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Le monde littéraire réagit à la violente agression de Salman Rushdie : « Attaquer les écrivains ne les fait pas taire. Cela ne fait qu'amplifier leur voix » - Le Monde

Salman Rushdie au Mexique, an octobre 2014.

Certains sont des proches. D’autres, simplement, observent depuis des années ce qui se trame autour de lui, et sa propre résistance à la menace qui le poursuit depuis la fatwa lancée par l’ayatollah Khomeyni, le 14 février 1989. Tous, écrivains, essayistes, en France, au Royaume-Uni, en Inde, en Turquie ou aux Etats-Unis, racontent au Monde le bouleversement intime autant que politique que représente pour eux l’attaque subie par Salman Rushdie, vendredi 12 août, à Chautauqua (New York).

Saisis, inquiets – malgré les nouvelles rassurantes qui, progressivement, ont commencé à se faire jour durant le week-end –, ils se montrent d’abord frappés par les circonstances du drame. « C’est incroyable que cela lui soit arrivé lors d’une conférence sur scène, parce que c’est là qu’il est à son meilleur : devant un large public. On voit alors à quel point il est aiguisé, drôle, brillant », note ainsi le romancier américain Gary Shteyngart, ami de l’auteur des Versets sataniques (Bourgois, 1989) « depuis une dizaine d’années », précise-t-il.

Son éditrice actuelle en France, Françoise Nyssen, présidente du directoire des éditions Actes Sud, sait, quant à elle, qu’elle n’oubliera pas l’instant exact où elle a appris la nouvelle : « J’étais dans une librairie, pour assister à une rencontre entre [l’écrivain ukrainien] Andreï Kourkov et [le traducteur] André Markowicz. Le sujet – vous vous rendez compte de l’ironie du sort – était la paix, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine, bien sûr. La rencontre venait de débuter quand quelqu’un m’a montré l’information. C’est devenu ahurissant, ce moment, entre Kourkov, cet homme courageux, qui dit son pays en guerre, et cette nouvelle atroce, qui nous laissait dans une incertitude terriblement angoissante. »

Ombre légère

Mais que s’est-il passé ? Comment une telle attaque, dirigée contre un homme qui, pendant des années, a été entouré d’une protection policière massive, a-t-elle pu se produire ? La journaliste et essayiste française Lila Azam Zanganeh, installée à New York, comme Salman Rushdie, commente : « J’ai vu passer dans la presse américaine l’idée qu’il y aurait eu, ces derniers temps, un relâchement de la surveillance autour de Salman. On citait des exemples récents comme si c’étaient des cas isolés. Mais ce n’est pas du tout le cas. En réalité, il vit très librement, depuis longtemps. Je l’ai vu des dizaines de fois, à New York ou à Londres. Il n’y avait aucune surveillance. C’est ce qui rend l’attaque qu’il a subie tellement atroce et cruelle. Il avait retrouvé sa vie. »

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Salman Rushdie au Mexique, an octobre 2014.

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Son éditrice actuelle en France, Françoise Nyssen, présidente du directoire des éditions Actes Sud, sait, quant à elle, qu’elle n’oubliera pas l’instant exact où elle a appris la nouvelle : « J’étais dans une librairie, pour assister à une rencontre entre [l’écrivain ukrainien] Andreï Kourkov et [le traducteur] André Markowicz. Le sujet – vous vous rendez compte de l’ironie du sort – était la paix, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine, bien sûr. La rencontre venait de débuter quand quelqu’un m’a montré l’information. C’est devenu ahurissant, ce moment, entre Kourkov, cet homme courageux, qui dit son pays en guerre, et cette nouvelle atroce, qui nous laissait dans une incertitude terriblement angoissante. »

Ombre légère

Mais que s’est-il passé ? Comment une telle attaque, dirigée contre un homme qui, pendant des années, a été entouré d’une protection policière massive, a-t-elle pu se produire ? La journaliste et essayiste française Lila Azam Zanganeh, installée à New York, comme Salman Rushdie, commente : « J’ai vu passer dans la presse américaine l’idée qu’il y aurait eu, ces derniers temps, un relâchement de la surveillance autour de Salman. On citait des exemples récents comme si c’étaient des cas isolés. Mais ce n’est pas du tout le cas. En réalité, il vit très librement, depuis longtemps. Je l’ai vu des dizaines de fois, à New York ou à Londres. Il n’y avait aucune surveillance. C’est ce qui rend l’attaque qu’il a subie tellement atroce et cruelle. Il avait retrouvé sa vie. »

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