Elle fait débat régulièrement, au moins tous les trois ans lorsqu'elle est renégociée, et se veut protectrice du monde du cinéma. Mais à mesure que les plateformes de streaming mondiales et américaines ont débarqué, la chronologie des médias a davantage évolué, pour adopter une attitude aujourd'hui protectionniste du cinéma français. En témoigne la cinquième version de cet encadrement de la diffusion des films, signée en ce début de semaine, qui essaie de contenir l'explosion des géants de la SVoD.
Canal+ grapille deux mois…
Rappelons d'abord que la chronologie des médias consiste à déterminer un calendrier de diffusion des œuvres cinématographiques après leur sortie au cinéma. Autrement dit : elle donne les délais à respecter entre la sortie d'un film dans les salles obscures et sa diffusion à la télévision ou en SVoD.
Et le grand gagnant de la nouvelle chronologie des médias, signée ce lundi, est français, et il s'agit évidemment de Canal+. La chaîne cryptée, qui a accepté, en décembre dernier, d'investir encore plus d'argent dans le cinéma (à hauteur de 190 millions d'euros par an), se voit récompensée en obtenant ce qu'elle désirait : une plus grande exposition vis-à-vis des grandes plateformes de streaming, avec lesquelles elle a pourtant noué des partenariats de distribution ces derniers mois.
Désormais, Canal+ pourra diffuser les films qu'elle préfinance seulement 6 mois après leur sortie au cinéma. Jusqu'à maintenant, la chaîne payante devait attendre 8 mois. Il ne faut pas oublier, au passage, les sorties en DVD ou VoD, prévues 4 mois après la sortie d'un film en salles, 3 si celui-ci n'a pas attiré beaucoup de spectateurs. On ne sait pas, pour l'heure, si ce délai sera réduit. D'autres pays l'ont fait, en raison de la pandémie, en l'abaissant à 45 jours, soit un mois et demi.
Netflix, qui a franchi le cap des 220 millions d'abonnés dans le monde , est l'autre grand vainqueur de cette chronologie des médias new look. Le service de streaming américain, qui approcherait des 10 millions d'abonnements payants en France, devra attendre 15 mois pour diffuser des films sortis au cinéma. En échange, il devra investir entre 20 et 30 millions d'euros par an dans le cinéma français, et financer plus précisément des films à plus faible budget. La plateforme obtiendra un ticket de diffusion valant 7 mois pour les films tirés du cinéma diffusés sur sa plateforme.
…et Netflix aura un temps d'avance sur ses principaux concurrents
15 mois pour Netflix, 7 pour Canal+, en quoi le géant américain peut-il être considéré comme un « gagnant » nous demanderez-vous ? Et ce serait une très bonne question ! En fait, là où Netflix a bien mené sa barque, c'est lorsqu'on prend en compte sa situation en comparaison de celles de ses concurrents directs. Car en effet, Prime Video (Amazon) et Disney+ , qui sont les véritables plateformes concurrentes de Netflix, devront attendre non pas 15 mois mais 17 mois pour diffuser des films sortis au cinéma.
Cette différence de deux mois est notable, mais il ne faut pas oublier que si une plateforme de streaming veut contourner l'accord, il lui suffira de ne pas sortir en salles un film, et de le proposer directement sur sa plateforme, comme cela est déjà arrivé avec la pandémie. Des « exclusivités » qui se heurtent directement au principe du cinéma, mais chaque plateforme reste souveraine.
Imbroglio autour des chaînes TV gratuites
Reste à aborder la question des chaînes de télévision gratuites. Qu'elles soient publiques ou privées (donc TF1, France 2, France 3, M6, Arte etc.), elles devront attendre 22 mois après la sortie d'un film en salle. On ne peut pas dire donc qu'elles soient franchement favorisées. Mais, car il y a toujours un « mais », elles sont parvenues à obtenir, sous la houlette de TF1, un petit avantage dans le temps.
En effet, du 22e mois après diffusion au cinéma jusqu'au 36e mois, les chaînes de télévision auront l'exclusivité sur les films diffusés. Oui, « l'exclusivité », ce qui signifie que durant ce laps de 14 mois, Netflix, Prime Video, Disney+ et consorts devront retirer de leur catalogue les films qu'ils pouvaient jusque-là diffuser. Un casse-tête monumental, qui n'enchante guère les grandes plateformes.
Encore une fois, il pourra y avoir certaines exceptions. Rien n'empêchera en effet certaines plateformes et chaînes de télévision de conclure des accords bilatéraux valant pour un ou plusieurs films, afin d'assurer une co-diffusion.
Ces nouvelles règles doivent théoriquement entrer en vigueur le 10 février 2022, puisque c'est à cette date que prend fin l'accord actuel. Elles resteront valables jusqu'en 2025, ce qui d'ailleurs ne fait pas les affaires de Warner Bros – la plateforme de WarnerMedia, HBOMax, ne devant débouler en France qu'en 2023 au mieux.
La nouvelle chronologie des médias (2022-2025)
- 6 mois après la sortie d'un film au cinéma pour Canal,
- 15 mois après pour Netflix,
- 17 mois après pour Disney+ et Prime Video,
- 22 mois après (avec exclusivité jusqu'au 36e mois), pour les chaînes de télévision privées et publiques.
