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Animation : le Festival d'Annecy couronne la production française - Le Monde

« J’ai perdu mon corps », de Jérémy Clapin.
« J’ai perdu mon corps », de Jérémy Clapin. REZO FILMS

Les bourrasques de vent et de pluie qui se sont abattues sur Annecy, samedi 15 juin, à quelques heures de la cérémonie de clôture de la 43e édition du Festival international d’animation, n’ont pas réussi à atteindre le moral des festivaliers. Aux yeux de certains, ces intempéries soudaines semblaient même s’accorder aux surprises et aux variations émotionnelles que réserve chaque année ce rendez-vous.

La surprise n’était en revanche pas vraiment au rendez-vous du palmarès où le jury de la compétition officielle et les spectateurs ont couronné à l’unisson J’ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin (sortie en salle le 6 novembre). Déjà récompensé en mai du Grand Prix de la critique à Cannes, ce magnifique premier long-métrage du réalisateur français a, en effet, obtenu le Cristal du meilleur film d’animation et le Prix du public. Dans les conversations de cafés, il sortait favori. Il a triomphé lors de la cérémonie du festival.

L’histoire que raconte J’ai perdu mon corps est folle, improbable, susceptible même de ne pas susciter l’envie de la découvrir. Au générique de fin, pourtant, elle a fait verser des larmes. La grâce et la virtuosité de la mise en scène, le rythme de la narration (qui passe du présent au passé avec une fluidité rare), la beauté plastique (obtenue par l’union de la 3D et de la 2D), la précision du cadrage et du montage ne laisse aucune chance. Le film bouleverse autant qu’il fascine.

Reprenons au début. Une main tranchée s’échappe d’une salle de dissection pour retrouver le corps du jeune homme auquel elle appartient. Ce dernier se nomme Naoufel, vit à Paris depuis qu’il a été arraché à son pays d’origine, le Maroc, après la mort de ses parents. Maladroit, timide, Naoufel livre des pizzas et ne sait pas quoi faire de sa vie. Jusqu’au jour où il rencontre Gabrielle, pour qui il s’improvise ébéniste et devient, enfin, l’artisan de son propre destin.

Une construction complexe

Adapté du roman Happy Hand (Seuil, 2006), de Guillaume Laurant – coscénariste avec Jérémy Clapin du film –, J’ai perdu mon corps mène en parallèle le récit de Naoufel (qui tente de ne plus se laisser ballotter par le destin) et celui de sa main (qui dirige vaillamment sa traversée de Paris semée d’embûches), tout en édifiant sa structure sur un double flash-back – la vie du jeune garçon avant qu’il ne perde sa main et ses souvenirs d’enfance. Cette construction complexe rendue avec une simplicité déroutante conduit à l’élaboration d’une palette sensorielle que l’animation parvient à réveiller en chacun de nous. Métaphore d’un passé dont le jeune héros est amputé, depuis son exil, la main coupée a gardé dans ses terminaisons nerveuses la mémoire de l’enfance et de ses sensations : le sable qui filait entre les doigts du petit garçon, les touches du piano de la maison familiale. Elle est le lien entre le passé et le présent qui aidera Naoufel à retrouver son unité et le chemin de son avenir.

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« J’ai perdu mon corps », de Jérémy Clapin.
« J’ai perdu mon corps », de Jérémy Clapin. REZO FILMS

Les bourrasques de vent et de pluie qui se sont abattues sur Annecy, samedi 15 juin, à quelques heures de la cérémonie de clôture de la 43e édition du Festival international d’animation, n’ont pas réussi à atteindre le moral des festivaliers. Aux yeux de certains, ces intempéries soudaines semblaient même s’accorder aux surprises et aux variations émotionnelles que réserve chaque année ce rendez-vous.

La surprise n’était en revanche pas vraiment au rendez-vous du palmarès où le jury de la compétition officielle et les spectateurs ont couronné à l’unisson J’ai perdu mon corps, de Jérémy Clapin (sortie en salle le 6 novembre). Déjà récompensé en mai du Grand Prix de la critique à Cannes, ce magnifique premier long-métrage du réalisateur français a, en effet, obtenu le Cristal du meilleur film d’animation et le Prix du public. Dans les conversations de cafés, il sortait favori. Il a triomphé lors de la cérémonie du festival.

L’histoire que raconte J’ai perdu mon corps est folle, improbable, susceptible même de ne pas susciter l’envie de la découvrir. Au générique de fin, pourtant, elle a fait verser des larmes. La grâce et la virtuosité de la mise en scène, le rythme de la narration (qui passe du présent au passé avec une fluidité rare), la beauté plastique (obtenue par l’union de la 3D et de la 2D), la précision du cadrage et du montage ne laisse aucune chance. Le film bouleverse autant qu’il fascine.

Reprenons au début. Une main tranchée s’échappe d’une salle de dissection pour retrouver le corps du jeune homme auquel elle appartient. Ce dernier se nomme Naoufel, vit à Paris depuis qu’il a été arraché à son pays d’origine, le Maroc, après la mort de ses parents. Maladroit, timide, Naoufel livre des pizzas et ne sait pas quoi faire de sa vie. Jusqu’au jour où il rencontre Gabrielle, pour qui il s’improvise ébéniste et devient, enfin, l’artisan de son propre destin.

Une construction complexe

Adapté du roman Happy Hand (Seuil, 2006), de Guillaume Laurant – coscénariste avec Jérémy Clapin du film –, J’ai perdu mon corps mène en parallèle le récit de Naoufel (qui tente de ne plus se laisser ballotter par le destin) et celui de sa main (qui dirige vaillamment sa traversée de Paris semée d’embûches), tout en édifiant sa structure sur un double flash-back – la vie du jeune garçon avant qu’il ne perde sa main et ses souvenirs d’enfance. Cette construction complexe rendue avec une simplicité déroutante conduit à l’élaboration d’une palette sensorielle que l’animation parvient à réveiller en chacun de nous. Métaphore d’un passé dont le jeune héros est amputé, depuis son exil, la main coupée a gardé dans ses terminaisons nerveuses la mémoire de l’enfance et de ses sensations : le sable qui filait entre les doigts du petit garçon, les touches du piano de la maison familiale. Elle est le lien entre le passé et le présent qui aidera Naoufel à retrouver son unité et le chemin de son avenir.

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