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Jérôme Commandeur, réalisateur d"Irréductible" : "Je veux faire marrer avec des thèmes qui grattent un peu" - Le Journal du dimanche

Après avoir co-réalisé Ma Famille t'adore déjà (2016), l'humoriste et comédien Jérôme Commandeur a été sacré samedi au Festival international du film de comédie de l'Alpe-d'Huez pour son premier film comme réalisateur. Irréductible raconte l'histoire de Vincent Peltier, un employé aux Eaux et Forêts à Limoges, victime d'un écrémage de la fonction publique. Il refuse de perdre son statut, plus par goût du confort d'un travail "garanti à vie" que par véritable dévotion à sa mission de service public. Une inspectrice trop zélée (Pascale Arbillot) décide de le muter dans les pires endroits du monde pour l'inciter à accepter son (maigre) chèque de départ. Première destination : le Groenland pour protéger les chercheurs d'une base scientifique contre les attaques d'ours blanc…

Lire aussi - Jérôme Commandeur sacré avec "Irréductible" au Festival de l'Alpe-d'Huez

A la fois devant et derrière la caméra, Jérôme Commandeur signe un film réjouissant, loin des sentiers balisés, qui mêle habilement comédie romantique et d'aventure, satire sociale et politique avec des apparitions savoureuses de Valérie Lemercier, Gérard Depardieu et Christian Clavier en syndicaliste irréductible. Interview.  

On vous a senti tendu avant la projection de votre film mercredi soir…
C'est à cause du succès du festival! L'Alpe d'Huez est un rendez-vous tellement incontournable pour tous les professionnels de la profession : distributeurs, acheteurs, chaines télé… Je suis déjà venu quatre fois au Festival, mais c'est ma première en tant que réalisateur. Alors forcément, quand je suis rentré dans la salle, j'avais la pression. Ce festival est un formidable outil pour promouvoir la comédie dans toute sa richesse. Avoir son film sélectionné est déjà une petite victoire. 

Pourquoi avoir choisi de faire un remake du film italien Quo Vado?
Pour une raison toute simple : je l'ai adoré. J'ai repris l'histoire de ce fonctionnaire muté contre son gré, mais je l'ai adapté au contexte français de 2022. Je l'ai nourri de thèmes dans l'air du temps : la mixité, un peu de MeToo, les migrants, le déclassement, les enjeux écologiques, mais sans jouer les donneurs de leçons. Je me contente de faire des constats. Le public déteste que l'on lui dise ce qu'il doit faire ou penser. Ce n'est pas du tout mon envie ni le rôle d'un humoriste.

"

Quand j'arrivais pour jouer une scène, j'étais encombré de plein de soucis de budget, de météo, de planning, de plans de tournages qui changent

"

Vous aviez déjà co-réalisé le film Ma Famille t'adore déjà. Là, vous vouliez être le seul pilote à bord?
Oui, mais je me suis entouré de grands professionnels, je pense notamment au chef opérateur Nicolas Massart et à Stéphane Rozenbaum, un chef décorateur doublement césarisé pour L'Ecume des Jours et La Belle Epoque. J'aime bien cette formule : "Il faut toujours être le moins bon de son équipe." C'est peut-être prétentieux, mais j'avais l'ambition de proposer du cinéma, avec cette idée que l'on va au spectacle, comme l'on va au théâtre. J'adore l'idée que mes deux corps de métiers soient de faire venir les gens en salles, que ce soit pour un film ou un one-man-show. 

Vous êtes quasiment dans tous les plans du film. La double casquette réalisateur-acteur n'a pas été trop lourde à porter?
C'est une gymnastique intellectuelle et elle n'est pas toujours simple. Le tournage s'est déroulé entre septembre et décembre 2020 donc c'était sportif. Quand j'arrivais pour jouer une scène, j'étais encombré de plein de soucis de budget, de météo, de planning, de plans de tournages qui changent… Bref, je n'avais pas la sérénité d'un comédien que l'on a bichonné dans sa loge. Donc je pouvais être un peu crevé, un peu énervé, voir irritable au moment de jouer tellement j'avais la tête pleine. Mais au final, être dans cette énergie de tension fut positif. Elle m'a même permis de servir mon rôle et de nourrir mon personnage dont les aventures sont loin d'être de tout repos.  

"

Il n'y a chez moi aucune velléité de faire du mal ou de blesser

"

Avec ce film, vous brocardez les fonctionnaires. Vous n'avez pas peur de vous mettre toute la fonction publique à dos?
J'ai vu plein de fonctionnaires lors des avant-premières qui m'ont dit : "Tu n'est pas allé assez loin, c'est pire que ça." Après, je suis bien plus féroce avec les politiques, notamment le ministre arriviste libidineux incarné par Gérard Darmon. Je raconte quand même l'histoire d'une réforme qui tombe du sommet de l'Etat pour mettre sur la paille des bataillons de fonctionnaires. Alors oui, mon personnage trafique du pâté en croute et du cognac, mais cela reste sympathique, je n'en fais pas un truand. Après, je le dis, je le redis, comme tous les artistes de comédie le répètent du matin au soir parce que ça n'imprime pas : l'humour, ce n'est pas grave. On est des cancres. Et que faisait le cancre en classe? Il envoyait des boulettes de papier à l'élève qui voulait travailler, il imitait le prof, il baissait son froc… C'est notre fonction.

Et vous étiez un cancre?
Je n'étais pas dans les premiers, c'est certain. Plus sérieusement, il n'y a chez moi aucune velléité de faire du mal ou de blesser. Je veux juste faire marrer en prenant des thèmes qui grattent un peu. Après, si des gens sont un peu bousculés, choqués, ce n'est pas un drame.

