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De “La Pirate” à “Boxes”, Jane Birkin au cinéma en dix rôles inoubliables - Télérama.fr

De “La Pirate” à “Boxes”, Birkin a marqué le cinéma de sa présence drôle ou tragique, toujours puissante dans ses incarnations.

Jane Birkin et Agnès Varda sur le tournage de « Kung-fu Master », sorti en 1987.

Jane Birkin et Agnès Varda sur le tournage de « Kung-fu Master », sorti en 1987. Ciné Tamaris

Par Frédéric Strauss, Anne Dessuant, Samuel Douhaire, Cécile Mury, Guillemette Odicino

Publié le 18 juillet 2023 à 16h47

Jane Birkin déboule au cinéma en plein Swinging London, dans une scène troublante et dénudée. Tout en jambes et sourire éclatant, elle sera, sur l’écran, à la fois drôle et tragique. Comme toujours, Jane Birkin a mené sa carrière d’actrice comme elle menait sa vie, en mélangeant l’intime et le public. Elle a joué pour les hommes de sa vie (Gainsbourg, Doillon…), avec ses filles, dans sa maison, à la fois Jane et tant d’autres… S’il fallait en choisir dix, on pourrait passer d’une débutante à une pirate des écrans, de la comédie au cinéma d’auteur.

“Blow-Up”, de Michelangelo Antonioni (1967)

Jane Birkin a tout juste 20 ans et seulement trois petits rôles au cinéma derrière elle quand Michelangelo Antonioni l’engage pour son évocation du Londres des Swinging Sixties. Son personnage ? Une mannequin que le héros photographe incarné par David Hemmings va martyriser le temps d’une séance très déshabillée. « Mon mari [John Barry] était persuadé que j’oserais jamais tourner nue vu que j’éteignais la lumière pour faire l’amour. J’ai donc accepté la scène par défi », racontera l’actrice bien des années plus tard avec sa franchise habituelle. Le scandale provoqué par la scène en question, aussi courte soit-elle, fera beaucoup pour sa popularité, notamment en France… S.D.

“La Piscine”, de Jacques Deray (1969)

Jane Birkin dans « La Piscine », de Jacques Deray.

Jane Birkin dans « La Piscine », de Jacques Deray. SNC

Jane a 22 ans, c’est la première fois qu’elle joue dans un long métrage français. Elle est Pénélope, la fille de Harry (Maurice Ronet), ancien amant de Marianne (Romy Schneider), en couple avec Jean-Paul (Alain Delon). Les trois autres sont des stars mais impossible de détacher son regard de ce corps si gracile et sexy à la fois, de ce regard qui réussit à rêver et provoquer de concert. Dans son maillot de bain blanc, elle marche comme on danse dans cette villa à Ramatuelle, met un disque sur la platine, et Delon est scotché par cette créature venue d’ailleurs, dessinée, destinée à faire fondre la caméra. — G.O.

“La moutarde me monte au nez”, de Claude Zidi (1974)

Première collaboration comique entre Claude Zidi, Pierre Richard et Jane Birkin, avant La Course à l’échalote, un an plus tard. Tout en soie blanche et boucles vaporeuses, Jane B. interprète Jackie Logan, une star de cinéma qui, à la suite d’improbables concours de circonstances, croise la route d’un petit prof de maths gaffeur (Pierre Richard). Entre les deux, l’alchimie est parfaite : le charme gracile et l’autodérision de l’une, le tempo burlesque de l’autre électrisent cette gentille comédie populaire typique des années 1970. Quelque part entre son guépard apprivoisé — alias « Minou » — et les références pour rire à L’Ange bleu, de Joseph von Sternberg, Jane Birkin invente un personnage féminin inédit, qui lui collera à la peau, entre vamp et titi, sex-symbol malicieux d’une décennie plus libre. — C.M.

“Je t’aime moi non plus”, de Serge Gainsbourg (1976)

Jane Birkin dans « Je t’aime, moi non plus », de Serge Gainsbourg.

