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La mort de Dominique Lapierre, aventurier et auteur de fresques historiques à succès - Le Monde

L’écrivain et journaliste francais Dominique Lapierre, en 2003.

Aventurier, écrivain à succès et citoyen d’honneur de Calcutta, le titre honorifique dont il était le plus fier, Dominique Lapierre est mort, vendredi 2 décembre, sur la Côte d’Azur, à l’âge de 91 ans.

Sous sa plume, la mégapole du Bengale occidental s’est retrouvée associée, et pour longtemps, à La Cité de la joie (éd. Robert Laffont, 1985), grande fresque romanesque où se croisent les itinéraires d’un médecin américain, d’un prêtre français et d’un tireur de pousse-pousse qui se sortent de l’enfer de la misère, armés de leur seul espoir. L’écrivain passe alors deux ans dans ce fouillis de ruelles encombrées d’ordures, de rats, et d’habitants qui passent leur vie à survivre, dans le bidonville de Pilkhana, avant de passer à l’écriture devant ces trois mots posés sur son bureau : « odeurs, couleurs, bruits » pour être certain de n’oublier aucun détail.

Le roman est vendu à au moins 8 millions d’exemplaires, et aussitôt, un élan de générosité en direction de Calcutta se lève dans tous les pays où il est traduit. A cette époque, l’aide humanitaire mobilise les foules, les stars de la pop anglaise chantent contre la famine et Bernard Kouchner, le ministre de la santé et de l’action humanitaire entre 1992 et 1993, porte des sacs de riz sur ses épaules.

Décoré en Inde

A Calcutta, l’écrivain qui fait sienne la devise « tout ce qui n’est pas donné est perdu », s’engage avec sa femme Dominique Conchon-Lapierre dans des actions humanitaires financées par ses droits d’auteur. Des écoles et des dispensaires sont ouverts, des puits sont creusés, des micro-crédits sont distribués et des bateaux-hôpitaux circulent dans l’archipel des Sundarbans, à l’embouchure du Gange.

Des années plus tard, alors que l’Inde s’enorgueillit de son décollage économique et s’émerveille du succès de ses grandes fortunes, Dominique Lapierre ne cesse de rappeler au pays l’existence de ses pauvres. Il est l’un des rares Français à avoir été décoré, en 2008, de la Padma Bhushan, ou « Parure de Lotus » des mains de la présidente d’Inde Pratibha Patil, pour ses actions en faveur des plus démunis.

Des cinq continents où il s’est rendu pour écrire de grandes fresques historiques, sur l’Apartheid en Afrique du Sud (Un arc en ciel dans la nuit, éd. Robert Laffont, 2008), le départ des Anglais de Palestine (Ô Jérusalem, éd. Robert Laffont, 1971) ou la libération de Paris (Paris brûle-t-il ?, éd. Robert Laffont, 1965), l’Inde est le seul endroit où il retourne régulièrement.

L’aventure à 17 ans

Au début des années 1970, il y effectue un premier séjour de deux ans, en compagnie de son « frère de plume » Larry Collins, pour documenter et enquêter sur l’indépendance du pays en 1947, grâce à l’aide précieuse de Lord Mountbatten, l’ancien gouverneur des Indes qui leur ouvre ses archives personnelles. L’ouvrage Cette nuit la liberté (éd. Robert Laffont, 1975), publié dans quarante éditions internationales, connaît un grand succès.

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L’écrivain et journaliste francais Dominique Lapierre, en 2003.

Aventurier, écrivain à succès et citoyen d’honneur de Calcutta, le titre honorifique dont il était le plus fier, Dominique Lapierre est mort, vendredi 2 décembre, sur la Côte d’Azur, à l’âge de 91 ans.

Sous sa plume, la mégapole du Bengale occidental s’est retrouvée associée, et pour longtemps, à La Cité de la joie (éd. Robert Laffont, 1985), grande fresque romanesque où se croisent les itinéraires d’un médecin américain, d’un prêtre français et d’un tireur de pousse-pousse qui se sortent de l’enfer de la misère, armés de leur seul espoir. L’écrivain passe alors deux ans dans ce fouillis de ruelles encombrées d’ordures, de rats, et d’habitants qui passent leur vie à survivre, dans le bidonville de Pilkhana, avant de passer à l’écriture devant ces trois mots posés sur son bureau : « odeurs, couleurs, bruits » pour être certain de n’oublier aucun détail.

Le roman est vendu à au moins 8 millions d’exemplaires, et aussitôt, un élan de générosité en direction de Calcutta se lève dans tous les pays où il est traduit. A cette époque, l’aide humanitaire mobilise les foules, les stars de la pop anglaise chantent contre la famine et Bernard Kouchner, le ministre de la santé et de l’action humanitaire entre 1992 et 1993, porte des sacs de riz sur ses épaules.

Décoré en Inde

A Calcutta, l’écrivain qui fait sienne la devise « tout ce qui n’est pas donné est perdu », s’engage avec sa femme Dominique Conchon-Lapierre dans des actions humanitaires financées par ses droits d’auteur. Des écoles et des dispensaires sont ouverts, des puits sont creusés, des micro-crédits sont distribués et des bateaux-hôpitaux circulent dans l’archipel des Sundarbans, à l’embouchure du Gange.

Des années plus tard, alors que l’Inde s’enorgueillit de son décollage économique et s’émerveille du succès de ses grandes fortunes, Dominique Lapierre ne cesse de rappeler au pays l’existence de ses pauvres. Il est l’un des rares Français à avoir été décoré, en 2008, de la Padma Bhushan, ou « Parure de Lotus » des mains de la présidente d’Inde Pratibha Patil, pour ses actions en faveur des plus démunis.

Des cinq continents où il s’est rendu pour écrire de grandes fresques historiques, sur l’Apartheid en Afrique du Sud (Un arc en ciel dans la nuit, éd. Robert Laffont, 2008), le départ des Anglais de Palestine (Ô Jérusalem, éd. Robert Laffont, 1971) ou la libération de Paris (Paris brûle-t-il ?, éd. Robert Laffont, 1965), l’Inde est le seul endroit où il retourne régulièrement.

L’aventure à 17 ans

Au début des années 1970, il y effectue un premier séjour de deux ans, en compagnie de son « frère de plume » Larry Collins, pour documenter et enquêter sur l’indépendance du pays en 1947, grâce à l’aide précieuse de Lord Mountbatten, l’ancien gouverneur des Indes qui leur ouvre ses archives personnelles. L’ouvrage Cette nuit la liberté (éd. Robert Laffont, 1975), publié dans quarante éditions internationales, connaît un grand succès.

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