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Loto du patrimoine : « Aucune idée nouvelle n'a été apportée »

« Pourquoi les ministres, voire le président la République lui-même, confient-ils à des personnalités le soin de proposer des politiques nouvelles pour des sujets sur lesquels travaillent pourtant des administrations compétentes ? » (Stéphane Pallez (à gauche), Française des Jeux" (FDJ) et Stéphane Bern, le 31 mai à l’Elysée, à Paris).

Tribune. Le premier tirage du « Loto du patrimoine » a rendu son verdict : 14 millions d’euros ont été misés. Ce qui permettra à la Fondation du patrimoine de recevoir</a> 3,5 millions d’euros, alors que le seul joueur ayant trouvé tous les bons numéros ramassera pour sa part 13 millions d’euros.

Du côté du jeu de grattage, auquel il est encore possible de participer</a> pendant quatre mois, 2,5 millions de tickets ont déjà été vendus (sur 12 millions émis) soit un gain de 3,8 millions pour la Fondation. En cette fin septembre l’opération « loto du patrimoine » a donc permis de dégager</a> 7,3 millions d’euros au bénéfice de monuments en péril. Rappelons que la Fondation du patrimoine reçoit 0,72 euro par mise de 3 euros et 1,52 euro par ticket de 15 euros.

La Française des jeux et le président de la République se félicitent de ce résultat. Preuve de l’attachement des Français à leur patrimoine, les mises auraient été de 30 % supérieures à un tirage moyen. S’agissant d’un tirage exceptionnel il faudrait pourtant le comparer</a> à un autre tirage exceptionnel comme celui d’un vendredi 13, par exemple, sachant qu’en 2013 le vendredi 13 septembre les Français avaient misé, selon le magazine Challenge, 30 millions d’euros de plus que lors d’un tirage habituel !

Impasse prévisible

Quoi qu’il en soit l’objectif de 20 millions d’euros reste atteignable à condition que, dans les quatre mois, les dix millions de tickets restant trouvent preneurs. Dans ces conditions, le gain total pour la Fondation sera d’environ 22 millions, soit un peu plus que l’objectif fixé, mais assez loin des sommes nécessaires aux 250 monuments prioritaires et aux dix-huit jugés emblématiques qui illustrent les tickets du jeu de grattage. Les besoins de ces derniers sont estimés à près de 20 millions d’euros.

Si les gains du Loto devaient couvrir</a> la totalité des coûts il ne resterait plus que 2 millions pour les 250 autres ! Les travaux de restauration de l’aqueduc romain du Gier sur les communes de Chaponost et de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) sont estimés à plus de 3 millions d’euros. Or l’on sait déjà que les deux communes ne recevront que 200 000 euros au titre</a> du Loto. Une première annonce qui risque de devenir</a> règle générale.

L’impasse était prévisible dès le départ puisque les 250 projets nécessitaient environ 50 millions d’euros, bien au-dessus des prévisions de gains de la Française des jeux. Il y a donc deux façons traditionnelles d’analyser ces résultats.

La première consiste à se réjouir</a> de ces 20 millions, qui sont mieux que rien et qui, au lieu de se noyer</a> dans le budget général de l’Etat, serviront effectivement à une cause bien identifiée ; à se réjouir également de ce coup de projecteur qui ne peut qu’être utile à la cause des monuments.

Trois préalables

La seconde rappelle que l’Etat aurait très bien pu dégager cette somme de son budget général sans avoir</a> à recourir</a> à une opération spéciale et qu’il y a d’autres façons de sensibiliser</a> l’opinion que de recourir à un jeu de hasard. Les deux s’entendent, reste que maintenant il faut pouvoir</a> progresser pour éviter</a> dans un an de reprendre</a> le même débat.

Si l’on veut réellement progresser</a>, il faut alors pouvoir lever</a> trois préalables.

Le premier serait de mieux cerner</a> les objectifs. Faut-il trouver</a> des recettes complémentaires pour les monuments anciens y compris ceux qui bénéficient de mesure de protection ? Ou bien, faut-il mettre</a> en place des dispositions spéciales pour des bâtiments que la puissance publique ne considère pas comme prioritaires mais qui, sans pouvoir attirer</a> de nombreux touristes, méritent d’être sauvegardés au titre d’une mémoire et d’une histoire locale ?

