Au bout du fil, Lars Ulrich éclate de rire. « J’ai cru un instant que vous alliez me dire que l’album durait… soixante-douze saisons ! » Nous faisions en fait allusion aux soixante-dix-sept minutes du nouvel album de Metallica, intitulé 72 Seasons. Le batteur du groupe de heavy metal le plus populaire au monde est d’humeur joviale en cette fin du mois de mars, lors de notre entretien téléphonique. Il est 13 heures à San Francisco, et le coleader de la formation américaine enchaîne depuis la matinée les interviews pour la sortie de son onzième album.
Réputé volubile, Lars Ulrich ne compte pas son temps, en dépit de celui qu’impose sa maison de disques. Ce fils d’un ancien tennisman professionnel danois possède une personnalité atypique dans le paysage du rock lourd : un musicien doublé d’un homme d’affaires, passionné d’art, collectionnant aussi bien les toiles de Basquiat que du mobilier scandinave. Il fut, surtout, le membre fondateur de Metallica en 1981, avec le guitariste-chanteur James Hetfield, tous deux formant depuis l’une des paires de compositeurs les plus emblématiques du genre.
Ce 72 Seasons est le premier effort studio du quatuor depuis sept ans. Huit années séparaient Hardwired… to Self-Destruct (2016) de son prédécesseur, Death Magnetic (2008). A tel point que l’on se demande si la pandémie n’a finalement pas précipité ce retour discographique. « C’est une bonne question, analyse l’intéressé. Faire un disque est une idée que nous gardons toujours en tête, mais qui finit par être repoussée. Les choses deviennent de plus en plus difficiles au fil des années. Nous avons toujours d’autres projets en cours, que ce soit des tournées, un film, des concerts de charité pour notre fondation Helping Hands, ou encore un disque avec le regretté Lou Reed [Lulu, paru en 2011]. La dernière fois que Metallica a pris une année sabbatique, c’était en 2005. »
Sessions Zoom
En mars 2020, le calendrier chargé de concerts du groupe se voit brutalement stoppé par la pandémie. Les musiciens décident d’exploiter leur temps confiné pour s’atteler enfin à l’écriture de compositions. Les premières sessions commencent à distance par l’intermédiaire du logiciel vidéo Zoom, chacun des membres se trouvant loin des autres : James Hetfield dans le Colorado, Lars Ulrich à San Francisco, le bassiste Robert Trujillo à Santa Monica et le guitariste Kirk Hammett à Hawaï, le tout étant supervisé à Los Angeles par Greg Fidelman, ingénieur du son et coproducteur – et « cinquième membre » du groupe, souligne le flegmatique batteur. Mais, très vite, la technologie montre ses limites : jouer ensemble en temps réel se révèle un casse-tête, du fait du retard inhérent à la vitesse de connexion. « C’était plutôt drôle, se remémore le batteur. Nous passions la moitié de la journée à essayer de jouer à distance, puis l’autre à discuter au téléphone avec des ingénieurs et des techniciens de la Silicon Valley pour essayer de résoudre ces problèmes techniques. Personne ne savait si on resterait confinés durant cinq ou dix ans. C’étaient des temps sombres et de grande incertitude. Mais, en même temps, nous étions reconnaissants d’être tous en bonne santé et de pouvoir rester créatifs, tout en sachant que tant de gens étaient bien plus mal lotis que nous. »
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Read AgainAu bout du fil, Lars Ulrich éclate de rire. « J’ai cru un instant que vous alliez me dire que l’album durait… soixante-douze saisons ! » Nous faisions en fait allusion aux soixante-dix-sept minutes du nouvel album de Metallica, intitulé 72 Seasons. Le batteur du groupe de heavy metal le plus populaire au monde est d’humeur joviale en cette fin du mois de mars, lors de notre entretien téléphonique. Il est 13 heures à San Francisco, et le coleader de la formation américaine enchaîne depuis la matinée les interviews pour la sortie de son onzième album.
Réputé volubile, Lars Ulrich ne compte pas son temps, en dépit de celui qu’impose sa maison de disques. Ce fils d’un ancien tennisman professionnel danois possède une personnalité atypique dans le paysage du rock lourd : un musicien doublé d’un homme d’affaires, passionné d’art, collectionnant aussi bien les toiles de Basquiat que du mobilier scandinave. Il fut, surtout, le membre fondateur de Metallica en 1981, avec le guitariste-chanteur James Hetfield, tous deux formant depuis l’une des paires de compositeurs les plus emblématiques du genre.
Ce 72 Seasons est le premier effort studio du quatuor depuis sept ans. Huit années séparaient Hardwired… to Self-Destruct (2016) de son prédécesseur, Death Magnetic (2008). A tel point que l’on se demande si la pandémie n’a finalement pas précipité ce retour discographique. « C’est une bonne question, analyse l’intéressé. Faire un disque est une idée que nous gardons toujours en tête, mais qui finit par être repoussée. Les choses deviennent de plus en plus difficiles au fil des années. Nous avons toujours d’autres projets en cours, que ce soit des tournées, un film, des concerts de charité pour notre fondation Helping Hands, ou encore un disque avec le regretté Lou Reed [Lulu, paru en 2011]. La dernière fois que Metallica a pris une année sabbatique, c’était en 2005. »
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En mars 2020, le calendrier chargé de concerts du groupe se voit brutalement stoppé par la pandémie. Les musiciens décident d’exploiter leur temps confiné pour s’atteler enfin à l’écriture de compositions. Les premières sessions commencent à distance par l’intermédiaire du logiciel vidéo Zoom, chacun des membres se trouvant loin des autres : James Hetfield dans le Colorado, Lars Ulrich à San Francisco, le bassiste Robert Trujillo à Santa Monica et le guitariste Kirk Hammett à Hawaï, le tout étant supervisé à Los Angeles par Greg Fidelman, ingénieur du son et coproducteur – et « cinquième membre » du groupe, souligne le flegmatique batteur. Mais, très vite, la technologie montre ses limites : jouer ensemble en temps réel se révèle un casse-tête, du fait du retard inhérent à la vitesse de connexion. « C’était plutôt drôle, se remémore le batteur. Nous passions la moitié de la journée à essayer de jouer à distance, puis l’autre à discuter au téléphone avec des ingénieurs et des techniciens de la Silicon Valley pour essayer de résoudre ces problèmes techniques. Personne ne savait si on resterait confinés durant cinq ou dix ans. C’étaient des temps sombres et de grande incertitude. Mais, en même temps, nous étions reconnaissants d’être tous en bonne santé et de pouvoir rester créatifs, tout en sachant que tant de gens étaient bien plus mal lotis que nous. »
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