La "mémoire du cinéma français", comme on le surnommait depuis que son nom se confondait avec les jaquettes de milliers de trésors du 7e art réédités avec passion, est décédé dans la plus grande discrétion en tout début de semaine dernière dans le golfe de Saint-Tropez.
Tropézien depuis 1985
Bien que souffrant depuis un certain temps, il gardait ce faux air de Gary Cooper dandy et durant longtemps le poids de ses mille vies (journaliste, photographe, propriétaire de cinémas, éditeur, producteur, collectionneur...) ne semblait pas peser sur ses épaules.
René Chateau, né en juillet 1939 au Mans, est toutefois pourtant toujours resté ultra-discret sur son âge... À l’évocation de son parcours, un générique digne d’un Walk of fame défile. De Belmondo à Bruce Lee en passant par Brando, qu’il photographia pour Vogue.
L’éditeur qui avait pris pour emblème une panthère noire avait fait de sa villa des Parcs acquise en mai 1985, un sanctuaire de toutes ses rééditions vidéos dont les affiches constellaient son salon. Il avait découvert ce lieu de résidence des "rich & famous" de Saint-Tropez grâce à Jean Sobieski, l’un des maris de Dalida.
Sa "Maison Bruce Lee"
Et s’il surnommait son hôtel particulier du XVIe "la maison Bruce Lee", il répondait rayonnant "C’est parce que je le lui dois! J’ai découvert Big boss dans un cinéma de Dakar, à côté d’un bidonville. Les fauteuils étaient en ciment et il y avait du sable au sol, mais je sentais que quelque chose se passait. La salle était surchauffée et je suis ressorti scotché! Je cherchais des films pour mes trois salles de cinéma du Hollywood Boulevard. J’ai repris la distribution et ce fut un carton, alors qu’avant, le kung-fu était aussi mal vu que le porno en France", racontait celui qui fut le compagnon de Brigitte Lahaie.
L’histoire se répétera avec Massacre à la tronçonneuse...
"J’avais acheté les droits de ce chef-d’œuvre de titre après l’avoir visionné à la Quinzaine à Cannes. Malgré les cinq ministres de la Culture qui se sont succédé et le buzz autour du film, je n’ai pu l’exploiter car il était interdit en salles. Au bout de cinq ans, j’allais perdre les droits lorsque j’ai eu l’idée de contourner la loi en le sortant en vidéo. Cela m’a coûté l’équivalent de 5.000 euros. Ce fut un triomphe. Aujourd’hui un peu de Tobe Hooper (le réalisateur du film, Ndlr) est dans ma vigne au pied de la villa!", avait-il coutume de plaisanter lorsqu’il ouvrait grand l’armoire aux souvenirs.
L’amitié avec Bébel avant l’usure...
Son amitié la plus célèbre fut celle avec Jean-Paul Belmondo. Rencontré en 1965 sur le tournage de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, il cheminait de concert à l’époque où Bébel était le roi du box-office.
"C’est ici, dans les Parcs où je louais à l’époque la villa Thalassa, que j’ai décidé, en compagnie de Jean-Paul Belmondo, de devenir distributeur. Notre association en a fait le seul acteur au monde, depuis Charlie Chaplin, à être distributeur de ses propres films", révélait-il fièrement.
Flic ou voyou, Le Guignolo, Le Professionnel, Le Marginal, L’As des as, Les Morfalous..., furent quelques-uns de leurs succès communs, avant une séparation qu’il expliquait volontiers, mais avec pudeur.
"C’est venu de l’usure... Comme beaucoup de couples, au bout de dix-huit ans, la complicité s’est envolée. La cassure s’est produite durant le tournage de Joyeuses Pâques. On s’est notamment accroché sur le panneau promo conçu pour le Festival de Cannes... Mais je n’en garde aucune amertume. J’admire le sens inné de la comédie de l’acteur. Ce que n’a jamais eu Delon, même si je l’adore", concluait-il.
Ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité ce jeudi au crématorium de Vidauban.