Jane Birkin dans « Je t’aime, moi non plus », de Serge Gainsbourg. Renn Productions

Pour reprendre les mots de Jacques Morice dans Télérama, le premier film réalisé par Gainsbourg est l’histoire d’« une fille androgyne [qui] tombe amoureuse d’un beau camionneur pédé qui, d’un commun accord, la sodomise violemment, la faisant tellement hurler (de douleur ou de plaisir ?) qu’ils ont nulle part où aller. » La garçonne, bien sûr, c’est Jane B., en débardeur blanc et cheveux (en moumoute) coupés très court, bien plus troublante que le film lui-même (singulier certes, mais très daté), en particulier quand elle suçote des asperges à la crème. « Serge m’a filmée telle que j’étais vraiment : moi-même », assurera-t-elle à Télérama quarante-cinq après le tournage… — S.D.

“La Pirate”, de Jacques Doillon (1984)

« C’est l’un des plus beaux textes que j’ai eu à défendre », confiait Jane Birkin il y a deux ans au magazine Première. Elle restera pour toujours la bouleversante Alma, l’œil de ce film cyclone réalisé par Jacques Doillon, son compagnon d’alors, histoire d’amours passionnelles (au pluriel), dont elle est l’enjeu, le bourreau et la victime. Prise entre deux feux, celui de son mari (Andrew Birkin) et celui d’une femme qu’elle aime (Maruschka Detmers). Au Festival de Cannes, en 1984, la mise en scène à vif, tout en paroxysmes – autant que la représentation, alors fort rare, de l’homosexualité féminine –, déclencha un scandale. Jane Birkin affronta sans faiblir insultes et quolibets, et défendra le film jusqu’au bout de la projection officielle… et de sa vie d’actrice. — C.M.

“La Femme de ma vie”, de Régis Wargnier (1986)

Sorti l’année de ses 40 ans, ce film qui lui permit de décrocher sa seconde nomination au César de la meilleure actrice reste infiniment précieux pour apprécier l’actrice Jane Birkin. Derrière la caméra, Régis Wargnier, qui débute, la met en scène d’une manière nouvelle : entre deux hommes traumatisés par la tempête de l’alcoolisme, elle incarne une femme qui garde le cap. Une volonté protectrice et profondément aimante émane d’elle, si souvent douée pour la fragilité. Il y a aussi une puissance chez Jane Birkin, plus secrète. Dans ce film, sa force de vie est omniprésente. Et elle n’a jamais été aussi belle. — F.S.

“Kung-fu Master”, d’Agnès Varda (1988)

Mathieu Demy et Jane Birkin dans « Kung-fu Master », d’Agnès Varda.

Mathieu Demy et Jane Birkin dans « Kung-fu Master », d’Agnès Varda. Ciné Tamaris

« Jane, c’est un artichaut, disait Agnès Varda. Il y a beaucoup de feuilles savoureuses, un peu de foin, et au fond, on trouve un cœur tendre et exquis. » En deux films, Jane B. par Agnès V. et Kung-fu Master, la réalisatrice entreprend de sonder ce « cœur tendre et exquis ». Si le premier film est un portrait de l’actrice à domicile, entourée de ses filles, l’ado Charlotte Gainsbourg et l’enfant Lou Doillon, le second est une étrange fiction tournée dans la foulée avec la même petite bande, sur une idée de Birkin : où elle est Mary-Jane, quadragénaire rêveuse et fragile aux cheveux courts, qui tombe amoureuse… d’un copain de sa fille. Dans le rôle dudit Julien, 14 ans (qui aime jouer à un jeu d’arcade nommé Kung-fu Master, d’où le titre insolite), Agnès Varda embauche son propre fils, Mathieu Demy. Drôle d’affaire de famille, dont le sujet passerait (très, très) mal aujourd’hui, mais que Jane Birkin parvient à nimber d’innocence frémissante et d’émois purement platoniques, en forme de nostalgie de sa propre adolescence. — C.M.

“La Belle Noiseuse”, de Jacques Rivette (1991)

Là encore, elle est pieds nus tout le temps de cet immense film sur la création et les femmes qui se brûlent au contact des génies. Dans l’immense demeure qu’elle partage avec un grand peintre (Michel Piccoli), elle est à la fois terrienne et aérienne. Elle dit : « C’est le salon des chimères, c’est la pièce que je repère car elle ne sert à rien. » Elle regarde Emmanuelle Béart devenir cette muse qu’elle fut, jadis, pour son mari, elle parle de la paix qui peut exister avec un tel homme après beaucoup de guerres. Rarement une actrice a aussi bien donné chair et voix à la douce résignation. Elle est sublime. — G.O.