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Après avoir co-réalisé Ma Famille t'adore déjà (2016), l'humoriste et comédien Jérôme Commandeur a été sacré samedi au Festival international du film de comédie de l'Alpe-d'Huez pour son premier film comme réalisateur. Irréductible raconte l'histoire de Vincent Peltier, un employé aux Eaux et Forêts à Limoges, victime d'un écrémage de la fonction publique. Il refuse de perdre son statut, plus par goût du confort d'un travail "garanti à vie" que par véritable dévotion à sa mission de service public. Une inspectrice trop zélée (Pascale Arbillot) décide de le muter dans les pires endroits du monde pour l'inciter à accepter son (maigre) chèque de départ. Première destination : le Groenland pour protéger les chercheurs d'une base scientifique contre les attaques d'ours blanc…

Lire aussi - Jérôme Commandeur sacré avec "Irréductible" au Festival de l'Alpe-d'Huez

A la fois devant et derrière la caméra, Jérôme Commandeur signe un film réjouissant, loin des sentiers balisés, qui mêle habilement comédie romantique et d'aventure, satire sociale et politique avec des apparitions savoureuses de Valérie Lemercier, Gérard Depardieu et Christian Clavier en syndicaliste irréductible. Interview.  

On vous a senti tendu avant la projection de votre film mercredi soir…
C'est à cause du succès du festival! L'Alpe d'Huez est un rendez-vous tellement incontournable pour tous les professionnels de la profession : distributeurs, acheteurs, chaines télé… Je suis déjà venu quatre fois au Festival, mais c'est ma première en tant que réalisateur. Alors forcément, quand je suis rentré dans la salle, j'avais la pression. Ce festival est un formidable outil pour promouvoir la comédie dans toute sa richesse. Avoir son film sélectionné est déjà une petite victoire. 

Pourquoi avoir choisi de faire un remake du film italien Quo Vado?
Pour une raison toute simple : je l'ai adoré. J'ai repris l'histoire de ce fonctionnaire muté contre son gré, mais je l'ai adapté au contexte français de 2022. Je l'ai nourri de thèmes dans l'air du temps : la mixité, un peu de MeToo, les migrants, le déclassement, les enjeux écologiques, mais sans jouer les donneurs de leçons. Je me contente de faire des constats. Le public déteste que l'on lui dise ce qu'il doit faire ou penser. Ce n'est pas du tout mon envie ni le rôle d'un humoriste.

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Quand j'arrivais pour jouer une scène, j'étais encombré de plein de soucis de budget, de météo, de planning, de plans de tournages qui changent

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Vous aviez déjà co-réalisé le film Ma Famille t'adore déjà. Là, vous vouliez être le seul pilote à bord?
Oui, mais je me suis entouré de grands professionnels, je pense notamment au chef opérateur Nicolas Massart et à Stéphane Rozenbaum, un chef décorateur doublement césarisé pour L'Ecume des Jours et La Belle Epoque. J'aime bien cette formule : "Il faut toujours être le moins bon de son équipe." C'est peut-être prétentieux, mais j'avais l'ambition de proposer du cinéma, avec cette idée que l'on va au spectacle, comme l'on va au théâtre. J'adore l'idée que mes deux corps de métiers soient de faire venir les gens en salles, que ce soit pour un film ou un one-man-show. 

Vous êtes quasiment dans tous les plans du film. La double casquette réalisateur-acteur n'a pas été trop lourde à porter?
C'est une gymnastique intellectuelle et elle n'est pas toujours simple. Le tournage s'est déroulé entre septembre et décembre 2020 donc c'était sportif. Quand j'arrivais pour jouer une scène, j'étais encombré de plein de soucis de budget, de météo, de planning, de plans de tournages qui changent… Bref, je n'avais pas la sérénité d'un comédien que l'on a bichonné dans sa loge. Donc je pouvais être un peu crevé, un peu énervé, voir irritable au moment de jouer tellement j'avais la tête pleine. Mais au final, être dans cette énergie de tension fut positif. Elle m'a même permis de servir mon rôle et de nourrir mon personnage dont les aventures sont loin d'être de tout repos.  

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Il n'y a chez moi aucune velléité de faire du mal ou de blesser

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Avec ce film, vous brocardez les fonctionnaires. Vous n'avez pas peur de vous mettre toute la fonction publique à dos?
J'ai vu plein de fonctionnaires lors des avant-premières qui m'ont dit : "Tu n'est pas allé assez loin, c'est pire que ça." Après, je suis bien plus féroce avec les politiques, notamment le ministre arriviste libidineux incarné par Gérard Darmon. Je raconte quand même l'histoire d'une réforme qui tombe du sommet de l'Etat pour mettre sur la paille des bataillons de fonctionnaires. Alors oui, mon personnage trafique du pâté en croute et du cognac, mais cela reste sympathique, je n'en fais pas un truand. Après, je le dis, je le redis, comme tous les artistes de comédie le répètent du matin au soir parce que ça n'imprime pas : l'humour, ce n'est pas grave. On est des cancres. Et que faisait le cancre en classe? Il envoyait des boulettes de papier à l'élève qui voulait travailler, il imitait le prof, il baissait son froc… C'est notre fonction.

Et vous étiez un cancre?
Je n'étais pas dans les premiers, c'est certain. Plus sérieusement, il n'y a chez moi aucune velléité de faire du mal ou de blesser. Je veux juste faire marrer en prenant des thèmes qui grattent un peu. Après, si des gens sont un peu bousculés, choqués, ce n'est pas un drame.

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