Lire aussi :   Martin Malvy  : « Le Loto du patrimoine n’est pas tout »

En refusant de choisir</a> et en proposant une liste de bénéficiaires où l’Etat propriétaire côtoie de petites communes rurales et des associations de bénévoles, l’actuelle formule du Loto ne
facilite pas la mobilisation et risque de produire</a> bien des déceptions.

Le deuxième préalable serait de se mettre d’accord sur l’état réel de ce patrimoine à restaurer</a> en distinguant notamment les travaux nécessités par l’état sanitaire des bâtiments, de ceux liés à leur adaptation à de nouveaux usages. Le ministère de la culture ne dispose malheureusement pas d’un tel état des lieux exhaustif (autant qu’il puisse l’être) et renseigné de façon scientifique. Un tel document, sur lequel le ministère pourrait s’appuyer pour négocier</a> plus efficacement son budget, permettrait également de mieux cerner l’état réel de notre patrimoine et de relativiser</a> certains discours sans doute trop catastrophiques.

Une ressource à la hauteur des objectifs

Si l’on veut bien se rappeler</a> qu’il y a en France environ 44 000 bâtiments classés ou inscrits
et qu’il faut plus que tripler</a> ce nombre pour prendre</a> en compte ceux dignes d’être conservés (en Allemagne il y en a plus de 750 000 !), les 2 500 dossiers urgents reçus par la mission patrimoine de Stéphane Bern laissent à penser</a> que tout ne va pas si mal et que les politiques conduites depuis des années n’y sont pas pour rien.

Le troisième préalable serait de trouver une ressource à la hauteur des objectifs, car il est certain que les budgets actuels sont insuffisants. La formule mise en œuvre cette année ne le permet pas.

Lire aussi :   « Loto du patrimoine : les jeux de l’amour et du hasard »

Si les pouvoirs publics jugent qu’une augmentation, même minime, de la taxe de séjour est inopportune, on pourrait au moins revoir</a> les règles de cette tranche spéciale du Loto en décidant, par exemple, de doubler</a> la part des mises revenant à la Fondation du patrimoine ce qui reviendrait à diminuer</a> celle revenant aux joueurs. Ou bien en affectant une part des mises non distribuées, lorsqu’un tirage habituel n’a pas de gagnant, soit affectée à la restauration des monuments. Il s’agirait là de mesures significatives et réellement extrabudgétaires.

Reste une question qui dépasse largement la mission patrimoine mais qui mérite d’être posée : pourquoi régulièrement les ministres, voire le président la République lui-même, confient-ils à des personnalités le soin de proposer</a> des politiques nouvelles pour des sujets sur lesquels travaillent pourtant des administrations normalement compétentes ? A quoi servent ces missions ?

Un faible manque à gagner</a> pour l’Etat

La question ne se poserait pas si les rapports qui en résultent étaient mis en œuvre et produisaient des effets positivement reconnus. Or, dans le seul champ du ministère de la culture, qui peut citer</a> une mission confiée à une personnalité extérieure au ministère qui ait permis de renouveler</a> le sujet auquel elle se confrontait ? Ce n’est certainement pas la qualité des personnalités missionnées qui doit être</a> mise en cause, mais le mécanisme même sur lequel reposent ces missions.

Que leur demande-t-on fondamentalement ? De proposer le plus rapidement possible une mesure spectaculaire consensuelle et indolore budgétairement. De ce point de vue la mission confiée à Stéphane Bern a plutôt réussi : coup de projecteur assuré par une abondante couverture médiatique, mesure consensuelle pour le grand public et un faible manque à gagner pour le budget de l’Etat (les 3,5 millions d’euros du tirage).