“On connaît la chanson”, d’Alain Resnais (1997)

Jane Birkin et Jean-Pierre Bacri dans « On connaît la chanson », d’Alain Resnais.

Jane Birkin et Jean-Pierre Bacri dans « On connaît la chanson », d’Alain Resnais. Arena

Elle n’apparaît que trois minutes, à la gare du Nord. Elle dit « ça me plaît, moi, le vent, le froid…  », puis tente de convaincre son mari, incarné par Jean-Pierre Bacri, de cesser de jouer à l’homme fort. Sa supplique et sa colère sont d’une exactitude folle parmi toutes les scènes de couple du cinéma, puis elle entonne Quoi, car d’eux, il ne resterait que des cendres, et elle est la seule dans le film à chanter sa propre chanson. Puis elle reprend le train, mais sa grâce continue de planer en son absence. — G.O.

“Boxes”, de Jane Birkin (2007)

Une femme, dans sa grande maison bretonne, entourée de ses trois filles qu’elle a eues de trois maris différents, se confronte à ses souvenirs… Pour sa première réalisation, Jane Birkin se met à nu comme jamais avec une lucidité parfois glaçante. Elle passe d’un fantôme de sa vie à l’autre, son père, ses maris, sa mère, mais évoque aussi des présences absurdes et drôles comme ces Belges enfermés dans un placard ! Plaisir de l’autofiction et du jeu – Jane Birkin se révélait une formidable directrice d’acteurs –, Boxes est troublant à regarder aujourd’hui, émouvant et terrible pour ce qu’il dit des rapports parents-enfants. Il annonce étrangement le documentaire que sa fille réalisera quinze ans plus tard dans la même maison, Jane par Charlotte : les mêmes questions traversent les deux films, « Qu’est-ce qui te fait peur ? », « Est-ce que tu m’aimes ? »…A.D.

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De “La Pirate” à “Boxes”, Birkin a marqué le cinéma de sa présence drôle ou tragique, toujours puissante dans ses incarnations.

Jane Birkin et Agnès Varda sur le tournage de « Kung-fu Master », sorti en 1987.

Jane Birkin et Agnès Varda sur le tournage de « Kung-fu Master », sorti en 1987. Ciné Tamaris

Par Frédéric Strauss, Anne Dessuant, Samuel Douhaire, Cécile Mury, Guillemette Odicino

Publié le 18 juillet 2023 à 16h47

Jane Birkin déboule au cinéma en plein Swinging London, dans une scène troublante et dénudée. Tout en jambes et sourire éclatant, elle sera, sur l’écran, à la fois drôle et tragique. Comme toujours, Jane Birkin a mené sa carrière d’actrice comme elle menait sa vie, en mélangeant l’intime et le public. Elle a joué pour les hommes de sa vie (Gainsbourg, Doillon…), avec ses filles, dans sa maison, à la fois Jane et tant d’autres… S’il fallait en choisir dix, on pourrait passer d’une débutante à une pirate des écrans, de la comédie au cinéma d’auteur.

“Blow-Up”, de Michelangelo Antonioni (1967)

Jane Birkin a tout juste 20 ans et seulement trois petits rôles au cinéma derrière elle quand Michelangelo Antonioni l’engage pour son évocation du Londres des Swinging Sixties. Son personnage ? Une mannequin que le héros photographe incarné par David Hemmings va martyriser le temps d’une séance très déshabillée. « Mon mari [John Barry] était persuadé que j’oserais jamais tourner nue vu que j’éteignais la lumière pour faire l’amour. J’ai donc accepté la scène par défi », racontera l’actrice bien des années plus tard avec sa franchise habituelle. Le scandale provoqué par la scène en question, aussi courte soit-elle, fera beaucoup pour sa popularité, notamment en France… S.D.

“La Piscine”, de Jacques Deray (1969)

Jane Birkin dans « La Piscine », de Jacques Deray.

