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L'art, nouvelle cible des activistes écologistes - Le Monde

Deux militantes écologistes de Just Stop Oil posent après avoir jeté de la soupe en conserve sur les « Tournesols », de Vincent Van Gogh, à la National Gallery, à Londres, le 14 octobre 2022.

Voilà une publicité dont l’entreprise Heinz, qui fabrique, entre autres, de la soupe à la tomate, se serait bien passée. Vendredi 14 octobre, deux de ses boîtes de conserve ont été brandies face au public de la National Gallery, à Londres, par deux jeunes femmes qui venaient d’en asperger le contenu sur des Tournesols de Van Gogh (protégés par une vitrine fort heureusement). Il ne s’agissait pas d’une action artistique (elles auraient, dans ce cas, préféré la soupe Campbell immortalisée par Andy Warhol), mais d’une manière de protester contre l’exploitation des combustibles fossiles.

Phoebe Plummer, 21 ans, et Anna Holland, 20 ans, ont préalablement retiré leurs blousons, révélant des tee-shirts siglés de l’organisation britannique Just Stop Oil, puis commis leur méfait avant de s’enduire une main de colle, de se fixer ainsi au bas du mur et de poser des questions : « Qu’est-ce qui vaut plus, l’art ou la vie ? », a demandé Phoebe Plummer. Cette toile « vaut-elle plus que la nourriture ? Plus que la justice ? Etes-vous plus préoccupé par la protection d’une peinture ou la protection de notre planète et de notre peuple ? La crise du coût de la vie fait partie de la crise du pétrole, le carburant est inabordable pour des millions de familles frigorifiées et affamées. Elles n’ont même pas les moyens de chauffer une boîte de soupe. »

Même si la protestation est confuse, quiconque vit actuellement en Grande-Bretagne, ou quiconque admet que le réchauffement climatique et l’utilisation de carburants fossiles sont liés ne peut que reconnaître la justesse de leur combat. Mais les moyens utilisés pour le promouvoir ont, dans ce cas précis, suscité des réactions contrastées : s’attaquer à une œuvre d’art, de ce pauvre Van Gogh qui plus est, heurte la sensibilité de beaucoup, y compris parmi ceux qui sont sympathisants de leur cause.

Cela se perçoit, mieux qu’ailleurs, sur la page Instagram du journaliste new-yorkais Jerry Saltz, prix Pulitzer, un des critiques d’art les plus influents au monde. Son post sur la question a suscité des milliers de commentaires, la plupart émanant d’amateurs éclairés ou de professionnels de l’art. Celui de l’artiste britannique Tracey Emin notamment : « L’art n’est pas l’ennemi. » Ou du Brésilien Vik Muniz : « Les gens sincèrement animés de bonnes intentions font des choses vraiment stupides aussi longtemps que quelqu’un est là pour poster une vidéo sur TikTok. »

Scène devenue virale

C’est précisément le but de la manœuvre. Dans la salle, un ou des comparses filmaient la scène, vite devenue virale – plusieurs millions de vues – sur les réseaux sociaux. Just Stop Oil n’en est pas à son coup d’essai : en juillet, des militants s’étaient collés au cadre d’une copie de La Cène, de Léonard de Vinci, conservée à la Royal Academy of Arts, à Londres, et d’autres, les Italiens d’Ultima Generazione (« dernière génération ») au Printemps de Botticelli, du musée des Offices à Florence. Leurs camarades du mouvement Extinction Rebellion ne sont pas en reste, ils se sont collés, à Melbourne, au Massacre en Corée, de Picasso.

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Deux militantes écologistes de Just Stop Oil posent après avoir jeté de la soupe en conserve sur les « Tournesols », de Vincent Van Gogh, à la National Gallery, à Londres, le 14 octobre 2022.

Voilà une publicité dont l’entreprise Heinz, qui fabrique, entre autres, de la soupe à la tomate, se serait bien passée. Vendredi 14 octobre, deux de ses boîtes de conserve ont été brandies face au public de la National Gallery, à Londres, par deux jeunes femmes qui venaient d’en asperger le contenu sur des Tournesols de Van Gogh (protégés par une vitrine fort heureusement). Il ne s’agissait pas d’une action artistique (elles auraient, dans ce cas, préféré la soupe Campbell immortalisée par Andy Warhol), mais d’une manière de protester contre l’exploitation des combustibles fossiles.

Phoebe Plummer, 21 ans, et Anna Holland, 20 ans, ont préalablement retiré leurs blousons, révélant des tee-shirts siglés de l’organisation britannique Just Stop Oil, puis commis leur méfait avant de s’enduire une main de colle, de se fixer ainsi au bas du mur et de poser des questions : « Qu’est-ce qui vaut plus, l’art ou la vie ? », a demandé Phoebe Plummer. Cette toile « vaut-elle plus que la nourriture ? Plus que la justice ? Etes-vous plus préoccupé par la protection d’une peinture ou la protection de notre planète et de notre peuple ? La crise du coût de la vie fait partie de la crise du pétrole, le carburant est inabordable pour des millions de familles frigorifiées et affamées. Elles n’ont même pas les moyens de chauffer une boîte de soupe. »

Même si la protestation est confuse, quiconque vit actuellement en Grande-Bretagne, ou quiconque admet que le réchauffement climatique et l’utilisation de carburants fossiles sont liés ne peut que reconnaître la justesse de leur combat. Mais les moyens utilisés pour le promouvoir ont, dans ce cas précis, suscité des réactions contrastées : s’attaquer à une œuvre d’art, de ce pauvre Van Gogh qui plus est, heurte la sensibilité de beaucoup, y compris parmi ceux qui sont sympathisants de leur cause.

Cela se perçoit, mieux qu’ailleurs, sur la page Instagram du journaliste new-yorkais Jerry Saltz, prix Pulitzer, un des critiques d’art les plus influents au monde. Son post sur la question a suscité des milliers de commentaires, la plupart émanant d’amateurs éclairés ou de professionnels de l’art. Celui de l’artiste britannique Tracey Emin notamment : « L’art n’est pas l’ennemi. » Ou du Brésilien Vik Muniz : « Les gens sincèrement animés de bonnes intentions font des choses vraiment stupides aussi longtemps que quelqu’un est là pour poster une vidéo sur TikTok. »

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C’est précisément le but de la manœuvre. Dans la salle, un ou des comparses filmaient la scène, vite devenue virale – plusieurs millions de vues – sur les réseaux sociaux. Just Stop Oil n’en est pas à son coup d’essai : en juillet, des militants s’étaient collés au cadre d’une copie de La Cène, de Léonard de Vinci, conservée à la Royal Academy of Arts, à Londres, et d’autres, les Italiens d’Ultima Generazione (« dernière génération ») au Printemps de Botticelli, du musée des Offices à Florence. Leurs camarades du mouvement Extinction Rebellion ne sont pas en reste, ils se sont collés, à Melbourne, au Massacre en Corée, de Picasso.

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