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« Possessions » : Pourquoi la nouvelle série de Canal + va-t-elle vous envoûter ? - 20minutes.fr

Natalie (Nadia Tereszkiewicz) est l'héroïne de « Possessions » sur Canal +. — Vered Adir - Haut et Court TV / Quiddity / Canal+
  • Possessions, nouvelle création originale de Canal+, est diffusé ce lundi à 21h05.
  • Cette série suit Natalie, jeune française expatriée en Israël, accusée d’avoir assassiné son mari le soir de ses noces.
  • Femme perdue et vulnérable, ou redoutablement manipulatrice ? Karim (Reda Kateb), diplomate français chargé d’apporter sur place son aide à des ressortissants en difficulté, fasciné par Natalie, va s’improviser enquêteur.
  • L’autrice Valérie Zenatti, la coscénariste de cette série, décrypte ce thriller aux accents fantastiques, dont le mystère va vous hanter.

Quand le plus beau jour de sa vie vire au bain de sang. Dans la création originale franco israélienne Possessions, diffusée ce lundi sur Canal+, Natalie (la révélation Nadia Tereszkiewicz), jeune française d’origine séfarade, convole avec Eran quelque part dans le Néguev, en Israël. Comme le veut la tradition, les lumières s’éteignent lorsque les deux jeunes mariés s’apprêtent à couper la pièce montée. Lorsqu’elles se rallument, Eran gît au sol, la gorge tranchée.

« Que lui avez-vous fait ? », demande Natalie, dans sa robe blanche maculée d’hémoglobine, tenant dans sa main le couteau ensanglanté… L’Etat français dépêche le vice-consul de France (Reda ­Kateb, dans un convaincant contre-emploi) pour porter assistance à la jeune veuve, accusée d’avoir tué son époux. L’enquête commence et les téléspectateurs sont à leur tour « possédés ». Pourquoi ? Réponse en cinq arguments

« Pas uniquement le fameux "Whodunit" »

Qui a tué Eran ? Si l’enquête autour du meurtre du jeune époux sert de point de départ à l’intrigue imaginée par le scénariste israélien Shachar Magen (Sirènes) et l’autrice et scénariste Valérie Zenatti, Possessions s’avère être bien plus complexe qu’un simple polar. « Au début de l’écriture, on s’était dit qu’il ne fallait pas que ce soit uniquement le fameux "Whodunit" », raconte Valérie Zenatti à 20 Minutes.

Plus l’histoire avance, plus le mystère autour de la troublante Natalie et de son inquiétante famille s’épaissit. Il y a sa mère, (Dominique Valadié), l’angoissée et superstitieuse Rosa, son père (Tchéky Karyo), l’ambiguë et effacé Joël, ses deux sœurs (Judith Chemla et Aloïse Sauvage) et Louisa (Ariane Ascaride), l’amie de sa mère qui partage sa crainte du mauvais œil. Et la famille du marié : « Ce qui transparaît au travers les personnages israéliens, c’est une sorte de complexité brute de décoffrage », commente la scénariste.

« Adapter un mythe ancien d’Europe centrale »

« L’aventure a commencé quand Shachar Magen a rencontré les productrices de Haut et Court avec une idée qui était celle d’adapter un mythe ancien d’Europe centrale du XIXe siècle, celui du Dibbouk, et d’en faire une adaptation très libre et contemporaine », explique la scénariste française.

Dans la mythologie juive et kabbalistique, un dibbouk est un esprit ou un démon qui habite le corps d’un individu. Le meurtre d’Eran va réveiller les démons de tous ceux qui sont liés de près ou de loin au drame.

« Interroger la vision cartésienne et la vision irrationnelle »

Valérie Zenatti arrive sur le projet quelques semaines plus tard. Shachar Magen « avait besoin d’une coscénariste française. Il se trouve que je suis écrivain et scénariste. Je suis aussi bilingue français hébreu parce que j’ai passé mon adolescence en Israël à Beer-Sheva, où se déroule une partie de l’action de la série », se souvient celle qui se félicite d’avoir eu « un coup de foudre professionnel ».

Si l’histoire se déroule en Israël, en plein désert du Neguev, cette terre emplie de croyances, n’est pas un hasard. « Notre intention de départ était d’interroger la vision cartésienne et la vision irrationnelle ou mystique d’un événement », souligne la scénariste. Valérie Zenatti et Shachar Magen s’amusent à brouiller les pistes. « Le spectateur peut être pris dans ce conflit et se demander "est-ce une série réaliste ou fantastique" », analyse Valérie Zenatti.