Jane Birkin dans « La Piscine », de Jacques Deray. SNC

Jane a 22 ans, c’est la première fois qu’elle joue dans un long métrage français. Elle est Pénélope, la fille de Harry (Maurice Ronet), ancien amant de Marianne (Romy Schneider), en couple avec Jean-Paul (Alain Delon). Les trois autres sont des stars mais impossible de détacher son regard de ce corps si gracile et sexy à la fois, de ce regard qui réussit à rêver et provoquer de concert. Dans son maillot de bain blanc, elle marche comme on danse dans cette villa à Ramatuelle, met un disque sur la platine, et Delon est scotché par cette créature venue d’ailleurs, dessinée, destinée à faire fondre la caméra. — G.O.

“La moutarde me monte au nez”, de Claude Zidi (1974)

Première collaboration comique entre Claude Zidi, Pierre Richard et Jane Birkin, avant La Course à l’échalote, un an plus tard. Tout en soie blanche et boucles vaporeuses, Jane B. interprète Jackie Logan, une star de cinéma qui, à la suite d’improbables concours de circonstances, croise la route d’un petit prof de maths gaffeur (Pierre Richard). Entre les deux, l’alchimie est parfaite : le charme gracile et l’autodérision de l’une, le tempo burlesque de l’autre électrisent cette gentille comédie populaire typique des années 1970. Quelque part entre son guépard apprivoisé — alias « Minou » — et les références pour rire à L’Ange bleu, de Joseph von Sternberg, Jane Birkin invente un personnage féminin inédit, qui lui collera à la peau, entre vamp et titi, sex-symbol malicieux d’une décennie plus libre. — C.M.

“Je t’aime moi non plus”, de Serge Gainsbourg (1976)

Jane Birkin dans « Je t’aime, moi non plus », de Serge Gainsbourg.

Jane Birkin dans « Je t’aime, moi non plus », de Serge Gainsbourg. Renn Productions

Pour reprendre les mots de Jacques Morice dans Télérama, le premier film réalisé par Gainsbourg est l’histoire d’« une fille androgyne [qui] tombe amoureuse d’un beau camionneur pédé qui, d’un commun accord, la sodomise violemment, la faisant tellement hurler (de douleur ou de plaisir ?) qu’ils ont nulle part où aller. » La garçonne, bien sûr, c’est Jane B., en débardeur blanc et cheveux (en moumoute) coupés très court, bien plus troublante que le film lui-même (singulier certes, mais très daté), en particulier quand elle suçote des asperges à la crème. « Serge m’a filmée telle que j’étais vraiment : moi-même », assurera-t-elle à Télérama quarante-cinq après le tournage… — S.D.

“La Pirate”, de Jacques Doillon (1984)

« C’est l’un des plus beaux textes que j’ai eu à défendre », confiait Jane Birkin il y a deux ans au magazine Première. Elle restera pour toujours la bouleversante Alma, l’œil de ce film cyclone réalisé par Jacques Doillon, son compagnon d’alors, histoire d’amours passionnelles (au pluriel), dont elle est l’enjeu, le bourreau et la victime. Prise entre deux feux, celui de son mari (Andrew Birkin) et celui d’une femme qu’elle aime (Maruschka Detmers). Au Festival de Cannes, en 1984, la mise en scène à vif, tout en paroxysmes – autant que la représentation, alors fort rare, de l’homosexualité féminine –, déclencha un scandale. Jane Birkin affronta sans faiblir insultes et quolibets, et défendra le film jusqu’au bout de la projection officielle… et de sa vie d’actrice. — C.M.

“La Femme de ma vie”, de Régis Wargnier (1986)

Sorti l’année de ses 40 ans, ce film qui lui permit de décrocher sa seconde nomination au César de la meilleure actrice reste infiniment précieux pour apprécier l’actrice Jane Birkin. Derrière la caméra, Régis Wargnier, qui débute, la met en scène d’une manière nouvelle : entre deux hommes traumatisés par la tempête de l’alcoolisme, elle incarne une femme qui garde le cap. Une volonté protectrice et profondément aimante émane d’elle, si souvent douée pour la fragilité. Il y a aussi une puissance chez Jane Birkin, plus secrète. Dans ce film, sa force de vie est omniprésente. Et elle n’a jamais été aussi belle. — F.S.