La maison d’Aimé Césaire à Redoute (Fort-de-France), ici le 5 avril. Cette habitation est classée aux monuments historiques depuis décembre 2014.
La « mosquée » située dans la maison de Pierre Loti, à Rochefort (Charente-Maritime). Ce musée municipal est la maison d’enfance de l’écrivain Julien Viaud, plus connu sous son nom de Pierre Loti. Celui-ci a passé une grande partie de sa vie à transformer sa maison natale en un lieu théâtral, où il se mettait en scène lors de fêtes mémorables.
Le domaine de Maison rouge, à La Réunion, abrite depuis quelques années le Musée des arts décoratifs de l’océan Indien.
Le couvent Saint-François à Pino (Haute-Corse). Sa chapelle renferme une fresque, un chemin de croix, une chaire et des stalles du XVIIe siècle.
L’hôtel de Polignac à Condom, dans le Gers. Edifié entre 1773 et 1777, il est classé monument historique depuis 1990.
L’île Cigogne et son fort sur l’archipel des Glénan, dans le Finistère. Ce dernier est utilisé par les stagiaires du centre nautique de la région.
Le château de Bussy-Rabutin à Bussy-le-Grand, en Côte-d’Or. Le plus célèbre propriétaire des lieux fut le comte Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), général des armées royales du roi Louis XIV, courtisan de la cour de France, philosophe et écrivain épistolaire, pamphlétaire, satirique et libertin, par ailleurs membre de l’Académie française.
L’aqueduc romain du Gier est l’un des aqueducs antiques de Lyon, qui desservait la ville antique de Lugdunum. Il se situe à Chaponost, près de Lyon.
L’habitation Bisdary à Gourbeyre, en Guadeloupe. Bâtie au XVIIIe siècle par les jésuites, elle devient une usine sucrière au début du XIXe siècle.
Le château de Carneville dans la Manche, coté jardin. Précédé d’une vaste cour d’honneur de 26 mètres de long, il couvre 900 m2, auxquels il faut ajouter 2 000 m2 de dépendances et un parc de 7 ha.
La rotonde ferroviaire de Montabon, dans la Sarthe. Le dépôt est fermé depuis 1954 et l’association Rotonde ferroviaire de la vallée du Loir (RFVL2) se charge de le préserver.
L'hôtel-Dieu de Château-Thierry, dans l’Aisne. Aujourd’hui visitable, ce musée retrace au travers de ses dix-huit salles toute l’histoire hospitalière du site depuis sa fondation par la reine de France Jeanne de Navarre, épouse de Philippe IV le Bel.
Les murs d’un bâtiment de l’ancienne sucrerie de Soulou, près de M’Tsangamouji, sur le territoire français de Mayotte. Le cyclone de 1898 a détruit en partie l’exploitation et l’usine.
A l’intérieur du Théâtre des Bleus de Bar, à Bar-le-Duc dans la Meuse. Inauguré en 1902 sous le nom de « Nouveau Théâtre », il a accueilli plusieurs troupes importantes, notamment les célèbres tournées Frédéric Achard et Chataignié, qui faisaient les beaux jours des théâtres parisiens.
La villa Viardot, ancienne demeure de l’écrivain russe Ivan Tourgueniev à Bougival, près de Paris.
L’église catholique romaine du XIIe siècle de Notre-Dame de La Celle-Guenand, en Indre-et-Loire.
Le pont d’Ondres à Thorame-Haute, dans le sud-est de la France. Bâti dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, il est constitué de deux arches très inégales de 17 et 9 mètres, pour une longueur totale de 41 mètres.
La Maison du receveur des douanes à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. L’ensemble de la maison est dans un état de dégradation avancée, l’étage de la maison ayant été partiellement incendié.
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La maison d’Aimé Césaire à Redoute (Fort-de-France), ici le 5 avril. Cette habitation est classée aux monuments historiques depuis décembre 2014.

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Mais au-delà, on a vu que cela ne modifiait qu’à la marge les besoins de financement et le rythmes des mises en chantier et, surtout, qu’aucune idée nouvelle n’avait été apportée par rapport à tout ce qui avait été envisagé dans les années récentes et même anciennes.

Est-il pourtant impossible de concilier</a> aura médiatique et approfondissement d’un sujet ? Oui si déjà on acceptait de sortir</a> de la dictature de l’urgence en donnant le temps nécessaire à un travail approfondi. Oui si, comme première tâche, la mission devait prendre connaissance de tous les documents déjà produits sur le sujet (du moins les plus récents) et examiner</a> pourquoi les mesures qui y étaient préconisées, soit n’ont pas été mises en œuvre, soit n’ont pas produit les effets escomptés. Cela paraît simple mais ce serait, en réalité, une véritable révolution.

