À mi-parcours, Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir commence à crouler sous le poids de son adaptation et livre un épisode 4 lourdaud.
Les deux premiers épisodes de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir ont divisé la rédaction, avant que le troisième épisode ne douche légèrement l'enthousiasme de la frange plutôt convaincue par cette introduction (représentée par l'auteur de ces lignes). Cet épisode 4 est donc une étape importante, puisqu'il signale l'arrivée de la série à mi-parcours et permet donc de commencer à confirmer définitivement certaines tendances. Confirmons donc : les défauts comme les qualités de la série n'avaient rien d'accidentel, et Amazon livre un produit aussi terriblement spectaculaire visuellement que narrativement pataude.
COUP DE BARRE
Comme la semaine dernière, on se rassurera en rappelant que la série n'est pas devenue nulle en un seul épisode. On affirmera même que cet épisode 4 est meilleur que le troisième, même si les deux écopent d'une note identique. C'est que cet épisode 4 redresse la barre, mais mollement seulement, et souffre principalement du même écueil : Amazon est trop gourmand dans ses choix d'adaptation, et croule sous la quantité d'éléments narratifs et d'informations à transmettre à son audience. Parfois mal transmis en plus, les deux plans à l'amateurisme confondant sur Elrond expliquant que les Elfes ont une meilleure vision que les autres races en témoignent.
D'ailleurs, encore une fois, sur les quatre arcs narratifs de la série, seuls trois sont traités ici (Arondir et le Sud, Durin IV et Elrond, Galadriel et Númenor), et quasiment tous les plus gros mystères de la série sont une fois de plus évités. Cet épisode progresse à peine dans les pistes déjà lancées – pourtant plutôt alléchantes –, et se permet en plus d'en lancer de nouvelles. Adar ? Meteor Man ? Sauron ? Aucune réponse, mais au moins autant de nouvelles questions, pas toujours aussi prenantes que les précédentes, et dont parfois même, on connaît déjà les réponses (faut-il vraiment expliquer le mithril ?). Or, comme dit le proverbe, chasse plusieurs lièvres à la fois, tu n'en attraperas aucun.
"- Dis-moi Jamy, d'où c'est que ça vient le mithril ? - T'as une heure devant toi ?"
On pourrait accorder une largesse à Amazon : il est vrai que l'univers de Tolkien est probablement à la fois le plus vaste, le plus détaillé et le plus rigoureux du corpus heroic fantasy à adapter, et des obstacles de ce type étaient quelque part destinés à être au moins en partie insurmontables. Mais alors, comment expliquer que Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir s'attarde autant, fasse des détours par rapport au matériau originel, et surtout, se rajoute une quantité monstrueuse de détails superflus et de péripéties inutiles ? Quelle est la pertinence de ces déviations si elles remplacent du gras par un autre gras moins inspiré ?
On n'a pas déjà vu ce cadre quelque part ?QUAND J'AVANCE, TOI TU RECULES
Car, afin que les profanes suivent, si la trajectoire globale du Deuxième Âge est respectée, Amazon est partie si loin que désormais à peu près tout ce qui relève du récit (et non de la toile de fond et de l'histoire, attention à la nuance) est désormais inventé. Et donc, nécessairement, Amazon doit, en plus d'expliquer son univers, expliquer ses inventions. Conséquence, là encore nécessaire : chaque scène est une explication. Même la première réplique de la première scène est une explication. Pire encore, l'écriture est tellement explicative qu'elle devient prévisible et va même jusqu'à verser dans l'auto-spoil au détour d'une scène de Palantir calamiteuse.
Et ce n'est que lorsqu'un trou d'air se forme que l'intrigue peut enfin avancer, un peu par à-coup et en klaxonnant très fort, comme un automobiliste énervé pris dans un embouteillage après sept heures de route en plein cagnard un 15 août. Quand bien même ce klaxon lance les fabuleuses notes composées par Bear McCreary (sérieusement, il sauve certaines séquences à lui seul), reconnaissons que progresser ainsi n'est pas très amusant. Pas seulement parce que les micro-avancées sont brusques et pompeuses, mais aussi – et surtout – parce que l'avancée globale est lente. Certes, pas autant que dans la soporifique The Witcher, mais on en est presque à regretter le rythme efficace de la trop kitsch La Roue du Temps.
