Vincent Van Gogh s’est éteint il y a cent trente ans, le 29 juillet 1890, une balle logée tout près du cœur. C’est long cent trente ans, le temps de voir éclater des guerres, des révolutions artistiques, le temps de marcher sur la Lune, de laisser disparaître quelques espèces et même de sentir la Terre se réchauffer dangereusement, mais ce n’est pas suffisant pour éteindre le mystère de cette mort-là. Ce geste fatal qui, comme ses toiles, ses lettres, traverse toutes les époques en ne demandant qu’une seule chose : comment vivre ?
La question est revenue nous hanter alors que l’humanité s’est immobilisée sous la pression du Covid-19. Van Gogh aussi, à sa manière. Car une découverte a été faite. Wouter van der Veen, chercheur et auteur de plusieurs livres sur le peintre, était comme tout le monde bloqué chez lui, à Strasbourg. Il avait entrepris de classer d’anciennes cartes postales qu’il avait déjà numérisées, des photos d’Auvers-sur-Oise datées des années 1910, période à laquelle le village ressemblait encore à celui où Van Gogh avait vécu ses derniers mois et peint ses dernières toiles, vingt ans plus tôt.
Même mouvement des tiges
Soudain, l’une d’elles a retenu son attention, la numéro 37, cliché en noir et blanc d’un homme de dos, à l’arrêt à côté de son vélo, sur une route bordée d’arbres, rue Daubigny, dit la carte. Wouter van der Veen s’est attardé, l’a examinée longuement, il a zoomé sur les vieux arbres à gauche, leurs racines mises à nu par l’érosion du taillis. Il pensait au dernier tableau de Van Gogh, Racines d’arbres, œuvre inachevée, dont des recherches poussées et récentes ont établi que c’était bien le dernier, celui sur lequel il travaillait encore au moment de sa mort, à 37 ans. Il l’a ouvert sur son écran. Puis il a comparé. Même mouvement des tiges. Mêmes boursouflures. Même coudes. Et si c’était cela son dernier paysage ?
Il a soumis son hypothèse aux éminences du Musée Van Gogh d’Amsterdam avec lequel il travaille depuis des années. Teio Meedendorp, l’un des responsables des recherches, se souvient de ses messages : « Appelle-moi vite, j’ai trouvé quelque chose ! » De l’extrême prudence avec laquelle lui-même a d’abord accueilli cette trouvaille : « Difficile de lier une photo à la peinture, surtout avec l’angle de celle-ci, de se fier à des paysages qui changent si vite. N’était-ce pas une coïncidence ? Mais j’aime beaucoup étudier la topographie. »
Teio Meedendorp et son acolyte du musée, Louis van Tilborgh, calculent alors les distances, les angles, les proportions, ils consultent un dendrologue, spécialiste des arbres et des végétaux ligneux, qui estime pour eux l’évolution possible des bois tel qu’ils s’entrelacent sur la carte postale. C’est la photo de l’endroit comme il existe aujourd’hui qui est finalement venue confirmer l’hypothèse, après cinq semaines d’étude. « Tout était encore là, il y a cette racine horizontale, l’arbre devant. J’étais convaincu. C’était difficile à contester », poursuit Teio Meedendorp.
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Read AgainVincent Van Gogh s’est éteint il y a cent trente ans, le 29 juillet 1890, une balle logée tout près du cœur. C’est long cent trente ans, le temps de voir éclater des guerres, des révolutions artistiques, le temps de marcher sur la Lune, de laisser disparaître quelques espèces et même de sentir la Terre se réchauffer dangereusement, mais ce n’est pas suffisant pour éteindre le mystère de cette mort-là. Ce geste fatal qui, comme ses toiles, ses lettres, traverse toutes les époques en ne demandant qu’une seule chose : comment vivre ?
La question est revenue nous hanter alors que l’humanité s’est immobilisée sous la pression du Covid-19. Van Gogh aussi, à sa manière. Car une découverte a été faite. Wouter van der Veen, chercheur et auteur de plusieurs livres sur le peintre, était comme tout le monde bloqué chez lui, à Strasbourg. Il avait entrepris de classer d’anciennes cartes postales qu’il avait déjà numérisées, des photos d’Auvers-sur-Oise datées des années 1910, période à laquelle le village ressemblait encore à celui où Van Gogh avait vécu ses derniers mois et peint ses dernières toiles, vingt ans plus tôt.
Même mouvement des tiges
Soudain, l’une d’elles a retenu son attention, la numéro 37, cliché en noir et blanc d’un homme de dos, à l’arrêt à côté de son vélo, sur une route bordée d’arbres, rue Daubigny, dit la carte. Wouter van der Veen s’est attardé, l’a examinée longuement, il a zoomé sur les vieux arbres à gauche, leurs racines mises à nu par l’érosion du taillis. Il pensait au dernier tableau de Van Gogh, Racines d’arbres, œuvre inachevée, dont des recherches poussées et récentes ont établi que c’était bien le dernier, celui sur lequel il travaillait encore au moment de sa mort, à 37 ans. Il l’a ouvert sur son écran. Puis il a comparé. Même mouvement des tiges. Mêmes boursouflures. Même coudes. Et si c’était cela son dernier paysage ?
Il a soumis son hypothèse aux éminences du Musée Van Gogh d’Amsterdam avec lequel il travaille depuis des années. Teio Meedendorp, l’un des responsables des recherches, se souvient de ses messages : « Appelle-moi vite, j’ai trouvé quelque chose ! » De l’extrême prudence avec laquelle lui-même a d’abord accueilli cette trouvaille : « Difficile de lier une photo à la peinture, surtout avec l’angle de celle-ci, de se fier à des paysages qui changent si vite. N’était-ce pas une coïncidence ? Mais j’aime beaucoup étudier la topographie. »
Teio Meedendorp et son acolyte du musée, Louis van Tilborgh, calculent alors les distances, les angles, les proportions, ils consultent un dendrologue, spécialiste des arbres et des végétaux ligneux, qui estime pour eux l’évolution possible des bois tel qu’ils s’entrelacent sur la carte postale. C’est la photo de l’endroit comme il existe aujourd’hui qui est finalement venue confirmer l’hypothèse, après cinq semaines d’étude. « Tout était encore là, il y a cette racine horizontale, l’arbre devant. J’étais convaincu. C’était difficile à contester », poursuit Teio Meedendorp.
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