Fondation Jean-Jaurès.

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« Pourquoi les ministres, voire le président la République lui-même, confient-ils à des personnalités le soin de proposer des politiques nouvelles pour des sujets sur lesquels travaillent pourtant des administrations compétentes ? » (Stéphane Pallez (à gauche), Française des Jeux" (FDJ) et Stéphane Bern, le 31 mai à l’Elysée, à Paris).

Tribune. Le premier tirage du « Loto du patrimoine » a rendu son verdict : 14 millions d’euros ont été misés. Ce qui permettra à la Fondation du patrimoine de recevoir</a> 3,5 millions d’euros, alors que le seul joueur ayant trouvé tous les bons numéros ramassera pour sa part 13 millions d’euros.

Du côté du jeu de grattage, auquel il est encore possible de participer</a> pendant quatre mois, 2,5 millions de tickets ont déjà été vendus (sur 12 millions émis) soit un gain de 3,8 millions pour la Fondation. En cette fin septembre l’opération « loto du patrimoine » a donc permis de dégager</a> 7,3 millions d’euros au bénéfice de monuments en péril. Rappelons que la Fondation du patrimoine reçoit 0,72 euro par mise de 3 euros et 1,52 euro par ticket de 15 euros.

La Française des jeux et le président de la République se félicitent de ce résultat. Preuve de l’attachement des Français à leur patrimoine, les mises auraient été de 30 % supérieures à un tirage moyen. S’agissant d’un tirage exceptionnel il faudrait pourtant le comparer</a> à un autre tirage exceptionnel comme celui d’un vendredi 13, par exemple, sachant qu’en 2013 le vendredi 13 septembre les Français avaient misé, selon le magazine Challenge, 30 millions d’euros de plus que lors d’un tirage habituel !

Impasse prévisible

Quoi qu’il en soit l’objectif de 20 millions d’euros reste atteignable à condition que, dans les quatre mois, les dix millions de tickets restant trouvent preneurs. Dans ces conditions, le gain total pour la Fondation sera d’environ 22 millions, soit un peu plus que l’objectif fixé, mais assez loin des sommes nécessaires aux 250 monuments prioritaires et aux dix-huit jugés emblématiques qui illustrent les tickets du jeu de grattage. Les besoins de ces derniers sont estimés à près de 20 millions d’euros.

Si les gains du Loto devaient couvrir</a> la totalité des coûts il ne resterait plus que 2 millions pour les 250 autres ! Les travaux de restauration de l’aqueduc romain du Gier sur les communes de Chaponost et de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) sont estimés à plus de 3 millions d’euros. Or l’on sait déjà que les deux communes ne recevront que 200 000 euros au titre</a> du Loto. Une première annonce qui risque de devenir</a> règle générale.

L’impasse était prévisible dès le départ puisque les 250 projets nécessitaient environ 50 millions d’euros, bien au-dessus des prévisions de gains de la Française des jeux. Il y a donc deux façons traditionnelles d’analyser ces résultats.

La première consiste à se réjouir</a> de ces 20 millions, qui sont mieux que rien et qui, au lieu de se noyer</a> dans le budget général de l’Etat, serviront effectivement à une cause bien identifiée ; à se réjouir également de ce coup de projecteur qui ne peut qu’être utile à la cause des monuments.

Trois préalables

La seconde rappelle que l’Etat aurait très bien pu dégager cette somme de son budget général sans avoir</a> à recourir</a> à une opération spéciale et qu’il y a d’autres façons de sensibiliser</a> l’opinion que de recourir à un jeu de hasard. Les deux s’entendent, reste que maintenant il faut pouvoir</a> progresser pour éviter</a> dans un an de reprendre</a> le même débat.

Si l’on veut réellement progresser</a>, il faut alors pouvoir lever</a> trois préalables.

Le premier serait de mieux cerner</a> les objectifs. Faut-il trouver</a> des recettes complémentaires pour les monuments anciens y compris ceux qui bénéficient de mesure de protection ? Ou bien, faut-il mettre</a> en place des dispositions spéciales pour des bâtiments que la puissance publique ne considère pas comme prioritaires mais qui, sans pouvoir attirer</a> de nombreux touristes, méritent d’être sauvegardés au titre d’une mémoire et d’une histoire locale ?