Read AgainLa "mémoire du cinéma français", comme on le surnommait depuis que son nom se confondait avec les jaquettes de milliers de trésors du 7e art réédités avec passion, est décédé dans la plus grande discrétion en tout début de semaine dernière dans le golfe de Saint-Tropez.
Tropézien depuis 1985
Bien que souffrant depuis un certain temps, il gardait ce faux air de Gary Cooper dandy et durant longtemps le poids de ses mille vies (journaliste, photographe, propriétaire de cinémas, éditeur, producteur, collectionneur...) ne semblait pas peser sur ses épaules.
René Chateau, né en juillet 1939 au Mans, est toutefois pourtant toujours resté ultra-discret sur son âge... À l’évocation de son parcours, un générique digne d’un Walk of fame défile. De Belmondo à Bruce Lee en passant par Brando, qu’il photographia pour Vogue.
L’éditeur qui avait pris pour emblème une panthère noire avait fait de sa villa des Parcs acquise en mai 1985, un sanctuaire de toutes ses rééditions vidéos dont les affiches constellaient son salon. Il avait découvert ce lieu de résidence des "rich & famous" de Saint-Tropez grâce à Jean Sobieski, l’un des maris de Dalida.
Sa "Maison Bruce Lee"
Et s’il surnommait son hôtel particulier du XVIe "la maison Bruce Lee", il répondait rayonnant "C’est parce que je le lui dois! J’ai découvert Big boss dans un cinéma de Dakar, à côté d’un bidonville. Les fauteuils étaient en ciment et il y avait du sable au sol, mais je sentais que quelque chose se passait. La salle était surchauffée et je suis ressorti scotché! Je cherchais des films pour mes trois salles de cinéma du Hollywood Boulevard. J’ai repris la distribution et ce fut un carton, alors qu’avant, le kung-fu était aussi mal vu que le porno en France", racontait celui qui fut le compagnon de Brigitte Lahaie.
L’histoire se répétera avec Massacre à la tronçonneuse...
"J’avais acheté les droits de ce chef-d’œuvre de titre après l’avoir visionné à la Quinzaine à Cannes. Malgré les cinq ministres de la Culture qui se sont succédé et le buzz autour du film, je n’ai pu l’exploiter car il était interdit en salles. Au bout de cinq ans, j’allais perdre les droits lorsque j’ai eu l’idée de contourner la loi en le sortant en vidéo. Cela m’a coûté l’équivalent de 5.000 euros. Ce fut un triomphe. Aujourd’hui un peu de Tobe Hooper (le réalisateur du film, Ndlr) est dans ma vigne au pied de la villa!", avait-il coutume de plaisanter lorsqu’il ouvrait grand l’armoire aux souvenirs.
L’amitié avec Bébel avant l’usure...
Son amitié la plus célèbre fut celle avec Jean-Paul Belmondo. Rencontré en 1965 sur le tournage de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, il cheminait de concert à l’époque où Bébel était le roi du box-office.
"C’est ici, dans les Parcs où je louais à l’époque la villa Thalassa, que j’ai décidé, en compagnie de Jean-Paul Belmondo, de devenir distributeur. Notre association en a fait le seul acteur au monde, depuis Charlie Chaplin, à être distributeur de ses propres films", révélait-il fièrement.
Flic ou voyou, Le Guignolo, Le Professionnel, Le Marginal, L’As des as, Les Morfalous..., furent quelques-uns de leurs succès communs, avant une séparation qu’il expliquait volontiers, mais avec pudeur.
"C’est venu de l’usure... Comme beaucoup de couples, au bout de dix-huit ans, la complicité s’est envolée. La cassure s’est produite durant le tournage de Joyeuses Pâques. On s’est notamment accroché sur le panneau promo conçu pour le Festival de Cannes... Mais je n’en garde aucune amertume. J’admire le sens inné de la comédie de l’acteur. Ce que n’a jamais eu Delon, même si je l’adore", concluait-il.
Ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité ce jeudi au crématorium de Vidauban.
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