Search

Gérard Depardieu déchu de l'Ordre national du Québec - Le Monde

Gérard Depardieu reçoit le titre de chevalier de l’ordre national du Québec, de la part du premier ministre Bernard Landry, le 31 août 2002, à Montréal. L’acteur  s’était blessé au visage lors d’un accident de moto survenu peu de temps avant.

Ni une ni deux. Moins d’une semaine après la diffusion sur France 2 de l’émission « Complément d’enquête » intitulée « La Chute de l’ogre » consacrée à Gérard Depardieu, le premier ministre du Québec, François Legault (nationaliste, centre droit), a décidé mercredi 13 décembre de radier l’acteur français de l’Ordre national du Québec, en lui retirant son titre de chevalier. « Les propos scandaleux tenus par Gérard Depardieu devant les caméras ont choqué le public international, avec raison. Son comportement entache la réputation des membres de l’Ordre », a signifié le chef du gouvernement, après une recommandation unanime des membres du conseil.

Filmée il y a cinq ans lors d’un voyage en Corée du Nord, la séquence du documentaire diffusé le 7 décembre montrait l’acteur, volontiers qualifié de « monstre sacré du cinéma français », multipliant les propos misogynes et insultants envers les femmes, y compris à propos d’une fillette. Le 10 décembre, dans un cinglant éditorial du Journal de Montréal, la journaliste Sophie Durocher retirait à l’acteur le qualificatif de « sacré » pour ne plus retenir que sa qualité de « monstre » : « Depardieu est-il un agresseur sexuel ? [il a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles en décembre 2020]. Ce sera à la justice française de trancher, après l’examen complet de deux plaintes à son sujet. Depardieu est-il un être grossier, vulgaire, un obsédé sexuel déplacé et dégoûtant ? Pas besoin d’une commission d’enquête pour répondre oui », écrivait-elle, révoltée par tous ceux qui dans le documentaire prenaient la défense du comédien en haussant les épaules, au motif que « c’est Gérard, il est comme ça, Gérard… ».

La plus prestigieuse des décorations québécoises, créée en 1984, ayant pour devise « Honneur au peuple du Québec », avait été remise à l’artiste en 2002 par le premier ministre de l’époque, Bernard Landry (Parti québécois). Ce jour-là, l’acteur était apparu le visage tuméfié, à la suite d’un accident de moto survenu quelques jours plus tôt. Le gouvernement québécois avait tenu à rendre un hommage appuyé à celui qui contribuait alors au rayonnement du cinéma français à travers le monde francophone.

« Gros dégueulasse »

Car si Gérard Depardieu n’avait pas obtenu l’Oscar à Hollywood pour son rôle dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau en 1990, déjà en raison de propos tenus lors d’un entretien au Times, concernant le viol auquel il aurait pendant sa jeunesse « assisté » ou « participé », selon les traductions retenues en anglais, il avait, cette année-là, conquis les spectateurs de la province francophone du Canada. Après le succès obtenu au Festival de Cannes, où l’acteur s’était vu décerner le prix d’interprétation masculine, c’est d’ailleurs à Montréal que l’équipe du film avait commencé sa tournée en Amérique du Nord, face à un public enthousiaste. Quelques années plus tard, au printemps 2018, Gérard Depardieu, chanteur, avait fait salle comble au Grand Théâtre de Québec et à l’Olympia à Montréal pour son spectacle de reprises des chansons de Barbara, sachant à l’occasion flatter le patriotisme culturel de ses lointains cousins d’Amérique. « J’ai toujours trouvé que les Canadiens étaient forts dans les textes, que ce soit avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault ou Robert Charlebois, que Barbara aimait beaucoup. Et puis, il y a cette fabuleuse Céline Dion, qui a une voix étonnante. Les Canadiens ont des voix magnifiques, comme les Russes, d’ailleurs », déclarait-il à l’époque dans un entretien accordé à un journal québécois.

