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Le metteur en scène Jean-Laurent Cochet est mort - Le Monde

Le comédien Jean-Laurent Cochet, en février 1994, à Paris.
Le comédien Jean-Laurent Cochet, en février 1994, à Paris. ERIC FOUGERE/CORBIS VIA GETTY IMAGES

Jean-Laurent Cochet est mort, mardi 7 avril à Paris, des suites du Covid-19, à l’âge de 85 ans. Il avait été hospitalisé à l’hôpital Bichat cinq jours plus tôt. Comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique, c’est surtout dans ce dernier rôle qu’il s’était illustré, en formant au fil de cinquante ans de pédagogie un nombre impressionnant de vedettes de théâtre et de cinéma. Gérard Depardieu, Isabelle Huppert ou Fabrice Luchini figurent à son tableau de chasse, mais aussi Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart, Carole Bouquet, Richard Berry, Bernard Giraudeau, Mélanie Thierry, Andréa Ferréol, Stéphane Guillon et bien d’autres encore.

Né le 28 janvier 1935 à Romainville (Seine-Saint-Denis), il s’était tourné très tôt vers le théâtre, sous l’égide de professeurs eux-mêmes dépositaires de la grande tradition classique : Béatrix Dussane, Maurice Escande, René Simon ou Jean Meyer. En 1959, il entre comme pensionnaire à la Comédie-Française, où il restera jusqu’en 1963, jouant Molière, Marivaux, Feydeau ou Audiberti sous la direction de Jacques Charon ou de Jean Meyer.

Il se lance dès cette époque dans la mise en scène, qu’il va pratiquer jusqu’au début des années 2010, au fil de quelque quatre-vingts spectacles qui alterneront sans coup férir classiques du répertoire et succès du théâtre de boulevard : Molière croise Sacha Guitry ; Marivaux, André Roussin ; Musset, Françoise Dorin ; Labiche et Feydeau ne sont jamais bien loin.

Dans ce théâtre qui ne s’embarrasse pas de modernité, les vedettes sont les bienvenues, et Jean-Laurent Cochet met en scène Suzy Delair ou Danielle Darrieux, Jacques Dufilho ou Claude Piéplu, Jean Le Poulain ou Thierry le Luron, Claude Brasseur ou Jean-Pierre Bacri, Jeanne Moreau ou Michèle Morgan. En 1962, il fait ses premières apparitions à la télévision avec l’émission Le Théâtre de la jeunesse, de Claude Santelli.

Mais c’est surtout en tant que pédagogue qu’il restera dans l’histoire. En 1965, il ouvre son cours d’art dramatique, le cours Cochet à Paris, où il va former et révéler à eux-mêmes un nombre impressionnant de comédiennes et de comédiens. « Le talent, disait-il, cela n’existe pas. Le théâtre, c’est un métier qui se travaille. Les dons, c’est parfois dangereux car un élève doué a tendance à ne pas travailler. »

Fabrice Luchini, qui a toujours clamé haut et fort ce qu’il lui devait, et qui a été un des premiers à lui rendre hommage, le racontait dans un entretien au Monde en 2008 : « J’ai eu la chance d’apprendre le métier dans le cours de Jean-Laurent Cochet, où il fallait travailler le passage de texte, et pas la confidence personnelle. On devait d’abord apprendre à articuler pendant des heures. Moi, je suis comme Michel Bouquet : je viens sur scène pour passer quelque chose de plus grand que moi. Mais cela ne suffit pas d’aimer et d’admirer Baudelaire ou Molière : il faut savoir les phraser. Cela demande des années de pratique. Comme un pianiste, avec ses gammes. »

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Le comédien Jean-Laurent Cochet, en février 1994, à Paris.
Le comédien Jean-Laurent Cochet, en février 1994, à Paris. ERIC FOUGERE/CORBIS VIA GETTY IMAGES

Jean-Laurent Cochet est mort, mardi 7 avril à Paris, des suites du Covid-19, à l’âge de 85 ans. Il avait été hospitalisé à l’hôpital Bichat cinq jours plus tôt. Comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique, c’est surtout dans ce dernier rôle qu’il s’était illustré, en formant au fil de cinquante ans de pédagogie un nombre impressionnant de vedettes de théâtre et de cinéma. Gérard Depardieu, Isabelle Huppert ou Fabrice Luchini figurent à son tableau de chasse, mais aussi Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart, Carole Bouquet, Richard Berry, Bernard Giraudeau, Mélanie Thierry, Andréa Ferréol, Stéphane Guillon et bien d’autres encore.

Né le 28 janvier 1935 à Romainville (Seine-Saint-Denis), il s’était tourné très tôt vers le théâtre, sous l’égide de professeurs eux-mêmes dépositaires de la grande tradition classique : Béatrix Dussane, Maurice Escande, René Simon ou Jean Meyer. En 1959, il entre comme pensionnaire à la Comédie-Française, où il restera jusqu’en 1963, jouant Molière, Marivaux, Feydeau ou Audiberti sous la direction de Jacques Charon ou de Jean Meyer.

Il se lance dès cette époque dans la mise en scène, qu’il va pratiquer jusqu’au début des années 2010, au fil de quelque quatre-vingts spectacles qui alterneront sans coup férir classiques du répertoire et succès du théâtre de boulevard : Molière croise Sacha Guitry ; Marivaux, André Roussin ; Musset, Françoise Dorin ; Labiche et Feydeau ne sont jamais bien loin.

Dans ce théâtre qui ne s’embarrasse pas de modernité, les vedettes sont les bienvenues, et Jean-Laurent Cochet met en scène Suzy Delair ou Danielle Darrieux, Jacques Dufilho ou Claude Piéplu, Jean Le Poulain ou Thierry le Luron, Claude Brasseur ou Jean-Pierre Bacri, Jeanne Moreau ou Michèle Morgan. En 1962, il fait ses premières apparitions à la télévision avec l’émission Le Théâtre de la jeunesse, de Claude Santelli.

Mais c’est surtout en tant que pédagogue qu’il restera dans l’histoire. En 1965, il ouvre son cours d’art dramatique, le cours Cochet à Paris, où il va former et révéler à eux-mêmes un nombre impressionnant de comédiennes et de comédiens. « Le talent, disait-il, cela n’existe pas. Le théâtre, c’est un métier qui se travaille. Les dons, c’est parfois dangereux car un élève doué a tendance à ne pas travailler. »

Fabrice Luchini, qui a toujours clamé haut et fort ce qu’il lui devait, et qui a été un des premiers à lui rendre hommage, le racontait dans un entretien au Monde en 2008 : « J’ai eu la chance d’apprendre le métier dans le cours de Jean-Laurent Cochet, où il fallait travailler le passage de texte, et pas la confidence personnelle. On devait d’abord apprendre à articuler pendant des heures. Moi, je suis comme Michel Bouquet : je viens sur scène pour passer quelque chose de plus grand que moi. Mais cela ne suffit pas d’aimer et d’admirer Baudelaire ou Molière : il faut savoir les phraser. Cela demande des années de pratique. Comme un pianiste, avec ses gammes. »

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