« La rencontre entre "Rosemary’s Baby" et un western de Sergio Leone »

« On a effleuré l’idée que la série puisse se passer en France. Finalement, il nous a semblé par rapport à ses deux aspects, du rationnel et de l’irrationnel, de la tradition et de la modernité, et aussi par rapport à une forme de violence et peut-être de paranoïa, que c’était intéressant de mélanger Israël et la France », raconte la scénariste. Et d’ajouter : « Pour nous le désert est le lieu où l’on se retrouve à nu et où il n’y a pas d’échappatoire possible. » La série Possessions est hantée par les paysages désertiques du Neguev, la ville décatie de Beer-Shiva, la bande-son envoûtante de HiTnRuN et l’aura troublée d’Israël, une terre aux frontières floues, « un pays où tout est poussé à l’extrême ».

Pour le réalisateur Thomas Vincent, à qui l’on doit la mise en scène de la série Bodyguard, Possessions, c’est « la rencontre entre Rosemary’s Baby et un western de Sergio Leone ». « Rosemary’s Baby était dès le départ une des références qu’on avait en tête, tout comme Kill Bill », se rappelle Valérie Zenatti.

« Une héroïne énigmatique »

« La série se pose la question de l’identité, du rapport à qui l’on est et de ce qu’on accepte de voir en soi ou pas », résume la scénariste. Il y a le personnage de Karim, ce diplomate français campé par Reda Kateb, « avec l’histoire qu’on peut deviner, ne serait-ce que par son nom et par ce à quoi les gens le ramènent aussi », mais surtout celle de Natalie, la fascinante héroïne qui rappelle l’insaisissable Madeleine de Sueurs Froides, le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock. « C’est une jolie fille que tout le monde regarde comme telle, et sur laquelle tout le monde a des projections, mais qui reste énigmatique. Elle ne sait peut-être même pas qui elle est », analyse Valérie Zenatti. Et de poursuivre : « L’idée était de la conduire de l’énigme à la clairvoyance sur elle-même et aussi à une forme d’émancipation, elle se rebelle en quelque sorte contre les projections qu’on fait sur elle. »

Possessions questionne ainsi l’emprise des mythes et des croyances, celle des hommes sur les femmes et celle de la cellule familiale sur l’individu. Nul doute que Possessions, voyage à la fois mystique et cartésien, saura elle aussi « posséder » ses téléspectateurs.


 

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Natalie (Nadia Tereszkiewicz) est l'héroïne de « Possessions » sur Canal +. — Vered Adir - Haut et Court TV / Quiddity / Canal+
  • Possessions, nouvelle création originale de Canal+, est diffusé ce lundi à 21h05.
  • Cette série suit Natalie, jeune française expatriée en Israël, accusée d’avoir assassiné son mari le soir de ses noces.
  • Femme perdue et vulnérable, ou redoutablement manipulatrice ? Karim (Reda Kateb), diplomate français chargé d’apporter sur place son aide à des ressortissants en difficulté, fasciné par Natalie, va s’improviser enquêteur.
  • L’autrice Valérie Zenatti, la coscénariste de cette série, décrypte ce thriller aux accents fantastiques, dont le mystère va vous hanter.

Quand le plus beau jour de sa vie vire au bain de sang. Dans la création originale franco israélienne Possessions, diffusée ce lundi sur Canal+, Natalie (la révélation Nadia Tereszkiewicz), jeune française d’origine séfarade, convole avec Eran quelque part dans le Néguev, en Israël. Comme le veut la tradition, les lumières s’éteignent lorsque les deux jeunes mariés s’apprêtent à couper la pièce montée. Lorsqu’elles se rallument, Eran gît au sol, la gorge tranchée.

« Que lui avez-vous fait ? », demande Natalie, dans sa robe blanche maculée d’hémoglobine, tenant dans sa main le couteau ensanglanté… L’Etat français dépêche le vice-consul de France (Reda ­Kateb, dans un convaincant contre-emploi) pour porter assistance à la jeune veuve, accusée d’avoir tué son époux. L’enquête commence et les téléspectateurs sont à leur tour « possédés ». Pourquoi ? Réponse en cinq arguments

« Pas uniquement le fameux "Whodunit" »

Qui a tué Eran ? Si l’enquête autour du meurtre du jeune époux sert de point de départ à l’intrigue imaginée par le scénariste israélien Shachar Magen (Sirènes) et l’autrice et scénariste Valérie Zenatti, Possessions s’avère être bien plus complexe qu’un simple polar. « Au début de l’écriture, on s’était dit qu’il ne fallait pas que ce soit uniquement le fameux "Whodunit" », raconte Valérie Zenatti à 20 Minutes.

