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« Le Lycéen », « Days », « Fumer fait tousser », « Mes rendez-vous avec Leo »… Les sorties cinéma de la semaine - Le Monde

LA LISTE DE LA MATINALE

Juliette Binoche et Paul Kircher dans « Le Lycéen », de Christophe Honoré.

La sensualité, dans tous ses états et sous toutes ses formes, domine nettement cette nouvelle semaine cinématographique. Pour conjurer un deuil, un adolescent troublé s’y jette à corps perdu à Paris (Le Lycéen). Pour tromper leur solitude, deux hommes s’y adonnent avec une furieuse mélancolie dans une chambre de Bangkok (Days). Tandis que, dans une autre chambre, londonienne celle-ci, une sexagénaire frustrée par des décennies d’indifférence conjugale s’offre les services d’un délicat escort boy (Mes rendez-vous avec Leo).

  • A ne pas manquer

« Le Lycéen » : le deuil ultra-sensoriel d’un jeune orphelin

Tout commence à la montagne, dans la confusion d’un récit post-traumatique, énoncé face caméra par le personnage principal, Lucas (Paul Kircher), qui ponctuera tout le film. Une mère (Juliette Binoche) enseignante ; un père (Christophe Honoré) prothésiste dentaire. Et leur fils, qui vient d’apprendre qu’il devra désormais vivre sans ce dernier. Ultime souvenir d’une balade, sombrement annonciatrice, avec lui. En voiture sur la route. La sollicitude inquiète du père, l’insouciance rieuse du fils. Beaucoup de tendresse réciproque dans le ton, dans les regards. Le père qui se confie soudain, sur sa propre vie, sur les choix différents qui auraient pu être les siens s’il ne s’était pas laissé aller au lycée.

Et puis une berline qui les double sans visibilité, contraignant le père à la sortie de route. Ce geste de protection avec le bras sur le torse de son fils. On s’étreint fort car on n’est pas passé loin. Si peu d’ailleurs que, deux plans plus tard, on vient réveiller Lucas en pleine nuit à l’internat pour lui annoncer la mort de son père dans un accident de voiture. Belle ellipse qui suggère que la mort, ce néant décisif, ne peut jamais se filmer en face. Quant à Lucas, il devra désormais vivre, devenir adulte, sans lui. Ainsi commence ce beau film de formation autobiographique de Christophe Honoré, qui a su admirablement restituer l’alchimie complexe de ce passage qu’est l’adolescence. Il le doit, bien sûr, à son talent, mais aussi à son jeune acteur, Paul Kircher, qui possède, sans se forcer et à un degré suprêmement cinégénique, ces vertus. Jacques Mandelbaum

« Days » : rencontre cosmique de deux solitudes dans une chambre de Bangkok

Le Taïwanais Tsai Ming-liang appartient à une sorte d’internationale cinématographique « zen » résistant à l’accélération généralisée des images par un travail performatif sur la durée des plans. Days, qui nous arrive avec deux ans de retard après le tourbillon de la crise sanitaire, marque une étape supplémentaire dans l’épure. Comme souvent chez Tsai, il s’agit de paver le chemin d’une rencontre : ici, entre deux présences orphelines évoluant sur des trajectoires séparées. En l’un, on reconnaît Lee Kang-sheng, l’acteur fétiche et alter ego du cinéaste apparaissant dans tous ses films. Il interprète un homme perclus de douleurs cervicales, vivant seul dans une maison aux grandes baies vitrées.

Il vous reste 76.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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Juliette Binoche et Paul Kircher dans « Le Lycéen », de Christophe Honoré.

La sensualité, dans tous ses états et sous toutes ses formes, domine nettement cette nouvelle semaine cinématographique. Pour conjurer un deuil, un adolescent troublé s’y jette à corps perdu à Paris (Le Lycéen). Pour tromper leur solitude, deux hommes s’y adonnent avec une furieuse mélancolie dans une chambre de Bangkok (Days). Tandis que, dans une autre chambre, londonienne celle-ci, une sexagénaire frustrée par des décennies d’indifférence conjugale s’offre les services d’un délicat escort boy (Mes rendez-vous avec Leo).

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Tout commence à la montagne, dans la confusion d’un récit post-traumatique, énoncé face caméra par le personnage principal, Lucas (Paul Kircher), qui ponctuera tout le film. Une mère (Juliette Binoche) enseignante ; un père (Christophe Honoré) prothésiste dentaire. Et leur fils, qui vient d’apprendre qu’il devra désormais vivre sans ce dernier. Ultime souvenir d’une balade, sombrement annonciatrice, avec lui. En voiture sur la route. La sollicitude inquiète du père, l’insouciance rieuse du fils. Beaucoup de tendresse réciproque dans le ton, dans les regards. Le père qui se confie soudain, sur sa propre vie, sur les choix différents qui auraient pu être les siens s’il ne s’était pas laissé aller au lycée.

Et puis une berline qui les double sans visibilité, contraignant le père à la sortie de route. Ce geste de protection avec le bras sur le torse de son fils. On s’étreint fort car on n’est pas passé loin. Si peu d’ailleurs que, deux plans plus tard, on vient réveiller Lucas en pleine nuit à l’internat pour lui annoncer la mort de son père dans un accident de voiture. Belle ellipse qui suggère que la mort, ce néant décisif, ne peut jamais se filmer en face. Quant à Lucas, il devra désormais vivre, devenir adulte, sans lui. Ainsi commence ce beau film de formation autobiographique de Christophe Honoré, qui a su admirablement restituer l’alchimie complexe de ce passage qu’est l’adolescence. Il le doit, bien sûr, à son talent, mais aussi à son jeune acteur, Paul Kircher, qui possède, sans se forcer et à un degré suprêmement cinégénique, ces vertus. Jacques Mandelbaum

« Days » : rencontre cosmique de deux solitudes dans une chambre de Bangkok

Le Taïwanais Tsai Ming-liang appartient à une sorte d’internationale cinématographique « zen » résistant à l’accélération généralisée des images par un travail performatif sur la durée des plans. Days, qui nous arrive avec deux ans de retard après le tourbillon de la crise sanitaire, marque une étape supplémentaire dans l’épure. Comme souvent chez Tsai, il s’agit de paver le chemin d’une rencontre : ici, entre deux présences orphelines évoluant sur des trajectoires séparées. En l’un, on reconnaît Lee Kang-sheng, l’acteur fétiche et alter ego du cinéaste apparaissant dans tous ses films. Il interprète un homme perclus de douleurs cervicales, vivant seul dans une maison aux grandes baies vitrées.

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