Source : l'Opinion
Elle fait débat régulièrement, au moins tous les trois ans lorsqu'elle est renégociée, et se veut protectrice du monde du cinéma. Mais à mesure que les plateformes de streaming mondiales et américaines ont débarqué, la chronologie des médias a davantage évolué, pour adopter une attitude aujourd'hui protectionniste du cinéma français. En témoigne la cinquième version de cet encadrement de la diffusion des films, signée en ce début de semaine, qui essaie de contenir l'explosion des géants de la SVoD.
Canal+ grapille deux mois…
Rappelons d'abord que la chronologie des médias consiste à déterminer un calendrier de diffusion des œuvres cinématographiques après leur sortie au cinéma. Autrement dit : elle donne les délais à respecter entre la sortie d'un film dans les salles obscures et sa diffusion à la télévision ou en SVoD.
Et le grand gagnant de la nouvelle chronologie des médias, signée ce lundi, est français, et il s'agit évidemment de Canal+. La chaîne cryptée, qui a accepté, en décembre dernier, d'investir encore plus d'argent dans le cinéma (à hauteur de 190 millions d'euros par an), se voit récompensée en obtenant ce qu'elle désirait : une plus grande exposition vis-à-vis des grandes plateformes de streaming, avec lesquelles elle a pourtant noué des partenariats de distribution ces derniers mois.
Désormais, Canal+ pourra diffuser les films qu'elle préfinance seulement 6 mois après leur sortie au cinéma. Jusqu'à maintenant, la chaîne payante devait attendre 8 mois. Il ne faut pas oublier, au passage, les sorties en DVD ou VoD, prévues 4 mois après la sortie d'un film en salles, 3 si celui-ci n'a pas attiré beaucoup de spectateurs. On ne sait pas, pour l'heure, si ce délai sera réduit. D'autres pays l'ont fait, en raison de la pandémie, en l'abaissant à 45 jours, soit un mois et demi.
Netflix, qui a franchi le cap des 220 millions d'abonnés dans le monde , est l'autre grand vainqueur de cette chronologie des médias new look. Le service de streaming américain, qui approcherait des 10 millions d'abonnements payants en France, devra attendre 15 mois pour diffuser des films sortis au cinéma. En échange, il devra investir entre 20 et 30 millions d'euros par an dans le cinéma français, et financer plus précisément des films à plus faible budget. La plateforme obtiendra un ticket de diffusion valant 7 mois pour les films tirés du cinéma diffusés sur sa plateforme.
…et Netflix aura un temps d'avance sur ses principaux concurrents
15 mois pour Netflix, 7 pour Canal+, en quoi le géant américain peut-il être considéré comme un « gagnant » nous demanderez-vous ? Et ce serait une très bonne question ! En fait, là où Netflix a bien mené sa barque, c'est lorsqu'on prend en compte sa situation en comparaison de celles de ses concurrents directs. Car en effet, Prime Video (Amazon) et Disney+ , qui sont les véritables plateformes concurrentes de Netflix, devront attendre non pas 15 mois mais 17 mois pour diffuser des films sortis au cinéma.
Cette différence de deux mois est notable, mais il ne faut pas oublier que si une plateforme de streaming veut contourner l'accord, il lui suffira de ne pas sortir en salles un film, et de le proposer directement sur sa plateforme, comme cela est déjà arrivé avec la pandémie. Des « exclusivités » qui se heurtent directement au principe du cinéma, mais chaque plateforme reste souveraine.
Imbroglio autour des chaînes TV gratuites
Reste à aborder la question des chaînes de télévision gratuites. Qu'elles soient publiques ou privées (donc TF1, France 2, France 3, M6, Arte etc.), elles devront attendre 22 mois après la sortie d'un film en salle. On ne peut pas dire donc qu'elles soient franchement favorisées. Mais, car il y a toujours un « mais », elles sont parvenues à obtenir, sous la houlette de TF1, un petit avantage dans le temps.
En effet, du 22e mois après diffusion au cinéma jusqu'au 36e mois, les chaînes de télévision auront l'exclusivité sur les films diffusés. Oui, « l'exclusivité », ce qui signifie que durant ce laps de 14 mois, Netflix, Prime Video, Disney+ et consorts devront retirer de leur catalogue les films qu'ils pouvaient jusque-là diffuser. Un casse-tête monumental, qui n'enchante guère les grandes plateformes.
Encore une fois, il pourra y avoir certaines exceptions. Rien n'empêchera en effet certaines plateformes et chaînes de télévision de conclure des accords bilatéraux valant pour un ou plusieurs films, afin d'assurer une co-diffusion.
Ces nouvelles règles doivent théoriquement entrer en vigueur le 10 février 2022, puisque c'est à cette date que prend fin l'accord actuel. Elles resteront valables jusqu'en 2025, ce qui d'ailleurs ne fait pas les affaires de Warner Bros – la plateforme de WarnerMedia, HBOMax, ne devant débouler en France qu'en 2023 au mieux.
La nouvelle chronologie des médias (2022-2025)
- 6 mois après la sortie d'un film au cinéma pour Canal,
- 15 mois après pour Netflix,
- 17 mois après pour Disney+ et Prime Video,
- 22 mois après (avec exclusivité jusqu'au 36e mois), pour les chaînes de télévision privées et publiques.
Source : l'Opinion
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