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Mort de Philippe Curval, pionnier et orfèvre de la science-fiction - Le Monde

Philippe Curval lors de la soirée « L’Eté littéraire des Deux Magots » dédiée à Boris Vian, en 2019, à Paris.

Il aura traversé près de soixante-dix ans d’art et de littérature en grand pionnier et orfèvre de la science-fiction (et de ses abords), en son sens le plus large, le plus éclectique et le plus noble.

Né le 27 décembre 1929 à Paris, ayant abandonné les études à 17 ans, en même temps qu’une famille placée sous le signe de la médecine mais néanmoins tôt convertie à l’art en général et au surréalisme en particulier, Philippe Curval vécut un temps de divers petits boulots, avant de devenir photographe puis, étant parvenu à éviter le service militaire en Algérie, libraire de science-fiction (dont il est déjà passionné), chez Valérie Schmidt, rue des Beaux-Arts, où il fréquente d’autres pionniers du genre, mais aussi Michel Butor, Boris Vian ou Roland Topor. Il est ainsi l’un des instigateurs de l’exposition fondatrice « Présence du Futur », en 1954. Il sera aussi, un temps, visiteur médical et, tout le temps, voyageur impénitent.

Eclectique en diable, il écrit des nouvelles et des romans (son premier sera publié en 1960), réalise des collages picturaux et photographiques (passion qu’il poursuivra toute sa vie, culminant avec sa puissante série de « décollages » dans Les Nouveaux Mystères de la chambre noire, éd. La Volte, en 2019) et rédige des critiques littéraires, d’abord pour les revues spécialisées qui viennent alors de naître, Fiction et Satellite, plus tard pour Le Monde et pour Le Magazine littéraire.

Récompenses et anthologies

En 1962, son deuxième roman, Le Ressac de l’espace (Hachette/Gallimard, réédité chez La Volte en 2022), qui déjà pose la question fondamentale pour l’auteur, celle du bonheur, est couronné par le prix Jules-Verne, avant que viennent le consacrer les deux plus prestigieuses récompenses de la science-fiction française. D’abord le Grand Prix de l’imaginaire en 1975 pour L’Homme à rebours (Robert Laffont, 1974), qui mêle la plus audacieuse science-fiction à l’expérimentation littéraire rendue accessible. Puis, en 1977, le prix Apollo pour Cette chère humanité (Robert Laffont, 1976), si visionnaire avec son Europe du « Marcom » repliée sur elle-même, « marché commun » que l’on retrouvera dans son recueil de romans de 2016, L’Europe après la pluie (La Volte).

Curieux et généreux, il conçoit deux anthologies dédiées à des autrices et des auteurs alors débutants ou presque (Futurs au présent, en 1978, et Superfuturs, en 1986, publiés tous deux chez Denoël), qui révéleront notamment Serge Brussolo, Colette Fayard, Bruno Lecigne, Jean-Marc Ligny, Wildy Petoud ou encore Dominique Warfa.

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Philippe Curval lors de la soirée « L’Eté littéraire des Deux Magots » dédiée à Boris Vian, en 2019, à Paris.

Il aura traversé près de soixante-dix ans d’art et de littérature en grand pionnier et orfèvre de la science-fiction (et de ses abords), en son sens le plus large, le plus éclectique et le plus noble.

Né le 27 décembre 1929 à Paris, ayant abandonné les études à 17 ans, en même temps qu’une famille placée sous le signe de la médecine mais néanmoins tôt convertie à l’art en général et au surréalisme en particulier, Philippe Curval vécut un temps de divers petits boulots, avant de devenir photographe puis, étant parvenu à éviter le service militaire en Algérie, libraire de science-fiction (dont il est déjà passionné), chez Valérie Schmidt, rue des Beaux-Arts, où il fréquente d’autres pionniers du genre, mais aussi Michel Butor, Boris Vian ou Roland Topor. Il est ainsi l’un des instigateurs de l’exposition fondatrice « Présence du Futur », en 1954. Il sera aussi, un temps, visiteur médical et, tout le temps, voyageur impénitent.

Eclectique en diable, il écrit des nouvelles et des romans (son premier sera publié en 1960), réalise des collages picturaux et photographiques (passion qu’il poursuivra toute sa vie, culminant avec sa puissante série de « décollages » dans Les Nouveaux Mystères de la chambre noire, éd. La Volte, en 2019) et rédige des critiques littéraires, d’abord pour les revues spécialisées qui viennent alors de naître, Fiction et Satellite, plus tard pour Le Monde et pour Le Magazine littéraire.

Récompenses et anthologies

En 1962, son deuxième roman, Le Ressac de l’espace (Hachette/Gallimard, réédité chez La Volte en 2022), qui déjà pose la question fondamentale pour l’auteur, celle du bonheur, est couronné par le prix Jules-Verne, avant que viennent le consacrer les deux plus prestigieuses récompenses de la science-fiction française. D’abord le Grand Prix de l’imaginaire en 1975 pour L’Homme à rebours (Robert Laffont, 1974), qui mêle la plus audacieuse science-fiction à l’expérimentation littéraire rendue accessible. Puis, en 1977, le prix Apollo pour Cette chère humanité (Robert Laffont, 1976), si visionnaire avec son Europe du « Marcom » repliée sur elle-même, « marché commun » que l’on retrouvera dans son recueil de romans de 2016, L’Europe après la pluie (La Volte).

Curieux et généreux, il conçoit deux anthologies dédiées à des autrices et des auteurs alors débutants ou presque (Futurs au présent, en 1978, et Superfuturs, en 1986, publiés tous deux chez Denoël), qui révéleront notamment Serge Brussolo, Colette Fayard, Bruno Lecigne, Jean-Marc Ligny, Wildy Petoud ou encore Dominique Warfa.

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