Police des cadres, vous êtes en état d'arrestation pour photocopieRappelons tout de même que nous sommes à mi-parcours de la série. Patrick McKay et J.D. Payne en sont pourtant encore à faire de l'exposition, tout en nous faisant l'affront de nous infliger un début de romance (dont le caractère manipulateur est d'ailleurs cousu de fil blanc) entre Ëarien et Kemen, deux personnages non seulement inventés, mais en plus subtertiaires. En bref, c'est une distraction, et à ce rythme-là, on en sera encore à jouer à cache-cache avec Sauron au bout des cinq saisons promises par le studio, ce qui risque d'être fort lassant. Pour rappel également, l'enjeu principal de la série est les anneaux de pouvoir (c'est dans le titre bon sang), et jusqu'ici, le mot "anneau" n'a même pas été prononcé une seule fois.
Vite, retrouvons l'intrigue mon fils imaginaire
COMPLÈTEMENT GLUCOSE
Peut-être s'agit-il du revers de l'une des principales qualités de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, à savoir sa grande générosité, jusque dans la durée de ses épisodes (plus de 70 minutes ici). À laquelle le spectateur a régulièrement envie de répondre en hurlant à son écran : "C'est gentil, mais on s'en fout". D'autant plus que l'essentiel passe à la trappe : si l'intrigue est déjà étouffée par sa propre mise en place, qui n'en finit plus de commencer, les personnages sont purement et simplement écrasés – en particulier sa protagoniste, Galadriel, qui confirme ici qu'elle n'a qu'un seul trait de caractère, celui d'avoir le QI d'un enfant de trois ans capricieux en pleine montée de glucose.
Et c'est à cet instant précis que Galadriel troqua 3000 ans de sagesse pour 10 000 ans de bêtise
Bien sûr, il y a toujours ça et là quelques interactions plus naturelles (merci à Elrond et Durin IV d'exister), et cet épisode a le mérite de procéder à de nombreux déblocages narratifs qui font espérer que la machine est enfin définitivement lancée. Par ailleurs, rien de tout cela ne se suit avec douleur, ce n'est même pas si désagréable que cela quand on y pense.
Mais la série rend ses défauts plus sensibles que ses qualités, et dès lors, donne plus envie de critiquer que de féliciter. La frustration naît d'une chose : la série la plus friquée et la plus ambitieuse du monde est juste sympathique au lieu d'être extraordinaire. Et c'est amplifié par le fait que cette appréciation molle est due aux bâtons qu'elle s'est elle-même mis dans ses roues, alors qu'elle est ostensiblement (sur-)équipée pour réussir.
Tout l'or du monde Nain-porte peu
Le casting ? Excellent. La photographie ? Un régal. Les designs ? À un ou deux effets spéciaux, irréprochables. La musique ? N'en parlons même pas, on va encore lâcher une larme. Mais combien de temps la technique parviendra-t-elle à ventiler l'âme asthmatique de la série, embourbée dans sa propre matière première, obligée de recourir à des facilités et raccourcis grossiers (Arondir qui se téléporte pile à côté de Theo), à quelques passages obligatoires clichés pour se donner un souffle de plus en plus souffreteux (Pharazôn et Elendil face au peuple de Númenor) ? On ne saurait le dire.
Mais ce que l'on sait, c'est que l'on vit dans un monde où un spin-off de Game of Thrones passionne plus que Tolkien, qu'il reste quatre épisodes seulement à Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir pour se sortir les doigts, et que ça commence à sentir la marmelade.
Un nouvel épisode de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir est disponible tous les vendredis sur Amazon Prime Video depuis le 2 septembre 2022
Read AgainÀ mi-parcours, Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir commence à crouler sous le poids de son adaptation et livre un épisode 4 lourdaud.
