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Stromae de retour sur scène à Bruxelles, entre traumas, hymnes festifs et robots - Le Monde

Le chanteur Stromae en concert au Palais 12 à Bruxelles, le 22 février 2022.

Il était bien précisé que le concert ne durerait qu’une heure. Cela n’avait pas empêché 9 000 personnes de se précipiter lors de la mise en vente des billets pour remplir, en moins de dix minutes, le Palais 12, l’une des grandes salles de spectacle de la périphérie de Bruxelles, dans laquelle Stromae avait choisi de faire son retour sur scène, mardi 22 février. Des retrouvailles avec sa ville natale, en forme de showcase d’échauffement, avant deux autres « avant-premières », à l’AccorHotels Arena de Paris, jeudi 24 février, et à l’Afas Live d’Amsterdam, dimanche 27, la semaine précédant la sortie d’un troisième album, Multitude, orchestrant minutieusement les attentes des fans, près de neuf ans après le triomphe de son prédécesseur, Racine carrée (2013). En attendant une saison de festivals, dès le 16 avril, en haut de l’affiche du prestigieux Coachella (à Indio, Californie), et une soixantaine de dates qui le mèneront dans les plus grandes arènes jusqu’à fin 2023.

« Tant que je suis en vie/ Je suis invaincu. » Porté par des boucles de chœurs africains et une énergie combative, le titre inédit (Invaincu) qui introduit le concert rappelle que ce come-back n’est pas allé de soi. Epuisé physiquement et mentalement par la tournée Racine carrée, achevée en 2015, Paul Van Haver a connu la spirale dépressive du burn out (accentué par les effets indésirables d’un antipaludique). Il remonte aujourd’hui sur le ring avec des chansons qui semblent souvent imprégnées de ces épreuves. A l’instar de L’Enfer, confiant ce qu’avaient été les « envies suicidaires » de son auteur, dans un piano-voix s’enrayant de grincements synthétiques. Dévoilé il y a quelques semaines lors d’une interview « chantée », mise en scène au « 20 heures » de TF1, le morceau est repris en chœur par le public bruxellois.

Coécrites avec son complice Orelsan – qui, ce même 22 février, inaugurait sa nouvelle tournée par un concert au Zénith de Caen –, deux chansons symétriques (Mauvaise journée/Bonne journée) complètent cette chronique de la déprime en décrivant une même journée sous deux angles d’humeur. Stromae chantant ces nouveaux morceaux alternativement affalé et sautillant dans un fauteuil.

Technologie déshumanisante

Effet, peut-être, de cette neurasthénie, le chanteur, né d’un père rwandais et d’une mère flamande, a choisi une scénographie qui constate l’omniprésence déshumanisante de la technologie. Alignés telle une version belge de Kraftwerk, ses quatre musiciens portent la même chemise blanche à jabot et lavallière noire que lui et semblent chacun piloter la même énorme console informatique. Derrière eux s’agitent l’avatar de Stromae créé par le studio d’animation bruxellois nWave Pictures, et aussi des écrans et des panneaux déplacés par une impressionnante cohorte de robots, suggérant que la production de spectacles connaîtra bientôt le même avenir mécanisé que l’industrie automobile. Un amusant chien robot vient également remplacer le meilleur ami de l’homme dans un sketch d’avant-morceau.

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Le chanteur Stromae en concert au Palais 12 à Bruxelles, le 22 février 2022.

Il était bien précisé que le concert ne durerait qu’une heure. Cela n’avait pas empêché 9 000 personnes de se précipiter lors de la mise en vente des billets pour remplir, en moins de dix minutes, le Palais 12, l’une des grandes salles de spectacle de la périphérie de Bruxelles, dans laquelle Stromae avait choisi de faire son retour sur scène, mardi 22 février. Des retrouvailles avec sa ville natale, en forme de showcase d’échauffement, avant deux autres « avant-premières », à l’AccorHotels Arena de Paris, jeudi 24 février, et à l’Afas Live d’Amsterdam, dimanche 27, la semaine précédant la sortie d’un troisième album, Multitude, orchestrant minutieusement les attentes des fans, près de neuf ans après le triomphe de son prédécesseur, Racine carrée (2013). En attendant une saison de festivals, dès le 16 avril, en haut de l’affiche du prestigieux Coachella (à Indio, Californie), et une soixantaine de dates qui le mèneront dans les plus grandes arènes jusqu’à fin 2023.

« Tant que je suis en vie/ Je suis invaincu. » Porté par des boucles de chœurs africains et une énergie combative, le titre inédit (Invaincu) qui introduit le concert rappelle que ce come-back n’est pas allé de soi. Epuisé physiquement et mentalement par la tournée Racine carrée, achevée en 2015, Paul Van Haver a connu la spirale dépressive du burn out (accentué par les effets indésirables d’un antipaludique). Il remonte aujourd’hui sur le ring avec des chansons qui semblent souvent imprégnées de ces épreuves. A l’instar de L’Enfer, confiant ce qu’avaient été les « envies suicidaires » de son auteur, dans un piano-voix s’enrayant de grincements synthétiques. Dévoilé il y a quelques semaines lors d’une interview « chantée », mise en scène au « 20 heures » de TF1, le morceau est repris en chœur par le public bruxellois.

Coécrites avec son complice Orelsan – qui, ce même 22 février, inaugurait sa nouvelle tournée par un concert au Zénith de Caen –, deux chansons symétriques (Mauvaise journée/Bonne journée) complètent cette chronique de la déprime en décrivant une même journée sous deux angles d’humeur. Stromae chantant ces nouveaux morceaux alternativement affalé et sautillant dans un fauteuil.

Technologie déshumanisante

Effet, peut-être, de cette neurasthénie, le chanteur, né d’un père rwandais et d’une mère flamande, a choisi une scénographie qui constate l’omniprésence déshumanisante de la technologie. Alignés telle une version belge de Kraftwerk, ses quatre musiciens portent la même chemise blanche à jabot et lavallière noire que lui et semblent chacun piloter la même énorme console informatique. Derrière eux s’agitent l’avatar de Stromae créé par le studio d’animation bruxellois nWave Pictures, et aussi des écrans et des panneaux déplacés par une impressionnante cohorte de robots, suggérant que la production de spectacles connaîtra bientôt le même avenir mécanisé que l’industrie automobile. Un amusant chien robot vient également remplacer le meilleur ami de l’homme dans un sketch d’avant-morceau.

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