“Kung-fu Master”, d’Agnès Varda (1988)

Mathieu Demy et Jane Birkin dans « Kung-fu Master », d’Agnès Varda.

Mathieu Demy et Jane Birkin dans « Kung-fu Master », d’Agnès Varda. Ciné Tamaris

« Jane, c’est un artichaut, disait Agnès Varda. Il y a beaucoup de feuilles savoureuses, un peu de foin, et au fond, on trouve un cœur tendre et exquis. » En deux films, Jane B. par Agnès V. et Kung-fu Master, la réalisatrice entreprend de sonder ce « cœur tendre et exquis ». Si le premier film est un portrait de l’actrice à domicile, entourée de ses filles, l’ado Charlotte Gainsbourg et l’enfant Lou Doillon, le second est une étrange fiction tournée dans la foulée avec la même petite bande, sur une idée de Birkin : où elle est Mary-Jane, quadragénaire rêveuse et fragile aux cheveux courts, qui tombe amoureuse… d’un copain de sa fille. Dans le rôle dudit Julien, 14 ans (qui aime jouer à un jeu d’arcade nommé Kung-fu Master, d’où le titre insolite), Agnès Varda embauche son propre fils, Mathieu Demy. Drôle d’affaire de famille, dont le sujet passerait (très, très) mal aujourd’hui, mais que Jane Birkin parvient à nimber d’innocence frémissante et d’émois purement platoniques, en forme de nostalgie de sa propre adolescence. — C.M.

“La Belle Noiseuse”, de Jacques Rivette (1991)

Là encore, elle est pieds nus tout le temps de cet immense film sur la création et les femmes qui se brûlent au contact des génies. Dans l’immense demeure qu’elle partage avec un grand peintre (Michel Piccoli), elle est à la fois terrienne et aérienne. Elle dit : « C’est le salon des chimères, c’est la pièce que je repère car elle ne sert à rien. » Elle regarde Emmanuelle Béart devenir cette muse qu’elle fut, jadis, pour son mari, elle parle de la paix qui peut exister avec un tel homme après beaucoup de guerres. Rarement une actrice a aussi bien donné chair et voix à la douce résignation. Elle est sublime. — G.O.

“On connaît la chanson”, d’Alain Resnais (1997)

Jane Birkin et Jean-Pierre Bacri dans « On connaît la chanson », d’Alain Resnais.

Jane Birkin et Jean-Pierre Bacri dans « On connaît la chanson », d’Alain Resnais. Arena

Elle n’apparaît que trois minutes, à la gare du Nord. Elle dit « ça me plaît, moi, le vent, le froid…  », puis tente de convaincre son mari, incarné par Jean-Pierre Bacri, de cesser de jouer à l’homme fort. Sa supplique et sa colère sont d’une exactitude folle parmi toutes les scènes de couple du cinéma, puis elle entonne Quoi, car d’eux, il ne resterait que des cendres, et elle est la seule dans le film à chanter sa propre chanson. Puis elle reprend le train, mais sa grâce continue de planer en son absence. — G.O.

“Boxes”, de Jane Birkin (2007)

Une femme, dans sa grande maison bretonne, entourée de ses trois filles qu’elle a eues de trois maris différents, se confronte à ses souvenirs… Pour sa première réalisation, Jane Birkin se met à nu comme jamais avec une lucidité parfois glaçante. Elle passe d’un fantôme de sa vie à l’autre, son père, ses maris, sa mère, mais évoque aussi des présences absurdes et drôles comme ces Belges enfermés dans un placard ! Plaisir de l’autofiction et du jeu – Jane Birkin se révélait une formidable directrice d’acteurs –, Boxes est troublant à regarder aujourd’hui, émouvant et terrible pour ce qu’il dit des rapports parents-enfants. Il annonce étrangement le documentaire que sa fille réalisera quinze ans plus tard dans la même maison, Jane par Charlotte : les mêmes questions traversent les deux films, « Qu’est-ce qui te fait peur ? », « Est-ce que tu m’aimes ? »…A.D.

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