La 77ᵉ édition du Festival de Cannes débutait ce mardi soir à travers une cérémonie d’ouverture menée avec rythme et légèreté par une Camille Cottin qui réussit à renouveler l’exercice.
Publié le 14 mai 2024 à 22h42
Mis à jour le 15 mai 2024 à 11h42
Qu’est-ce qui différencie une cérémonie d’ouverture ratée d’une cérémonie d’ouverture réussie ? Ne nous trompons pas, l’exercice est difficile et on tenait pour acquis que celle de cette année, déjà plombée par une ambiance délétère, aurait du mal à tirer vers la légèreté sans sombrer dans la fausse note. La cérémonie d’ouverture d’un festival est le genre d’événement qui donne envie d’être suivi un verre de spritz à la main, ou deux, ou trois. L’image du chien Messi d’Anatomie d’une chute, seul sur le tapis rouge cannois, micro dans la gueule (qui ne sait pas encore qu’il va « interviewer » des artistes pendant la quinzaine ?), n’a fait que renforcer un petit sentiment de gêne, de blague surjouée qui devient un peu lourde à la fin, mais qui reste la meilleure à dispo. Plus tard, l’équipe du Deuxième Acte, le film de Quentin Dupieux diffusé à l’ouverture, a monté les marches dans un exercice classique. Les photographes ont crié « Léa, Léa, Léa ! » à Léa Seydoux, Vincent Lindon a marché sur sa robe, Raphaël Quenard a posé en joignant ses doigts à la façon de Jul et Manuel Guillot, l’illustre inconnu du film, était vraiment content d’être là, avec un petit air de Dominique Farrugia dans La Cité de la peur.
La peur, oui, c’est bien elle qui a grandi. La peur de subir une série de discours bien intentionnés et un peu longuets qui allait probablement rendre l’écriture de cet article très rapide et néanmoins un peu pénible. C’était sans compter le bagou, le naturel et le travail de Camille Cottin. La maîtresse de cérémonie se lance d’abord à travers un long slam dans une peinture drôle et engagée du « vortex cannois ». « Bienvenue dans un monde parallèle où l’espace, le temps, la santé deviennent des notions un peu floues », commence-t-elle, accompagnée d’une formation musicale qui varie les rythmes et les cordes, comme on alterne excitation et émotion. Puis elle décrit, amusée, ces deux semaines où « le jour et la nuit se confondent », cet endroit où la réalisation d’une coiffure peut prendre plus de temps que celle d’un court métrage et où les stars utilisent parfois la voiture pour parcourir 20 mètres. En quelques notes, Camille Cottin communique son exaltation, nous parle d’un Cannes qu’elle semble connaître sous toutes les (hautes) coutures et dont elle a fini par aimer jusqu’aux absurdités.
Plus que tout, elle n’omet pas les sujets qui nourrissent les conversations depuis des jours : elle décoche une flèche à Weinstein et tous ses semblables, évoque plus tard « le plus gros méchant de tous les temps, le patriarcat », souligne le déséquilibre de genre dans la compétition (« quatre femmes téméraires, dix-huit hommes valeureux »). Dans un jeu d’équilibriste qu’elle mène avec un joyeux naturel, elle donne de nouveau envie de croire qu’il y a des raisons de se réjouir du cinéma. « Ce n’est pas un monde parallèle, ce rendez-vous des cinéphiles du monde entier existe », finit-elle. Quand elle accueille le jury, toute la salle du Grand Théâtre Lumière, tout Cannes aime Camille Cottin.
"Les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d'hôtel des messieurs tout-puissants ne font plus partie du vortex cannois."
L'interlude musical de Camille Cottin, pour ouvrir le Festival de Cannes.#Cannes2024 pic.twitter.com/G3bY7YDDa4
— france.tv cinéma (@francetvcinema) May 14, 2024
Dix minutes plus tard, Zaho de Sagazan donne un nouveau coup de fouet à l’événement en interprétant Modern Love de David Bowie, chanson phare du film Frances Ha (2012), dans lequel la présidente du jury, Greta Gerwig, joue et qu’elle a coécrit. La réalisatrice accueille la prestation surprise avec un immense sourire et chante depuis son fauteuil tandis que Zaho de Sagazan ôte ses chaussures, monte sur scène et virevolte, en chaussettes et en liberté. La jeune Française finit son interprétation les yeux dans les yeux avec Greta Gerwig. Vite, une suite !
L’autre star de la soirée, Meryl Streep, a reçu sa Palme d’honneur des mains de Juliette Binoche, à fleur de peau durant son hommage, d’une facture plus traditionnelle. L’actrice américaine finit par lui renvoyer son admiration. « J’ai vu La Passion de Dodin Bouffant vendredi dernier et j’étais en larmes en me couchant. J’étais tellement triste que vous soyez morte ! » lance-t-elle. Meryl Streep n’avait pas été invitée à Cannes depuis trente-cinq ans. À l’époque, elle approchait la quarantaine et pensait que sa carrière était derrière elle. La standing ovation de ce mardi soir lui prouve qu’elle n’en était qu’à la moitié et montre à quel point les femmes artistes veulent aujourd’hui conquérir les places à prendre.
