Ni une ni deux. Moins d’une semaine après la diffusion sur France 2 de l’émission « Complément d’enquête » intitulée « La Chute de l’ogre » consacrée à Gérard Depardieu, le premier ministre du Québec, François Legault (nationaliste, centre droit), a décidé mercredi 13 décembre de radier l’acteur français de l’Ordre national du Québec, en lui retirant son titre de chevalier. « Les propos scandaleux tenus par Gérard Depardieu devant les caméras ont choqué le public international, avec raison. Son comportement entache la réputation des membres de l’Ordre », a signifié le chef du gouvernement, après une recommandation unanime des membres du conseil.
Filmée il y a cinq ans lors d’un voyage en Corée du Nord, la séquence du documentaire diffusé le 7 décembre montrait l’acteur, volontiers qualifié de « monstre sacré du cinéma français », multipliant les propos misogynes et insultants envers les femmes, y compris à propos d’une fillette. Le 10 décembre, dans un cinglant éditorial du Journal de Montréal, la journaliste Sophie Durocher retirait à l’acteur le qualificatif de « sacré » pour ne plus retenir que sa qualité de « monstre » : « Depardieu est-il un agresseur sexuel ? [il a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles en décembre 2020]. Ce sera à la justice française de trancher, après l’examen complet de deux plaintes à son sujet. Depardieu est-il un être grossier, vulgaire, un obsédé sexuel déplacé et dégoûtant ? Pas besoin d’une commission d’enquête pour répondre oui », écrivait-elle, révoltée par tous ceux qui dans le documentaire prenaient la défense du comédien en haussant les épaules, au motif que « c’est Gérard, il est comme ça, Gérard… ».
La plus prestigieuse des décorations québécoises, créée en 1984, ayant pour devise « Honneur au peuple du Québec », avait été remise à l’artiste en 2002 par le premier ministre de l’époque, Bernard Landry (Parti québécois). Ce jour-là, l’acteur était apparu le visage tuméfié, à la suite d’un accident de moto survenu quelques jours plus tôt. Le gouvernement québécois avait tenu à rendre un hommage appuyé à celui qui contribuait alors au rayonnement du cinéma français à travers le monde francophone.
« Gros dégueulasse »
Car si Gérard Depardieu n’avait pas obtenu l’Oscar à Hollywood pour son rôle dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau en 1990, déjà en raison de propos tenus lors d’un entretien au Times, concernant le viol auquel il aurait pendant sa jeunesse « assisté » ou « participé », selon les traductions retenues en anglais, il avait, cette année-là, conquis les spectateurs de la province francophone du Canada. Après le succès obtenu au Festival de Cannes, où l’acteur s’était vu décerner le prix d’interprétation masculine, c’est d’ailleurs à Montréal que l’équipe du film avait commencé sa tournée en Amérique du Nord, face à un public enthousiaste. Quelques années plus tard, au printemps 2018, Gérard Depardieu, chanteur, avait fait salle comble au Grand Théâtre de Québec et à l’Olympia à Montréal pour son spectacle de reprises des chansons de Barbara, sachant à l’occasion flatter le patriotisme culturel de ses lointains cousins d’Amérique. « J’ai toujours trouvé que les Canadiens étaient forts dans les textes, que ce soit avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault ou Robert Charlebois, que Barbara aimait beaucoup. Et puis, il y a cette fabuleuse Céline Dion, qui a une voix étonnante. Les Canadiens ont des voix magnifiques, comme les Russes, d’ailleurs », déclarait-il à l’époque dans un entretien accordé à un journal québécois.
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Read AgainNi une ni deux. Moins d’une semaine après la diffusion sur France 2 de l’émission « Complément d’enquête » intitulée « La Chute de l’ogre » consacrée à Gérard Depardieu, le premier ministre du Québec, François Legault (nationaliste, centre droit), a décidé mercredi 13 décembre de radier l’acteur français de l’Ordre national du Québec, en lui retirant son titre de chevalier. « Les propos scandaleux tenus par Gérard Depardieu devant les caméras ont choqué le public international, avec raison. Son comportement entache la réputation des membres de l’Ordre », a signifié le chef du gouvernement, après une recommandation unanime des membres du conseil.
Filmée il y a cinq ans lors d’un voyage en Corée du Nord, la séquence du documentaire diffusé le 7 décembre montrait l’acteur, volontiers qualifié de « monstre sacré du cinéma français », multipliant les propos misogynes et insultants envers les femmes, y compris à propos d’une fillette. Le 10 décembre, dans un cinglant éditorial du Journal de Montréal, la journaliste Sophie Durocher retirait à l’acteur le qualificatif de « sacré » pour ne plus retenir que sa qualité de « monstre » : « Depardieu est-il un agresseur sexuel ? [il a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles en décembre 2020]. Ce sera à la justice française de trancher, après l’examen complet de deux plaintes à son sujet. Depardieu est-il un être grossier, vulgaire, un obsédé sexuel déplacé et dégoûtant ? Pas besoin d’une commission d’enquête pour répondre oui », écrivait-elle, révoltée par tous ceux qui dans le documentaire prenaient la défense du comédien en haussant les épaules, au motif que « c’est Gérard, il est comme ça, Gérard… ».
La plus prestigieuse des décorations québécoises, créée en 1984, ayant pour devise « Honneur au peuple du Québec », avait été remise à l’artiste en 2002 par le premier ministre de l’époque, Bernard Landry (Parti québécois). Ce jour-là, l’acteur était apparu le visage tuméfié, à la suite d’un accident de moto survenu quelques jours plus tôt. Le gouvernement québécois avait tenu à rendre un hommage appuyé à celui qui contribuait alors au rayonnement du cinéma français à travers le monde francophone.
« Gros dégueulasse »
Car si Gérard Depardieu n’avait pas obtenu l’Oscar à Hollywood pour son rôle dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau en 1990, déjà en raison de propos tenus lors d’un entretien au Times, concernant le viol auquel il aurait pendant sa jeunesse « assisté » ou « participé », selon les traductions retenues en anglais, il avait, cette année-là, conquis les spectateurs de la province francophone du Canada. Après le succès obtenu au Festival de Cannes, où l’acteur s’était vu décerner le prix d’interprétation masculine, c’est d’ailleurs à Montréal que l’équipe du film avait commencé sa tournée en Amérique du Nord, face à un public enthousiaste. Quelques années plus tard, au printemps 2018, Gérard Depardieu, chanteur, avait fait salle comble au Grand Théâtre de Québec et à l’Olympia à Montréal pour son spectacle de reprises des chansons de Barbara, sachant à l’occasion flatter le patriotisme culturel de ses lointains cousins d’Amérique. « J’ai toujours trouvé que les Canadiens étaient forts dans les textes, que ce soit avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault ou Robert Charlebois, que Barbara aimait beaucoup. Et puis, il y a cette fabuleuse Céline Dion, qui a une voix étonnante. Les Canadiens ont des voix magnifiques, comme les Russes, d’ailleurs », déclarait-il à l’époque dans un entretien accordé à un journal québécois.
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