Carlos R. Alvarez via Getty Images
CORONAVIRUS - “Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde; ce sera le même, en un peu pire.” Qu’on se le dise, ce texte de Michel Houellebecq n’est pas forcément la meilleure des choses à lire en ce lundi 4 mai, clôturant notre septième semaine de confinement. En tout cas pas si votre moral est, comme pour beaucoup de Français, déjà suffisamment morose.
Si de nombreuses personnalités du monde des livres - de Leïla Slimani à Riad Sattouf - se sont exprimées sur l’épidémie de coronavirus depuis la mi-mars, ce n’était pas encore le cas de Michel Houellebecq, prix Goncourt 2010. Après une cinquantaine de jours de confinement, l’auteur de La Carte et le territoire et Sérotonine a fini par prendre la plume ce lundi 4 mai dans une lettre publiée sur le site de France Inter, dans le cadre de la chronique d’Augustin Trapenard.
“L’obsolescence des relations humaines”
Entre quelques piques à ses confrères Frédéric Beigbeder, Catherine Millet et Emmanuel Carrère, Parisiens exilés à la campagne, l’écrivain livre une morne observation de la société, dans la lignée de ses œuvres précédentes. Michel Houellebecq y déconstruit ainsi l’idée qu’un “monde nouveau” naîtra après le passage de l’épidémie. “Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidémie est même remarquablement normal”, écrit-il.
Pour lui, le coronavirus ne fait qu’“accélérer certaines mutations en cours” qui tendent à “diminuer les contacts matériels, et surtout humains”. “L’épidémie de coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde: une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines”, poursuit-il.
“Un monde un peu pire”
Quant à l’idée de voir notre société ”[redécouvrir] le tragique, la mort, la finitude”, elle serait fausse. “La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines”, argue l’écrivain, évoquant les enterrements “en secret” et les victimes qui “se résument à une unité dans la statistique des morts quotidiennes”.
“Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus; elles n’ont fait que se manifester avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde; ce sera le même, en un peu pire”, conclut Michel Houellebecq.
Pessimisme ou lucidité? À chacun d’y lire son interprétation. Le texte déprimant de l’écrivain ne manque en tout cas pas de faire réagir les internautes sur les réseaux sociaux.
« Un virus banal (...) tantôt benin, tantôt mortel, même pas sexuellement transmissible : en somme, un virus sans qualités » texte inédit de Michel Houellebecq lu par @ATrapenard. Génial. https://t.co/EAQz0cK9O6
— Léa Salamé (@LeaSalame) May 4, 2020
S'il y en a bien un que le coronavirus ne changera pas c'est Michel Houellebecq. Cynique? Sans doute. Mais tellement lucide...malheureusement!https://t.co/txat0mIujJ
— StanislasKulaga (@StanislasKulaga) May 4, 2020
À voir également sur Le HuffPost: Durant le confinement, cette libraire livre ses livres pour “une question de survie”
Carlos R. Alvarez via Getty Images
CORONAVIRUS - “Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde; ce sera le même, en un peu pire.” Qu’on se le dise, ce texte de Michel Houellebecq n’est pas forcément la meilleure des choses à lire en ce lundi 4 mai, clôturant notre septième semaine de confinement. En tout cas pas si votre moral est, comme pour beaucoup de Français, déjà suffisamment morose.
Si de nombreuses personnalités du monde des livres - de Leïla Slimani à Riad Sattouf - se sont exprimées sur l’épidémie de coronavirus depuis la mi-mars, ce n’était pas encore le cas de Michel Houellebecq, prix Goncourt 2010. Après une cinquantaine de jours de confinement, l’auteur de La Carte et le territoire et Sérotonine a fini par prendre la plume ce lundi 4 mai dans une lettre publiée sur le site de France Inter, dans le cadre de la chronique d’Augustin Trapenard.
“L’obsolescence des relations humaines”
Entre quelques piques à ses confrères Frédéric Beigbeder, Catherine Millet et Emmanuel Carrère, Parisiens exilés à la campagne, l’écrivain livre une morne observation de la société, dans la lignée de ses œuvres précédentes. Michel Houellebecq y déconstruit ainsi l’idée qu’un “monde nouveau” naîtra après le passage de l’épidémie. “Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidémie est même remarquablement normal”, écrit-il.
Pour lui, le coronavirus ne fait qu’“accélérer certaines mutations en cours” qui tendent à “diminuer les contacts matériels, et surtout humains”. “L’épidémie de coronavirus offre une magnifique raison d’être à cette tendance lourde: une certaine obsolescence qui semble frapper les relations humaines”, poursuit-il.
“Un monde un peu pire”
Quant à l’idée de voir notre société ”[redécouvrir] le tragique, la mort, la finitude”, elle serait fausse. “La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines”, argue l’écrivain, évoquant les enterrements “en secret” et les victimes qui “se résument à une unité dans la statistique des morts quotidiennes”.
“Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus; elles n’ont fait que se manifester avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde; ce sera le même, en un peu pire”, conclut Michel Houellebecq.
Pessimisme ou lucidité? À chacun d’y lire son interprétation. Le texte déprimant de l’écrivain ne manque en tout cas pas de faire réagir les internautes sur les réseaux sociaux.
« Un virus banal (...) tantôt benin, tantôt mortel, même pas sexuellement transmissible : en somme, un virus sans qualités » texte inédit de Michel Houellebecq lu par @ATrapenard. Génial. https://t.co/EAQz0cK9O6
— Léa Salamé (@LeaSalame) May 4, 2020
S'il y en a bien un que le coronavirus ne changera pas c'est Michel Houellebecq. Cynique? Sans doute. Mais tellement lucide...malheureusement!https://t.co/txat0mIujJ
— StanislasKulaga (@StanislasKulaga) May 4, 2020
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