Lire aussi :   Martin Malvy  : « Le Loto du patrimoine n’est pas tout »

En refusant de choisir</a> et en proposant une liste de bénéficiaires où l’Etat propriétaire côtoie de petites communes rurales et des associations de bénévoles, l’actuelle formule du Loto ne
facilite pas la mobilisation et risque de produire</a> bien des déceptions.

Le deuxième préalable serait de se mettre d’accord sur l’état réel de ce patrimoine à restaurer</a> en distinguant notamment les travaux nécessités par l’état sanitaire des bâtiments, de ceux liés à leur adaptation à de nouveaux usages. Le ministère de la culture ne dispose malheureusement pas d’un tel état des lieux exhaustif (autant qu’il puisse l’être) et renseigné de façon scientifique. Un tel document, sur lequel le ministère pourrait s’appuyer pour négocier</a> plus efficacement son budget, permettrait également de mieux cerner l’état réel de notre patrimoine et de relativiser</a> certains discours sans doute trop catastrophiques.

Une ressource à la hauteur des objectifs

Si l’on veut bien se rappeler</a> qu’il y a en France environ 44 000 bâtiments classés ou inscrits
et qu’il faut plus que tripler</a> ce nombre pour prendre</a> en compte ceux dignes d’être conservés (en Allemagne il y en a plus de 750 000 !), les 2 500 dossiers urgents reçus par la mission patrimoine de Stéphane Bern laissent à penser</a> que tout ne va pas si mal et que les politiques conduites depuis des années n’y sont pas pour rien.

Le troisième préalable serait de trouver une ressource à la hauteur des objectifs, car il est certain que les budgets actuels sont insuffisants. La formule mise en œuvre cette année ne le permet pas.

Lire aussi :   « Loto du patrimoine : les jeux de l’amour et du hasard »

Si les pouvoirs publics jugent qu’une augmentation, même minime, de la taxe de séjour est inopportune, on pourrait au moins revoir</a> les règles de cette tranche spéciale du Loto en décidant, par exemple, de doubler</a> la part des mises revenant à la Fondation du patrimoine ce qui reviendrait à diminuer</a> celle revenant aux joueurs. Ou bien en affectant une part des mises non distribuées, lorsqu’un tirage habituel n’a pas de gagnant, soit affectée à la restauration des monuments. Il s’agirait là de mesures significatives et réellement extrabudgétaires.

Reste une question qui dépasse largement la mission patrimoine mais qui mérite d’être posée : pourquoi régulièrement les ministres, voire le président la République lui-même, confient-ils à des personnalités le soin de proposer</a> des politiques nouvelles pour des sujets sur lesquels travaillent pourtant des administrations normalement compétentes ? A quoi servent ces missions ?

Un faible manque à gagner</a> pour l’Etat

La question ne se poserait pas si les rapports qui en résultent étaient mis en œuvre et produisaient des effets positivement reconnus. Or, dans le seul champ du ministère de la culture, qui peut citer</a> une mission confiée à une personnalité extérieure au ministère qui ait permis de renouveler</a> le sujet auquel elle se confrontait ? Ce n’est certainement pas la qualité des personnalités missionnées qui doit être</a> mise en cause, mais le mécanisme même sur lequel reposent ces missions.

Que leur demande-t-on fondamentalement ? De proposer le plus rapidement possible une mesure spectaculaire consensuelle et indolore budgétairement. De ce point de vue la mission confiée à Stéphane Bern a plutôt réussi : coup de projecteur assuré par une abondante couverture médiatique, mesure consensuelle pour le grand public et un faible manque à gagner pour le budget de l’Etat (les 3,5 millions d’euros du tirage).

