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Le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, artiste latino-américain emblématique, est mort - Le Monde

« Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, le peintre de notre violence et de notre paix » : c’est par ces mots que le président colombien, Gustavo Petro, a annoncé la mort du plus célèbre des artistes colombiens sur les réseaux sociaux. L’artiste a été emporté par une pneumonie, vendredi 15 septembre, à son domicile de Monaco, à l’âge de 91 ans. Il laisse derrière lui une œuvre pléthorique, riche de plus de 3 000 tableaux et 300 sculptures.

Né à Medellin en 1932, dans un milieu modeste, Botero était un autodidacte assumé, à l’œuvre atypique et à la très longue carrière, puisqu’il aura consacré plus de soixante-dix ans à son travail. Adolescent, il commence à s’intéresser à l’art à travers la tauromachie, et il n’a que 16 ans lorsque ses dessins sont publiés dans le supplément dominical de l’un des principaux journaux de Medellin.

En 1951, il quitte sa ville natale pour la capitale, Bogota, où il se nourrit des écrivains du réalisme magique et présente sa première exposition individuelle dans une galerie. A 20 ans, il remporte un prix, dont il décide d’utiliser la dotation pour voyager en Europe. Il se rend en Espagne, à Paris, puis en Italie, notamment à Florence. Partout, il visite les grands musées, s’imprègne des maîtres anciens, en particulier Velazquez et Goya, Giotto, Masaccio, Piero della Francesca, Paolo Uccello, et se forme. En 1955, le retour à Bogota, où il ne réussit pas à vivre de son art, est difficile.

C’est à 25 ans, en 1957, qu’il a la révélation en dessinant une Nature morte à la mandoline : « J’avais toujours cherché à rendre le monumental dans mon œuvre. Un jour, (…) j’ai pris un crayon au hasard et j’ai dessiné une mandoline aux formes très amples comme je le faisais toujours. Mais au moment de dessiner le trou au milieu de l’instrument, je l’ai fait beaucoup plus petit et, soudain la mandoline a pris des proportions d’une monumentalité extraordinaire », a expliqué l’artiste. Une nouvelle dimension apparaissait, « plus volumétrique », « plus extravagante » aussi.

Fernando Botero lors du vernissage d’une de ses expositions, à l’église Sant’Agostino de Pietrasanta (Italie), le 6 juillet 2012.
Au musée Botero de Bogota, le 15 septembre 2023.

Il arrive à New York en 1960. A cette époque, le minimalisme, l’expressionnisme abstrait et le pop art dominent. « J’ai continué avec obstination à faire la peinture que je devais faire. (…) L’histoire de l’art est faite de gens qui ont senti la peinture différemment », déclarait-il au Monde en 1985. Son obstination paie, et c’est à New York que sa carrière va décoller dans les années 1970. Bien qu’à contre-courant, Botero a foi en la puissance picturale et la poésie de son style iconoclaste, qui mue ses personnages impassibles aux joues rondes et aux corps aussi hiératiques que voluptueux en ogres capables d’assimiler l’histoire de l’art comme l’actualité. Quand on lui demandait si ses personnages étaient « gros », Botero répondait : « Non, ils ont du volume ; c’est magique, c’est sensuel. Et c’est ça qui me passionne : retrouver le volume que la peinture contemporaine a complètement oublié. »

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« Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, le peintre de notre violence et de notre paix » : c’est par ces mots que le président colombien, Gustavo Petro, a annoncé la mort du plus célèbre des artistes colombiens sur les réseaux sociaux. L’artiste a été emporté par une pneumonie, vendredi 15 septembre, à son domicile de Monaco, à l’âge de 91 ans. Il laisse derrière lui une œuvre pléthorique, riche de plus de 3 000 tableaux et 300 sculptures.

Né à Medellin en 1932, dans un milieu modeste, Botero était un autodidacte assumé, à l’œuvre atypique et à la très longue carrière, puisqu’il aura consacré plus de soixante-dix ans à son travail. Adolescent, il commence à s’intéresser à l’art à travers la tauromachie, et il n’a que 16 ans lorsque ses dessins sont publiés dans le supplément dominical de l’un des principaux journaux de Medellin.

En 1951, il quitte sa ville natale pour la capitale, Bogota, où il se nourrit des écrivains du réalisme magique et présente sa première exposition individuelle dans une galerie. A 20 ans, il remporte un prix, dont il décide d’utiliser la dotation pour voyager en Europe. Il se rend en Espagne, à Paris, puis en Italie, notamment à Florence. Partout, il visite les grands musées, s’imprègne des maîtres anciens, en particulier Velazquez et Goya, Giotto, Masaccio, Piero della Francesca, Paolo Uccello, et se forme. En 1955, le retour à Bogota, où il ne réussit pas à vivre de son art, est difficile.

C’est à 25 ans, en 1957, qu’il a la révélation en dessinant une Nature morte à la mandoline : « J’avais toujours cherché à rendre le monumental dans mon œuvre. Un jour, (…) j’ai pris un crayon au hasard et j’ai dessiné une mandoline aux formes très amples comme je le faisais toujours. Mais au moment de dessiner le trou au milieu de l’instrument, je l’ai fait beaucoup plus petit et, soudain la mandoline a pris des proportions d’une monumentalité extraordinaire », a expliqué l’artiste. Une nouvelle dimension apparaissait, « plus volumétrique », « plus extravagante » aussi.

Fernando Botero lors du vernissage d’une de ses expositions, à l’église Sant’Agostino de Pietrasanta (Italie), le 6 juillet 2012.
Au musée Botero de Bogota, le 15 septembre 2023.

Il arrive à New York en 1960. A cette époque, le minimalisme, l’expressionnisme abstrait et le pop art dominent. « J’ai continué avec obstination à faire la peinture que je devais faire. (…) L’histoire de l’art est faite de gens qui ont senti la peinture différemment », déclarait-il au Monde en 1985. Son obstination paie, et c’est à New York que sa carrière va décoller dans les années 1970. Bien qu’à contre-courant, Botero a foi en la puissance picturale et la poésie de son style iconoclaste, qui mue ses personnages impassibles aux joues rondes et aux corps aussi hiératiques que voluptueux en ogres capables d’assimiler l’histoire de l’art comme l’actualité. Quand on lui demandait si ses personnages étaient « gros », Botero répondait : « Non, ils ont du volume ; c’est magique, c’est sensuel. Et c’est ça qui me passionne : retrouver le volume que la peinture contemporaine a complètement oublié. »

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