Enfin… 13 ans après la sortie triomphale d’Avatar, James Cameron est de retour avec sa suite Avatar : La Voie de l’eau en salle mercredi 14 décembre, sans doute le film le plus attendu de l’année 2022, voire de la décennie. Sans « divulgâcher », on peut affirmer que les fans seront ravis de ce retour dans l’univers des Na’vis, peuple de la planète Pandora, de nouveau exposé à la cupidité humaine. De passage à Paris pour une projection exceptionnelle de son film, le réalisateur est revenu, en tête à tête avec 20 Minutes, sur cette aventure cinématographique exceptionnelle.
Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps « Avatar : La Voie de l’eau » ?
Nous avons souhaité aller encore plus loin dans l’immersion du spectateur. C’est pour cela que cela a pris autant de temps. Entre quatre et cinq ans pour écrire l’histoire, créer le design des personnages et mettre au point une technique de capture de mouvements encore plus performante afin de saisir la gestuelle et les expressions des acteurs dans leurs moindres détails. Je devais me trouver sur tous ces fronts à la fois.
Etes-vous le dieu de cet univers ?
Je me considère plutôt comme un filtre qui fait le tri parmi les éléments que lui proposent toutes les forces créatrices. Je ne crée pas vraiment, je ne dessine pas, je ne joue pas la comédie… Mais il m’a fallu cinq ans pour orchestrer tout ce travail, arriver à la sortie d’Avatar 2, au tournage des prises de vues réelles et à la capture de mouvements d’Avatar 3 et d’une partie d’Avatar 4… Et il va bientôt être temps pour moi de me concentrer sur ces autres films. On peut dire qu’il s’agit d’un long voyage pendant lequel je me suis senti plus comme celui qui dirige le troupeau dans la bonne direction que comme une divinité omnipotente.
« Avatar : La Voie de l’eau » doit-il être vu comme une prouesse technique ?
J’estime que c’est avant tout un film militant, qui met en garde contre la façon dont les êtres humains maltraitent l’environnement comme s’ils estimaient que tout leur appartient. Mais il y avait déjà un message anticolonialiste dans le premier film. Ce sont des sujets qui me tiennent à cœur. La technique pure ne suffit pas, il est indispensable d’avoir une histoire qui tient la route et des émotions pour que le public soit happé. L’être humain pourra peut-être un jour être remplacé par la technique mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le tournage avec les comédiens a pris dix-huit mois et a été l’un de mes moments favoris. La capture de mouvements est une façon de sublimer leur performance, pas de l’effacer. Elle permet d’aller plus loin encore dans ce qu’on leur fait incarner. Mon film ne serait rien sans les acteurs. On peut changer bien des choses grâce à la technique mais dans « capture de performance », il y a « performance ». Sans elle, sans l’imagination des interprètes, il n’y a tout simplement pas de film.
Comment avez-vous inventé le nouveau monde de Pandora qu’on découvre dans « La Voie de l’eau » ?
On a dû créer notre propre version d’une faune et d’une flore subaquatique qui est en voie de destruction. On s’est inspiré des récifs coralliens, un environnement qui m’est familier étant féru de plongée. J’ai eu envie de créer un univers basé sur ce que je connais mais qui possède sa vie propre. Rien de religieux mais une force que dirige la nature. J’ai retrouvé les artistes du premier film, ceux que je considérais les meilleurs des meilleurs, ceux avec lesquels je pouvais presque communiquer intuitivement. J’ai divisé les équipes en deux, l’une d’elles gérait le monde des Humains et les militaires, l’autre était chargée de la nature, des animaux et de la flore, de tout ce qui était la planète Pandora y compris ses habitants. Il y avait donc deux départements artistiques, deux mondes. Ils pouvaient se dire des choses comme « Mes vaisseaux vont détruire tes créatures » ou « Mes créatures vont pulvériser tes machines ». Ce n’était pas vraiment méchant. On s’est bien amusé…
A quoi peut-on s’attendre pour les prochains films ?
A des cultures différentes de celles que j’ai déjà montrées. Le feu sera représenté par les « Ash People » le « Peuple des cendres ». Je veux révéler les Nav’is sous un autre angle car, pour l’instant, je n’ai montré que leurs bons côtés. Dans les premiers films, il y a des exemples humains très négatifs et des exemples Navi’s très positifs. Dans Avatar 3, nous ferons l’inverse. On explorera aussi de nouveaux univers tout en poursuivant l’histoire des personnages principaux. Je peux affirmer que les derniers volets seront les meilleurs. Les autres étaient une introduction, une façon de mettre la table avant de servir le repas. Mais, évidemment, tout dépendra de comment Avatar 2 sera reçu, s’il trouvera son public.
Réaliserez-vous les suites vous-même ?
Je me sens personnellement responsable de l’énorme investissement que j’ai demandé à Disney pour Avatar. Je vous donne un exemple : Disney avait déboursé 4 milliards de dollars pour acquérir les droits de l’univers Star Wars. Il fallait donc que ces films fassent de l’argent même si George Lucas n’était plus derrière la franchise. De la même façon, j’ai demandé au studio de s’engager financièrement dans une esthétique et un univers. Il est de mon devoir de penser à l’avenir : que se passerait-il si je tombais malade ou si l’un de mes proches était souffrant et que je sois contraint de me retirer ? Je dois tout prévoir pour que l’histoire puisse continuer sans moi, même, si dans le meilleur des mondes possibles, je continuerai à tout diriger. Je suis le seul à connaître les moindres détails de cet univers. Je suis un « control freak » et abandonner le contrôle n’est pas dans ma nature.