Il vous reste 25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)

Read Again
Gérard Depardieu reçoit le titre de chevalier de l’ordre national du Québec, de la part du premier ministre Bernard Landry, le 31 août 2002, à Montréal. L’acteur  s’était blessé au visage lors d’un accident de moto survenu peu de temps avant.

Ni une ni deux. Moins d’une semaine après la diffusion sur France 2 de l’émission « Complément d’enquête » intitulée « La Chute de l’ogre » consacrée à Gérard Depardieu, le premier ministre du Québec, François Legault (nationaliste, centre droit), a décidé mercredi 13 décembre de radier l’acteur français de l’Ordre national du Québec, en lui retirant son titre de chevalier. « Les propos scandaleux tenus par Gérard Depardieu devant les caméras ont choqué le public international, avec raison. Son comportement entache la réputation des membres de l’Ordre », a signifié le chef du gouvernement, après une recommandation unanime des membres du conseil.

Filmée il y a cinq ans lors d’un voyage en Corée du Nord, la séquence du documentaire diffusé le 7 décembre montrait l’acteur, volontiers qualifié de « monstre sacré du cinéma français », multipliant les propos misogynes et insultants envers les femmes, y compris à propos d’une fillette. Le 10 décembre, dans un cinglant éditorial du Journal de Montréal, la journaliste Sophie Durocher retirait à l’acteur le qualificatif de « sacré » pour ne plus retenir que sa qualité de « monstre » : « Depardieu est-il un agresseur sexuel ? [il a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles en décembre 2020]. Ce sera à la justice française de trancher, après l’examen complet de deux plaintes à son sujet. Depardieu est-il un être grossier, vulgaire, un obsédé sexuel déplacé et dégoûtant ? Pas besoin d’une commission d’enquête pour répondre oui », écrivait-elle, révoltée par tous ceux qui dans le documentaire prenaient la défense du comédien en haussant les épaules, au motif que « c’est Gérard, il est comme ça, Gérard… ».

La plus prestigieuse des décorations québécoises, créée en 1984, ayant pour devise « Honneur au peuple du Québec », avait été remise à l’artiste en 2002 par le premier ministre de l’époque, Bernard Landry (Parti québécois). Ce jour-là, l’acteur était apparu le visage tuméfié, à la suite d’un accident de moto survenu quelques jours plus tôt. Le gouvernement québécois avait tenu à rendre un hommage appuyé à celui qui contribuait alors au rayonnement du cinéma français à travers le monde francophone.

« Gros dégueulasse »

Car si Gérard Depardieu n’avait pas obtenu l’Oscar à Hollywood pour son rôle dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau en 1990, déjà en raison de propos tenus lors d’un entretien au Times, concernant le viol auquel il aurait pendant sa jeunesse « assisté » ou « participé », selon les traductions retenues en anglais, il avait, cette année-là, conquis les spectateurs de la province francophone du Canada. Après le succès obtenu au Festival de Cannes, où l’acteur s’était vu décerner le prix d’interprétation masculine, c’est d’ailleurs à Montréal que l’équipe du film avait commencé sa tournée en Amérique du Nord, face à un public enthousiaste. Quelques années plus tard, au printemps 2018, Gérard Depardieu, chanteur, avait fait salle comble au Grand Théâtre de Québec et à l’Olympia à Montréal pour son spectacle de reprises des chansons de Barbara, sachant à l’occasion flatter le patriotisme culturel de ses lointains cousins d’Amérique. « J’ai toujours trouvé que les Canadiens étaient forts dans les textes, que ce soit avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault ou Robert Charlebois, que Barbara aimait beaucoup. Et puis, il y a cette fabuleuse Céline Dion, qui a une voix étonnante. Les Canadiens ont des voix magnifiques, comme les Russes, d’ailleurs », déclarait-il à l’époque dans un entretien accordé à un journal québécois.

Il vous reste 25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Gérard Depardieu déchu de l'Ordre national du Québec - Le Monde"

Post a Comment

Powered by Blogger.