Read AgainLa 77ᵉ édition du Festival de Cannes débutait ce mardi soir à travers une cérémonie d’ouverture menée avec rythme et légèreté par une Camille Cottin qui réussit à renouveler l’exercice.
Publié le 14 mai 2024 à 22h42
Mis à jour le 15 mai 2024 à 11h42
Qu’est-ce qui différencie une cérémonie d’ouverture ratée d’une cérémonie d’ouverture réussie ? Ne nous trompons pas, l’exercice est difficile et on tenait pour acquis que celle de cette année, déjà plombée par une ambiance délétère, aurait du mal à tirer vers la légèreté sans sombrer dans la fausse note. La cérémonie d’ouverture d’un festival est le genre d’événement qui donne envie d’être suivi un verre de spritz à la main, ou deux, ou trois. L’image du chien Messi d’Anatomie d’une chute, seul sur le tapis rouge cannois, micro dans la gueule (qui ne sait pas encore qu’il va « interviewer » des artistes pendant la quinzaine ?), n’a fait que renforcer un petit sentiment de gêne, de blague surjouée qui devient un peu lourde à la fin, mais qui reste la meilleure à dispo. Plus tard, l’équipe du Deuxième Acte, le film de Quentin Dupieux diffusé à l’ouverture, a monté les marches dans un exercice classique. Les photographes ont crié « Léa, Léa, Léa ! » à Léa Seydoux, Vincent Lindon a marché sur sa robe, Raphaël Quenard a posé en joignant ses doigts à la façon de Jul et Manuel Guillot, l’illustre inconnu du film, était vraiment content d’être là, avec un petit air de Dominique Farrugia dans La Cité de la peur.
La peur, oui, c’est bien elle qui a grandi. La peur de subir une série de discours bien intentionnés et un peu longuets qui allait probablement rendre l’écriture de cet article très rapide et néanmoins un peu pénible. C’était sans compter le bagou, le naturel et le travail de Camille Cottin. La maîtresse de cérémonie se lance d’abord à travers un long slam dans une peinture drôle et engagée du « vortex cannois ». « Bienvenue dans un monde parallèle où l’espace, le temps, la santé deviennent des notions un peu floues », commence-t-elle, accompagnée d’une formation musicale qui varie les rythmes et les cordes, comme on alterne excitation et émotion. Puis elle décrit, amusée, ces deux semaines où « le jour et la nuit se confondent », cet endroit où la réalisation d’une coiffure peut prendre plus de temps que celle d’un court métrage et où les stars utilisent parfois la voiture pour parcourir 20 mètres. En quelques notes, Camille Cottin communique son exaltation, nous parle d’un Cannes qu’elle semble connaître sous toutes les (hautes) coutures et dont elle a fini par aimer jusqu’aux absurdités.
Plus que tout, elle n’omet pas les sujets qui nourrissent les conversations depuis des jours : elle décoche une flèche à Weinstein et tous ses semblables, évoque plus tard « le plus gros méchant de tous les temps, le patriarcat », souligne le déséquilibre de genre dans la compétition (« quatre femmes téméraires, dix-huit hommes valeureux »). Dans un jeu d’équilibriste qu’elle mène avec un joyeux naturel, elle donne de nouveau envie de croire qu’il y a des raisons de se réjouir du cinéma. « Ce n’est pas un monde parallèle, ce rendez-vous des cinéphiles du monde entier existe », finit-elle. Quand elle accueille le jury, toute la salle du Grand Théâtre Lumière, tout Cannes aime Camille Cottin.
"Les rendez-vous professionnels nocturnes dans les chambres d'hôtel des messieurs tout-puissants ne font plus partie du vortex cannois."
L'interlude musical de Camille Cottin, pour ouvrir le Festival de Cannes.#Cannes2024 pic.twitter.com/G3bY7YDDa4
— france.tv cinéma (@francetvcinema) May 14, 2024
Dix minutes plus tard, Zaho de Sagazan donne un nouveau coup de fouet à l’événement en interprétant Modern Love de David Bowie, chanson phare du film Frances Ha (2012), dans lequel la présidente du jury, Greta Gerwig, joue et qu’elle a coécrit. La réalisatrice accueille la prestation surprise avec un immense sourire et chante depuis son fauteuil tandis que Zaho de Sagazan ôte ses chaussures, monte sur scène et virevolte, en chaussettes et en liberté. La jeune Française finit son interprétation les yeux dans les yeux avec Greta Gerwig. Vite, une suite !
L’autre star de la soirée, Meryl Streep, a reçu sa Palme d’honneur des mains de Juliette Binoche, à fleur de peau durant son hommage, d’une facture plus traditionnelle. L’actrice américaine finit par lui renvoyer son admiration. « J’ai vu La Passion de Dodin Bouffant vendredi dernier et j’étais en larmes en me couchant. J’étais tellement triste que vous soyez morte ! » lance-t-elle. Meryl Streep n’avait pas été invitée à Cannes depuis trente-cinq ans. À l’époque, elle approchait la quarantaine et pensait que sa carrière était derrière elle. La standing ovation de ce mardi soir lui prouve qu’elle n’en était qu’à la moitié et montre à quel point les femmes artistes veulent aujourd’hui conquérir les places à prendre.
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