Les deux premiers épisodes de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir ont divisé la rédaction, avant que le troisième épisode ne douche légèrement l'enthousiasme de la frange plutôt convaincue par cette introduction (représentée par l'auteur de ces lignes). Cet épisode 4 est donc une étape importante, puisqu'il signale l'arrivée de la série à mi-parcours et permet donc de commencer à confirmer définitivement certaines tendances. Confirmons donc : les défauts comme les qualités de la série n'avaient rien d'accidentel, et Amazon livre un produit aussi terriblement spectaculaire visuellement que narrativement pataude.
COUP DE BARRE
Comme la semaine dernière, on se rassurera en rappelant que la série n'est pas devenue nulle en un seul épisode. On affirmera même que cet épisode 4 est meilleur que le troisième, même si les deux écopent d'une note identique. C'est que cet épisode 4 redresse la barre, mais mollement seulement, et souffre principalement du même écueil : Amazon est trop gourmand dans ses choix d'adaptation, et croule sous la quantité d'éléments narratifs et d'informations à transmettre à son audience. Parfois mal transmis en plus, les deux plans à l'amateurisme confondant sur Elrond expliquant que les Elfes ont une meilleure vision que les autres races en témoignent.
D'ailleurs, encore une fois, sur les quatre arcs narratifs de la série, seuls trois sont traités ici (Arondir et le Sud, Durin IV et Elrond, Galadriel et Númenor), et quasiment tous les plus gros mystères de la série sont une fois de plus évités. Cet épisode progresse à peine dans les pistes déjà lancées – pourtant plutôt alléchantes –, et se permet en plus d'en lancer de nouvelles. Adar ? Meteor Man ? Sauron ? Aucune réponse, mais au moins autant de nouvelles questions, pas toujours aussi prenantes que les précédentes, et dont parfois même, on connaît déjà les réponses (faut-il vraiment expliquer le mithril ?). Or, comme dit le proverbe, chasse plusieurs lièvres à la fois, tu n'en attraperas aucun.
"- Dis-moi Jamy, d'où c'est que ça vient le mithril ? - T'as une heure devant toi ?"
On pourrait accorder une largesse à Amazon : il est vrai que l'univers de Tolkien est probablement à la fois le plus vaste, le plus détaillé et le plus rigoureux du corpus heroic fantasy à adapter, et des obstacles de ce type étaient quelque part destinés à être au moins en partie insurmontables. Mais alors, comment expliquer que Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir s'attarde autant, fasse des détours par rapport au matériau originel, et surtout, se rajoute une quantité monstrueuse de détails superflus et de péripéties inutiles ? Quelle est la pertinence de ces déviations si elles remplacent du gras par un autre gras moins inspiré ?
On n'a pas déjà vu ce cadre quelque part ?QUAND J'AVANCE, TOI TU RECULES
Car, afin que les profanes suivent, si la trajectoire globale du Deuxième Âge est respectée, Amazon est partie si loin que désormais à peu près tout ce qui relève du récit (et non de la toile de fond et de l'histoire, attention à la nuance) est désormais inventé. Et donc, nécessairement, Amazon doit, en plus d'expliquer son univers, expliquer ses inventions. Conséquence, là encore nécessaire : chaque scène est une explication. Même la première réplique de la première scène est une explication. Pire encore, l'écriture est tellement explicative qu'elle devient prévisible et va même jusqu'à verser dans l'auto-spoil au détour d'une scène de Palantir calamiteuse.
Et ce n'est que lorsqu'un trou d'air se forme que l'intrigue peut enfin avancer, un peu par à-coup et en klaxonnant très fort, comme un automobiliste énervé pris dans un embouteillage après sept heures de route en plein cagnard un 15 août. Quand bien même ce klaxon lance les fabuleuses notes composées par Bear McCreary (sérieusement, il sauve certaines séquences à lui seul), reconnaissons que progresser ainsi n'est pas très amusant. Pas seulement parce que les micro-avancées sont brusques et pompeuses, mais aussi – et surtout – parce que l'avancée globale est lente. Certes, pas autant que dans la soporifique The Witcher, mais on en est presque à regretter le rythme efficace de la trop kitsch La Roue du Temps.