La maison d’Aimé Césaire à Redoute (Fort-de-France), ici le 5 avril. Cette habitation est classée aux monuments historiques depuis décembre 2014.
La « mosquée » située dans la maison de Pierre Loti, à Rochefort (Charente-Maritime). Ce musée municipal est la maison d’enfance de l’écrivain Julien Viaud, plus connu sous son nom de Pierre Loti. Celui-ci a passé une grande partie de sa vie à transformer sa maison natale en un lieu théâtral, où il se mettait en scène lors de fêtes mémorables.
Le domaine de Maison rouge, à La Réunion, abrite depuis quelques années le Musée des arts décoratifs de l’océan Indien.
Le couvent Saint-François à Pino (Haute-Corse). Sa chapelle renferme une fresque, un chemin de croix, une chaire et des stalles du XVIIe siècle.
L’hôtel de Polignac à Condom, dans le Gers. Edifié entre 1773 et 1777, il est classé monument historique depuis 1990.
L’île Cigogne et son fort sur l’archipel des Glénan, dans le Finistère. Ce dernier est utilisé par les stagiaires du centre nautique de la région.
Le château de Bussy-Rabutin à Bussy-le-Grand, en Côte-d’Or. Le plus célèbre propriétaire des lieux fut le comte Roger de Bussy-Rabutin (1618-1693), général des armées royales du roi Louis XIV, courtisan de la cour de France, philosophe et écrivain épistolaire, pamphlétaire, satirique et libertin, par ailleurs membre de l’Académie française.
L’aqueduc romain du Gier est l’un des aqueducs antiques de Lyon, qui desservait la ville antique de Lugdunum. Il se situe à Chaponost, près de Lyon.
L’habitation Bisdary à Gourbeyre, en Guadeloupe. Bâtie au XVIIIe siècle par les jésuites, elle devient une usine sucrière au début du XIXe siècle.
Le château de Carneville dans la Manche, coté jardin. Précédé d’une vaste cour d’honneur de 26 mètres de long, il couvre 900 m2, auxquels il faut ajouter 2 000 m2 de dépendances et un parc de 7 ha.
La rotonde ferroviaire de Montabon, dans la Sarthe. Le dépôt est fermé depuis 1954 et l’association Rotonde ferroviaire de la vallée du Loir (RFVL2) se charge de le préserver.
L'hôtel-Dieu de Château-Thierry, dans l’Aisne. Aujourd’hui visitable, ce musée retrace au travers de ses dix-huit salles toute l’histoire hospitalière du site depuis sa fondation par la reine de France Jeanne de Navarre, épouse de Philippe IV le Bel.
Les murs d’un bâtiment de l’ancienne sucrerie de Soulou, près de M’Tsangamouji, sur le territoire français de Mayotte. Le cyclone de 1898 a détruit en partie l’exploitation et l’usine.
A l’intérieur du Théâtre des Bleus de Bar, à Bar-le-Duc dans la Meuse. Inauguré en 1902 sous le nom de « Nouveau Théâtre », il a accueilli plusieurs troupes importantes, notamment les célèbres tournées Frédéric Achard et Chataignié, qui faisaient les beaux jours des théâtres parisiens.
La villa Viardot, ancienne demeure de l’écrivain russe Ivan Tourgueniev à Bougival, près de Paris.
L’église catholique romaine du XIIe siècle de Notre-Dame de La Celle-Guenand, en Indre-et-Loire.
Le pont d’Ondres à Thorame-Haute, dans le sud-est de la France. Bâti dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, il est constitué de deux arches très inégales de 17 et 9 mètres, pour une longueur totale de 41 mètres.
La Maison du receveur des douanes à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. L’ensemble de la maison est dans un état de dégradation avancée, l’étage de la maison ayant été partiellement incendié.
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La maison d’Aimé Césaire à Redoute (Fort-de-France), ici le 5 avril. Cette habitation est classée aux monuments historiques depuis décembre 2014.

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Mais au-delà, on a vu que cela ne modifiait qu’à la marge les besoins de financement et le rythmes des mises en chantier et, surtout, qu’aucune idée nouvelle n’avait été apportée par rapport à tout ce qui avait été envisagé dans les années récentes et même anciennes.

Est-il pourtant impossible de concilier</a> aura médiatique et approfondissement d’un sujet ? Oui si déjà on acceptait de sortir</a> de la dictature de l’urgence en donnant le temps nécessaire à un travail approfondi. Oui si, comme première tâche, la mission devait prendre connaissance de tous les documents déjà produits sur le sujet (du moins les plus récents) et examiner</a> pourquoi les mesures qui y étaient préconisées, soit n’ont pas été mises en œuvre, soit n’ont pas produit les effets escomptés. Cela paraît simple mais ce serait, en réalité, une véritable révolution.

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