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La langue et le regard - France Culture

Cannes 2019 | Avec "Mektoub, my love : intermezzo", expérience limite d’épuisement de son sujet et du spectateur, Abdellatif Kechiche radicalise encore son cinéma dionysiaque. Pour le lyrisme, on se tournera plutôt vers Marco Bellocchio et sa mise en lumière, par la parole, des infamies mafieuses.

Mektoub, my love: intermezzo
Mektoub, my love: intermezzo Crédits : Pathé Distribution

C'est dans un épuisement certain que le festivalier aborde cette dernière journée de compétition cannoise.

Non seulement parce que depuis 10 jours, celle-ci s'est révélée d'une qualité et d'une force comme jamais depuis longtemps, non seulement parce que le dernier film vu, au titre trilingue : Mektoub, my love : intermezzo, s'est terminé tard dans la nuit après 3h30 de projection (il était annoncé à 4h, mais son auteur l'a remonté jusqu'au dernier moment), mais parce qu'avec cette suite des aventures de la bande d'amis et de cousins sétois, dont le premier opus avait été il y a deux ans refusé par Cannes, Abdellatif Kechiche radicalise encore son cinéma.

Au cœur du film, une nuit interminable dans une boîte du même nom, une fête dionysiaque de corps vibrants et débordants qui n'en finit pas, comme s'il fallait retenir l'été et la jeunesse finissants, et au cœur de cette fête, une très longue et explicite scène de cunnilingus. Le tout est regardé par ce double du cinéaste et du spectateur qu'est Amin, celui qui observe, mais n'agit pas. 

Une salle d'audience, ça vaut bien une boîte de nuit

De la langue et du regard, il est encore question dans Le Traître, le nouveau film de Marco Bellocchio.

Après la montée du fascisme de Vincere et les années de plomb de Buongiorno, Notte, le plus grand cinéaste italien en activité ausculte à nouveau les tares et la violence endémique de son pays, en centrant son film sur Tommaso Buscetta, ce soldat de Cosa Nostra qui permit au juge Falcone, en lui parlant, de décapiter la mafia sicilienne au début des années 1990.

A la fascination de longue date du cinéma mondial pour la figure charismatique du mafieux et au spectacle de ses meurtres, Bellocchio oppose une autre mise en scène : celle du tribunal, vu comme un espace opératique, où se libère la parole et s'évitent les regards, et où sa conception lyrique du cinéma s'exprime avec génie.

Une salle d'audience, ça vaut bien une boîte de nuit...

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Cannes 2019 | Avec "Mektoub, my love : intermezzo", expérience limite d’épuisement de son sujet et du spectateur, Abdellatif Kechiche radicalise encore son cinéma dionysiaque. Pour le lyrisme, on se tournera plutôt vers Marco Bellocchio et sa mise en lumière, par la parole, des infamies mafieuses.

Mektoub, my love: intermezzo
Mektoub, my love: intermezzo Crédits : Pathé Distribution

C'est dans un épuisement certain que le festivalier aborde cette dernière journée de compétition cannoise.

Non seulement parce que depuis 10 jours, celle-ci s'est révélée d'une qualité et d'une force comme jamais depuis longtemps, non seulement parce que le dernier film vu, au titre trilingue : Mektoub, my love : intermezzo, s'est terminé tard dans la nuit après 3h30 de projection (il était annoncé à 4h, mais son auteur l'a remonté jusqu'au dernier moment), mais parce qu'avec cette suite des aventures de la bande d'amis et de cousins sétois, dont le premier opus avait été il y a deux ans refusé par Cannes, Abdellatif Kechiche radicalise encore son cinéma.

Au cœur du film, une nuit interminable dans une boîte du même nom, une fête dionysiaque de corps vibrants et débordants qui n'en finit pas, comme s'il fallait retenir l'été et la jeunesse finissants, et au cœur de cette fête, une très longue et explicite scène de cunnilingus. Le tout est regardé par ce double du cinéaste et du spectateur qu'est Amin, celui qui observe, mais n'agit pas. 

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De la langue et du regard, il est encore question dans Le Traître, le nouveau film de Marco Bellocchio.

Après la montée du fascisme de Vincere et les années de plomb de Buongiorno, Notte, le plus grand cinéaste italien en activité ausculte à nouveau les tares et la violence endémique de son pays, en centrant son film sur Tommaso Buscetta, ce soldat de Cosa Nostra qui permit au juge Falcone, en lui parlant, de décapiter la mafia sicilienne au début des années 1990.

A la fascination de longue date du cinéma mondial pour la figure charismatique du mafieux et au spectacle de ses meurtres, Bellocchio oppose une autre mise en scène : celle du tribunal, vu comme un espace opératique, où se libère la parole et s'évitent les regards, et où sa conception lyrique du cinéma s'exprime avec génie.

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