Plus l’histoire avance, plus le mystère autour de la troublante Natalie et de son inquiétante famille s’épaissit. Il y a sa mère, (Dominique Valadié), l’angoissée et superstitieuse Rosa, son père (Tchéky Karyo), l’ambiguë et effacé Joël, ses deux sœurs (Judith Chemla et Aloïse Sauvage) et Louisa (Ariane Ascaride), l’amie de sa mère qui partage sa crainte du mauvais œil. Et la famille du marié : « Ce qui transparaît au travers les personnages israéliens, c’est une sorte de complexité brute de décoffrage », commente la scénariste.

« Adapter un mythe ancien d’Europe centrale »

« L’aventure a commencé quand Shachar Magen a rencontré les productrices de Haut et Court avec une idée qui était celle d’adapter un mythe ancien d’Europe centrale du XIXe siècle, celui du Dibbouk, et d’en faire une adaptation très libre et contemporaine », explique la scénariste française.

Dans la mythologie juive et kabbalistique, un dibbouk est un esprit ou un démon qui habite le corps d’un individu. Le meurtre d’Eran va réveiller les démons de tous ceux qui sont liés de près ou de loin au drame.

« Interroger la vision cartésienne et la vision irrationnelle »

Valérie Zenatti arrive sur le projet quelques semaines plus tard. Shachar Magen « avait besoin d’une coscénariste française. Il se trouve que je suis écrivain et scénariste. Je suis aussi bilingue français hébreu parce que j’ai passé mon adolescence en Israël à Beer-Sheva, où se déroule une partie de l’action de la série », se souvient celle qui se félicite d’avoir eu « un coup de foudre professionnel ».

Si l’histoire se déroule en Israël, en plein désert du Neguev, cette terre emplie de croyances, n’est pas un hasard. « Notre intention de départ était d’interroger la vision cartésienne et la vision irrationnelle ou mystique d’un événement », souligne la scénariste. Valérie Zenatti et Shachar Magen s’amusent à brouiller les pistes. « Le spectateur peut être pris dans ce conflit et se demander "est-ce une série réaliste ou fantastique" », analyse Valérie Zenatti.

« La rencontre entre "Rosemary’s Baby" et un western de Sergio Leone »

« On a effleuré l’idée que la série puisse se passer en France. Finalement, il nous a semblé par rapport à ses deux aspects, du rationnel et de l’irrationnel, de la tradition et de la modernité, et aussi par rapport à une forme de violence et peut-être de paranoïa, que c’était intéressant de mélanger Israël et la France », raconte la scénariste. Et d’ajouter : « Pour nous le désert est le lieu où l’on se retrouve à nu et où il n’y a pas d’échappatoire possible. » La série Possessions est hantée par les paysages désertiques du Neguev, la ville décatie de Beer-Shiva, la bande-son envoûtante de HiTnRuN et l’aura troublée d’Israël, une terre aux frontières floues, « un pays où tout est poussé à l’extrême ».

Pour le réalisateur Thomas Vincent, à qui l’on doit la mise en scène de la série Bodyguard, Possessions, c’est « la rencontre entre Rosemary’s Baby et un western de Sergio Leone ». « Rosemary’s Baby était dès le départ une des références qu’on avait en tête, tout comme Kill Bill », se rappelle Valérie Zenatti.

« Une héroïne énigmatique »

« La série se pose la question de l’identité, du rapport à qui l’on est et de ce qu’on accepte de voir en soi ou pas », résume la scénariste. Il y a le personnage de Karim, ce diplomate français campé par Reda Kateb, « avec l’histoire qu’on peut deviner, ne serait-ce que par son nom et par ce à quoi les gens le ramènent aussi », mais surtout celle de Natalie, la fascinante héroïne qui rappelle l’insaisissable Madeleine de Sueurs Froides, le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock. « C’est une jolie fille que tout le monde regarde comme telle, et sur laquelle tout le monde a des projections, mais qui reste énigmatique. Elle ne sait peut-être même pas qui elle est », analyse Valérie Zenatti. Et de poursuivre : « L’idée était de la conduire de l’énigme à la clairvoyance sur elle-même et aussi à une forme d’émancipation, elle se rebelle en quelque sorte contre les projections qu’on fait sur elle. »

Possessions questionne ainsi l’emprise des mythes et des croyances, celle des hommes sur les femmes et celle de la cellule familiale sur l’individu. Nul doute que Possessions, voyage à la fois mystique et cartésien, saura elle aussi « posséder » ses téléspectateurs.


 

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