Police des cadres, vous êtes en état d'arrestation pour photocopieRappelons tout de même que nous sommes à mi-parcours de la série. Patrick McKay et J.D. Payne en sont pourtant encore à faire de l'exposition, tout en nous faisant l'affront de nous infliger un début de romance (dont le caractère manipulateur est d'ailleurs cousu de fil blanc) entre Ëarien et Kemen, deux personnages non seulement inventés, mais en plus subtertiaires. En bref, c'est une distraction, et à ce rythme-là, on en sera encore à jouer à cache-cache avec Sauron au bout des cinq saisons promises par le studio, ce qui risque d'être fort lassant. Pour rappel également, l'enjeu principal de la série est les anneaux de pouvoir (c'est dans le titre bon sang), et jusqu'ici, le mot "anneau" n'a même pas été prononcé une seule fois.
Vite, retrouvons l'intrigue mon fils imaginaire
COMPLÈTEMENT GLUCOSE
Peut-être s'agit-il du revers de l'une des principales qualités de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir, à savoir sa grande générosité, jusque dans la durée de ses épisodes (plus de 70 minutes ici). À laquelle le spectateur a régulièrement envie de répondre en hurlant à son écran : "C'est gentil, mais on s'en fout". D'autant plus que l'essentiel passe à la trappe : si l'intrigue est déjà étouffée par sa propre mise en place, qui n'en finit plus de commencer, les personnages sont purement et simplement écrasés – en particulier sa protagoniste, Galadriel, qui confirme ici qu'elle n'a qu'un seul trait de caractère, celui d'avoir le QI d'un enfant de trois ans capricieux en pleine montée de glucose.
Et c'est à cet instant précis que Galadriel troqua 3000 ans de sagesse pour 10 000 ans de bêtise
Bien sûr, il y a toujours ça et là quelques interactions plus naturelles (merci à Elrond et Durin IV d'exister), et cet épisode a le mérite de procéder à de nombreux déblocages narratifs qui font espérer que la machine est enfin définitivement lancée. Par ailleurs, rien de tout cela ne se suit avec douleur, ce n'est même pas si désagréable que cela quand on y pense.
Mais la série rend ses défauts plus sensibles que ses qualités, et dès lors, donne plus envie de critiquer que de féliciter. La frustration naît d'une chose : la série la plus friquée et la plus ambitieuse du monde est juste sympathique au lieu d'être extraordinaire. Et c'est amplifié par le fait que cette appréciation molle est due aux bâtons qu'elle s'est elle-même mis dans ses roues, alors qu'elle est ostensiblement (sur-)équipée pour réussir.
Tout l'or du monde Nain-porte peu
Le casting ? Excellent. La photographie ? Un régal. Les designs ? À un ou deux effets spéciaux, irréprochables. La musique ? N'en parlons même pas, on va encore lâcher une larme. Mais combien de temps la technique parviendra-t-elle à ventiler l'âme asthmatique de la série, embourbée dans sa propre matière première, obligée de recourir à des facilités et raccourcis grossiers (Arondir qui se téléporte pile à côté de Theo), à quelques passages obligatoires clichés pour se donner un souffle de plus en plus souffreteux (Pharazôn et Elendil face au peuple de Númenor) ? On ne saurait le dire.
Mais ce que l'on sait, c'est que l'on vit dans un monde où un spin-off de Game of Thrones passionne plus que Tolkien, qu'il reste quatre épisodes seulement à Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir pour se sortir les doigts, et que ça commence à sentir la marmelade.
Un nouvel épisode de Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir est disponible tous les vendredis sur Amazon Prime Video depuis le 2 septembre 2022
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Episodes Saison Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir saison 1 épisode 4 : les lourdauds of the rings - EcranLarge"
Post a Comment