Read AgainEnfin… 13 ans après la sortie triomphale d’Avatar, James Cameron est de retour avec sa suite Avatar : La Voie de l’eau en salle mercredi 14 décembre, sans doute le film le plus attendu de l’année 2022, voire de la décennie. Sans « divulgâcher », on peut affirmer que les fans seront ravis de ce retour dans l’univers des Na’vis, peuple de la planète Pandora, de nouveau exposé à la cupidité humaine. De passage à Paris pour une projection exceptionnelle de son film, le réalisateur est revenu, en tête à tête avec 20 Minutes, sur cette aventure cinématographique exceptionnelle.
Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps « Avatar : La Voie de l’eau » ?
Nous avons souhaité aller encore plus loin dans l’immersion du spectateur. C’est pour cela que cela a pris autant de temps. Entre quatre et cinq ans pour écrire l’histoire, créer le design des personnages et mettre au point une technique de capture de mouvements encore plus performante afin de saisir la gestuelle et les expressions des acteurs dans leurs moindres détails. Je devais me trouver sur tous ces fronts à la fois.
Etes-vous le dieu de cet univers ?
Je me considère plutôt comme un filtre qui fait le tri parmi les éléments que lui proposent toutes les forces créatrices. Je ne crée pas vraiment, je ne dessine pas, je ne joue pas la comédie… Mais il m’a fallu cinq ans pour orchestrer tout ce travail, arriver à la sortie d’Avatar 2, au tournage des prises de vues réelles et à la capture de mouvements d’Avatar 3 et d’une partie d’Avatar 4… Et il va bientôt être temps pour moi de me concentrer sur ces autres films. On peut dire qu’il s’agit d’un long voyage pendant lequel je me suis senti plus comme celui qui dirige le troupeau dans la bonne direction que comme une divinité omnipotente.
« Avatar : La Voie de l’eau » doit-il être vu comme une prouesse technique ?
J’estime que c’est avant tout un film militant, qui met en garde contre la façon dont les êtres humains maltraitent l’environnement comme s’ils estimaient que tout leur appartient. Mais il y avait déjà un message anticolonialiste dans le premier film. Ce sont des sujets qui me tiennent à cœur. La technique pure ne suffit pas, il est indispensable d’avoir une histoire qui tient la route et des émotions pour que le public soit happé. L’être humain pourra peut-être un jour être remplacé par la technique mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le tournage avec les comédiens a pris dix-huit mois et a été l’un de mes moments favoris. La capture de mouvements est une façon de sublimer leur performance, pas de l’effacer. Elle permet d’aller plus loin encore dans ce qu’on leur fait incarner. Mon film ne serait rien sans les acteurs. On peut changer bien des choses grâce à la technique mais dans « capture de performance », il y a « performance ». Sans elle, sans l’imagination des interprètes, il n’y a tout simplement pas de film.
Comment avez-vous inventé le nouveau monde de Pandora qu’on découvre dans « La Voie de l’eau » ?
On a dû créer notre propre version d’une faune et d’une flore subaquatique qui est en voie de destruction. On s’est inspiré des récifs coralliens, un environnement qui m’est familier étant féru de plongée. J’ai eu envie de créer un univers basé sur ce que je connais mais qui possède sa vie propre. Rien de religieux mais une force que dirige la nature. J’ai retrouvé les artistes du premier film, ceux que je considérais les meilleurs des meilleurs, ceux avec lesquels je pouvais presque communiquer intuitivement. J’ai divisé les équipes en deux, l’une d’elles gérait le monde des Humains et les militaires, l’autre était chargée de la nature, des animaux et de la flore, de tout ce qui était la planète Pandora y compris ses habitants. Il y avait donc deux départements artistiques, deux mondes. Ils pouvaient se dire des choses comme « Mes vaisseaux vont détruire tes créatures » ou « Mes créatures vont pulvériser tes machines ». Ce n’était pas vraiment méchant. On s’est bien amusé…
A quoi peut-on s’attendre pour les prochains films ?
A des cultures différentes de celles que j’ai déjà montrées. Le feu sera représenté par les « Ash People » le « Peuple des cendres ». Je veux révéler les Nav’is sous un autre angle car, pour l’instant, je n’ai montré que leurs bons côtés. Dans les premiers films, il y a des exemples humains très négatifs et des exemples Navi’s très positifs. Dans Avatar 3, nous ferons l’inverse. On explorera aussi de nouveaux univers tout en poursuivant l’histoire des personnages principaux. Je peux affirmer que les derniers volets seront les meilleurs. Les autres étaient une introduction, une façon de mettre la table avant de servir le repas. Mais, évidemment, tout dépendra de comment Avatar 2 sera reçu, s’il trouvera son public.
Réaliserez-vous les suites vous-même ?
Je me sens personnellement responsable de l’énorme investissement que j’ai demandé à Disney pour Avatar. Je vous donne un exemple : Disney avait déboursé 4 milliards de dollars pour acquérir les droits de l’univers Star Wars. Il fallait donc que ces films fassent de l’argent même si George Lucas n’était plus derrière la franchise. De la même façon, j’ai demandé au studio de s’engager financièrement dans une esthétique et un univers. Il est de mon devoir de penser à l’avenir : que se passerait-il si je tombais malade ou si l’un de mes proches était souffrant et que je sois contraint de me retirer ? Je dois tout prévoir pour que l’histoire puisse continuer sans moi, même, si dans le meilleur des mondes possibles, je continuerai à tout diriger. Je suis le seul à connaître les moindres détails de cet univers. Je suis un « control freak » et abandonner le contrôle n’est pas dans ma nature.
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