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« Sages-Femmes » : sueurs froides dans les couloirs de la maternité face à la caméra de Léa Fehner - Le Monde

Image extraite du film « Sages-Femmes », de Léa Fehner.

Le cinéma français pouponne : depuis quelques années, les réalisateurs et (souvent) réalisatrices s’immergent dans les maternités pour filmer au plus près le métier de sage-femme, sous-valorisé, pris dans la tourmente des diminutions d’effectifs et des enjeux de rentabilité. Que va-t-il rester du « plus beau métier du monde », ancré dans le soin et l’accompagnement des femmes ? Les cinéastes tournent au milieu des pouponnières comme auparavant ils posaient leur caméra dans les usines en crise. Dans Voir le jour (2019), de Marion Laine, une auxiliaire de maternité (Sandrine Bonnaire) se retrouvait mise à l’index à la suite d’une prise en charge trop tardive d’un accouchement, lequel avait tourné au drame.

Le sujet promet de l’émotion, en plus de sa coloration féministe et sororale. On pleure, on rit – devant Enorme (2020), de Sophie Letourneur, avec Marina Foïs et Jonathan Cohen – et la comédie prend une tonalité sociétale lorsque les rôles sont inversés : Sage-Homme, de Jennifer Devoldère, avec Karin Viard et Melvin Boomer, qui suit les premiers pas d’un étudiant découvrant sa vocation, a enregistré plus de 600 000 entrées début 2023. Et l’on ne compte plus les documentaires sur l’accouchement à domicile – même si tous ne sortent pas en salle.

On ne connaissait pas le genre hitchcockien, à vous donner des sueurs froides. C’est chose faite avec Sages-Femmes, de Léa Fehner. Dans son troisième long-métrage – Qu’un seul tienne et les autres suivront (2009) et Les Ogres (2016) –, la réalisatrice filme le quotidien d’une maternité comme un service d’urgences : les soignants courent d’une chambre à l’autre et l’accident n’est jamais loin – le film est né de l’expérience douloureuse de la réalisatrice lors de son accouchement.

Sur le fond, rien de bien nouveau sous la lumière des néons : les problèmes ont été maintes fois posés, et les cas de figure se ressemblent d’un film à l’autre (le bébé qui meurt, les parents effondrés…). Mais la cinéaste a fait le choix d’associer les sages-femmes à la fabrique du film, du scénario au montage, ce qui rend cette fiction d’autant plus glaçante, et aussi touchante – car il y a tout de même quelques heureux événements.

Belles découvertes

Autre parti pris de Léa Fehner, qui donne tout son sens au collectif : ce sont de jeunes comédiens, issus notamment du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, qui jouent les rôles principaux, et non des têtes d’affiche. Parmi les belles découvertes, l’actrice et metteuse en scène Khadija Kouyaté : elle interprète Sofia, sage-femme angoissée qui installe impeccablement le suspense ; citons aussi Héloïse Janjaud, tout en empathie et dévouement, ainsi que Quentin Vernede, incarnation burlesque de la déconstruction masculine, dans le rôle d’un interne qui ne sait pas où se mettre dans tout ce bazar.

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Le cinéma français pouponne : depuis quelques années, les réalisateurs et (souvent) réalisatrices s’immergent dans les maternités pour filmer au plus près le métier de sage-femme, sous-valorisé, pris dans la tourmente des diminutions d’effectifs et des enjeux de rentabilité. Que va-t-il rester du « plus beau métier du monde », ancré dans le soin et l’accompagnement des femmes ? Les cinéastes tournent au milieu des pouponnières comme auparavant ils posaient leur caméra dans les usines en crise. Dans Voir le jour (2019), de Marion Laine, une auxiliaire de maternité (Sandrine Bonnaire) se retrouvait mise à l’index à la suite d’une prise en charge trop tardive d’un accouchement, lequel avait tourné au drame.

Le sujet promet de l’émotion, en plus de sa coloration féministe et sororale. On pleure, on rit – devant Enorme (2020), de Sophie Letourneur, avec Marina Foïs et Jonathan Cohen – et la comédie prend une tonalité sociétale lorsque les rôles sont inversés : Sage-Homme, de Jennifer Devoldère, avec Karin Viard et Melvin Boomer, qui suit les premiers pas d’un étudiant découvrant sa vocation, a enregistré plus de 600 000 entrées début 2023. Et l’on ne compte plus les documentaires sur l’accouchement à domicile – même si tous ne sortent pas en salle.

On ne connaissait pas le genre hitchcockien, à vous donner des sueurs froides. C’est chose faite avec Sages-Femmes, de Léa Fehner. Dans son troisième long-métrage – Qu’un seul tienne et les autres suivront (2009) et Les Ogres (2016) –, la réalisatrice filme le quotidien d’une maternité comme un service d’urgences : les soignants courent d’une chambre à l’autre et l’accident n’est jamais loin – le film est né de l’expérience douloureuse de la réalisatrice lors de son accouchement.

Sur le fond, rien de bien nouveau sous la lumière des néons : les problèmes ont été maintes fois posés, et les cas de figure se ressemblent d’un film à l’autre (le bébé qui meurt, les parents effondrés…). Mais la cinéaste a fait le choix d’associer les sages-femmes à la fabrique du film, du scénario au montage, ce qui rend cette fiction d’autant plus glaçante, et aussi touchante – car il y a tout de même quelques heureux événements.

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Autre parti pris de Léa Fehner, qui donne tout son sens au collectif : ce sont de jeunes comédiens, issus notamment du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, qui jouent les rôles principaux, et non des têtes d’affiche. Parmi les belles découvertes, l’actrice et metteuse en scène Khadija Kouyaté : elle interprète Sofia, sage-femme angoissée qui installe impeccablement le suspense ; citons aussi Héloïse Janjaud, tout en empathie et dévouement, ainsi que Quentin Vernede, incarnation burlesque de la déconstruction masculine, dans le rôle d’un interne qui ne sait pas où se mettre dans tout ce bazar.

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