. S'ils partagent plusieurs agendas, notamment sur le plan environnemental, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le principe d'une hypothétique sortie des traités européens. Le chef de file de la France insoumise en a fait son arme de dissuasion massive pour obliger le reste de l'Europe à desserrer le carcan libéral européen, le fondateur de Générations renâcle à mettre en péril l'ensemble de la construction européenne.

Très pro-européens, les écologistes, qui s'étaient alliés avec Benoît Hamon pendant la présidentielle, envisagent de partir seuls au combat sans fermer la porte à un accord. Le Parti socialiste, encore en convalescence après ses déroutes électorales de 2017, se prépare à présenter sa propre liste sur une ligne qui reste à définir.

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La majorité présidentielle recueillerait ainsi 27% des suffrages, loin devant le Front national de Marine Le Pen (17%), talonné par Les Républicains (15%) et la liste insoumise de Jean-Luc Mélenchon (14%). Tout derrière, le Parti socialiste d'Olivier Faure serait distancé (7%), au coude à coude avec la liste Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan (6%). Les écologistes d'EELV et Générations de Benoît Hamon se parasiteraient en ne recueillant que 3% d'intentions de vote chacun.

S'il est probable que ces rapports de force évolueront au gré de la campagne et du contexte politique (les têtes de liste des partis ne sont même pas arrêtées), cette enquête a le mérite d'illustrer comment le président de la République et ses soutiens capitalisent sur leur positionnement européen en profitant des divisions de leurs adversaires.

La force centrale européenne macroniste adoubée

Malgré une conjoncture nationale et européenne délicate pour le gouvernement, marquée par la crise des migrants et les tensions sociales qui ont rythmé le printemps, Emmanuel Macron peut se réjouir de voir son volontarisme dans la relance de la construction européenne en partie récompensé par cette enquête d'opinion. Avec 27% d'intentions de vote, la majorité dépasse son socle électoral du premier tour de l'élection présidentielle et voit sa stratégie de créer une force centrale pro-européenne confortée par plus d'un quart des personnes interrogées.

Entre son discours de la Sorbonne aux forts accents fédéralistes et ses déclarations au Parlement européen ou à Aix-la-Chapelle, le président français n'a eu de cesse de se positionner en fer de lance de la réforme de l'UE, et ce malgré les réticences affichées par sa partenaire allemande Angela Merkel. En préemptant le camp des partisans de l'Europe, l'ancien candidat En Marche semble ainsi bien parti pour convaincre les pro-européens de gauche comme de droite, asséchant de fait l'espace des autres partis europhiles comme le Parti socialiste ou les écologistes d'EELV.

Encore faut-il entretenir cet élan jusqu'au scrutin en remportant des succès tangibles sur la scène européenne. Jusqu'alors, Emmanuel Macron n'a toujours pas réussi à obtenir de réponses claires de Berlin sur ses principales propositions, dont celle d'établir une gouvernance politique de la zone euro.

Le FN parasité par Dupont-Aignan

Miné par ses divisions sur le plan intérieur, le Front national résiste tant bien que mal au rouleau compresseur LREM. Malgré la concurrence incarnée par le président des Républicains Laurent Wauquiez, le parti de Marine Le Pen parvient à conserver la seconde place dans la course aux européennes. Si ces intentions de vote devaient se confirmer, le FN perdrait en revanche près de 7 points par rapport au scrutin de 2014 où il s'était classé en tête.

Si Les Patriotes de Florian Philippot ne semblent pas en mesure de pénaliser le FN, ce recul doit aussi beaucoup à la concurrence très nette de la liste souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan, qui recueille pour l'heure 6% d'intentions de vote. Un score plus qu'honorable et qui manque au Front national pour repasser la barre des 20%. Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, qui avaient scellé un accord retentissant dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, ont depuis repris leur liberté, même si tous deux prônent un "rassemblement" des patriotes. Un accord n'est pas exclu entre les deux formations.

Privé d'alliés et concurrencé sur sa gauche comme sa droite, Laurent Wauquiez a lui un peu plus de souci à se faire. Après avoir perdu son aile centriste, annexée par Emmanuel Macron, le parti Les Républicains n'est pas à l'abri de se voir grignoter son aile droite par le Front national. L'ancien député LR Thierry Mariani fait partie des quelques noms cités dans la presse pour figurer sur la liste de rassemblement voulue par la présidente du FN. Eurosceptique mais contesté en interne, Laurent Wauquiez doit en outre trouver une personnalité de premier plan capable d'incarner sa ligne européenne. Un sacré défi.

Le bloc de gauche dispersé façon puzzle

Si la majorité fait la course en tête, la gauche pâtit, une fois encore, de son éparpillement. Si l'on additionne les scores de la France insoumise, des écologistes, du PS et de Benoît Hamon, le bloc de gauche pèse à lui seul 27% d'intentions de vote, ce qui théoriquement lui permettrait de faire jeu égal avec le camp macroniste.

Mais, sauf coup de théâtre, ce scénario d'une alliance des gauches n'a aucune chance de voir le jour tant les positions divergent sur la manière de peser sur l'inclinaison politique du Parlement européen. S'ils partagent plusieurs agendas, notamment sur le plan environnemental, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le principe d'une hypothétique sortie des traités européens. Le chef de file de la France insoumise en a fait son arme de dissuasion massive pour obliger le reste de l'Europe à desserrer le carcan libéral européen, le fondateur de Générations renâcle à mettre en péril l'ensemble de la construction européenne.

Très pro-européens, les écologistes, qui s'étaient alliés avec Benoît Hamon pendant la présidentielle, envisagent de partir seuls au combat sans fermer la porte à un accord. Le Parti socialiste, encore en convalescence après ses déroutes électorales de 2017, se prépare à présenter sa propre liste sur une ligne qui reste à définir.

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