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« Les Hautes Herbes », sur Arte : un conte d'été doublé d'un thriller minimaliste - Le Monde

Jules (Antonin Chaussoy), dans la série « Les Hautes Herbes » de Jérôme Bonnell.

Les Hautes Herbes n’ont finalement de série que le nom. Le découpage en trois parties de ce qui aurait pu être un film de télévision – les trois épisodes sont d’ailleurs diffusés à la suite – ne semble avoir d’autre raison que de ménager un bref instant de respiration, juste le temps de se dire que, oui, cela vaut le coup de continuer à regarder. La mini-série de Jérôme Bonnell ressuscite en cela une forme de soirée télé à l’ancienne, et c’est ici un compliment.

Pour raconter cette histoire de meurtre dans une petite ville de Touraine, le cinéaste convoque discrètement les fantômes du Grand Chemin et de L’Effrontée, et pose sa caméra à hauteur d’enfant. Jules, un garçon taciturne, est confié aux bons soins d’un jeune couple pendant que sa mère se remet d’un grave accident de la route. Lucile est journaliste et couvre la fermeture d’une usine qui nourrit la colère des « gilets jaunes » locaux. C’est l’été, elle inscrit Jules au club de foot pour l’occuper pendant qu’elle travaille. Son taiseux de mari, Glenn, a quitté la police après la mort de son père et meuble ses journées en vidant la maison familiale. D’abord ombrageux, il se laisse finalement attendrir par l’enfant.

Jérôme Bonnell a eu l’excellente idée de confier ces rôles à deux acteurs surdoués mais dont le visage n’est pas familier du public. Louise Chevillotte (découverte dans L’Amant d’un jour, de Philippe Garrel) donne à son personnage de jeune mariée à peine sortie de l’adolescence l’aplomb d’une mère de famille. Dans le rôle de Glenn, Jonathan Couzinié déconstruit subtilement la figure du beau ténébreux.

Épaisseur des personnages

Le fragile équilibre de cette famille éphémère est ébranlé par la disparition de Mounir, un saisonnier dont personne ne se souciait jusqu’à ce que la mère de Lucile, Eve (Emmanuelle Devos, parfaite en bourgeoise opiniâtre), ne pousse la police à enquêter. Le conte d’été se transforme alors en un thriller minimaliste sur fond de violence sociale et de rivalités familiales.

Mais l’épaisseur des personnages, y compris secondaires – India Hair en garde champêtre sensuelle, Lazare Gousseau en hurluberlu dépressif et alcoolique –, empêche, d’une certaine façon, que l’on s’intéresse à l’intrigue. D’ailleurs, le dénouement ne convaincra pas forcément : trop peu d’indices ont été semés et la série perd de son pouvoir de fascination lorsqu’elle s’ouvre à la violence physique. Mais il faut bien conclure, et c’est dommage, car on aurait bien passé un peu plus de temps avec ces comédiens que Jérôme Bonnell dirige avec beaucoup de soin et de justesse.

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Jules (Antonin Chaussoy), dans la série « Les Hautes Herbes » de Jérôme Bonnell.

Les Hautes Herbes n’ont finalement de série que le nom. Le découpage en trois parties de ce qui aurait pu être un film de télévision – les trois épisodes sont d’ailleurs diffusés à la suite – ne semble avoir d’autre raison que de ménager un bref instant de respiration, juste le temps de se dire que, oui, cela vaut le coup de continuer à regarder. La mini-série de Jérôme Bonnell ressuscite en cela une forme de soirée télé à l’ancienne, et c’est ici un compliment.

Pour raconter cette histoire de meurtre dans une petite ville de Touraine, le cinéaste convoque discrètement les fantômes du Grand Chemin et de L’Effrontée, et pose sa caméra à hauteur d’enfant. Jules, un garçon taciturne, est confié aux bons soins d’un jeune couple pendant que sa mère se remet d’un grave accident de la route. Lucile est journaliste et couvre la fermeture d’une usine qui nourrit la colère des « gilets jaunes » locaux. C’est l’été, elle inscrit Jules au club de foot pour l’occuper pendant qu’elle travaille. Son taiseux de mari, Glenn, a quitté la police après la mort de son père et meuble ses journées en vidant la maison familiale. D’abord ombrageux, il se laisse finalement attendrir par l’enfant.

Jérôme Bonnell a eu l’excellente idée de confier ces rôles à deux acteurs surdoués mais dont le visage n’est pas familier du public. Louise Chevillotte (découverte dans L’Amant d’un jour, de Philippe Garrel) donne à son personnage de jeune mariée à peine sortie de l’adolescence l’aplomb d’une mère de famille. Dans le rôle de Glenn, Jonathan Couzinié déconstruit subtilement la figure du beau ténébreux.

Épaisseur des personnages

Le fragile équilibre de cette famille éphémère est ébranlé par la disparition de Mounir, un saisonnier dont personne ne se souciait jusqu’à ce que la mère de Lucile, Eve (Emmanuelle Devos, parfaite en bourgeoise opiniâtre), ne pousse la police à enquêter. Le conte d’été se transforme alors en un thriller minimaliste sur fond de violence sociale et de rivalités familiales.

Mais l’épaisseur des personnages, y compris secondaires – India Hair en garde champêtre sensuelle, Lazare Gousseau en hurluberlu dépressif et alcoolique –, empêche, d’une certaine façon, que l’on s’intéresse à l’intrigue. D’ailleurs, le dénouement ne convaincra pas forcément : trop peu d’indices ont été semés et la série perd de son pouvoir de fascination lorsqu’elle s’ouvre à la violence physique. Mais il faut bien conclure, et c’est dommage, car on aurait bien passé un peu plus de temps avec ces comédiens que Jérôme Bonnell dirige avec beaucoup de soin et de justesse.

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