
Une femme fait claquer ses talons hauts sur la terrasse panoramique de l’hôtel Marriott – l’un des plus courus de la Croisette. Elle s’est incrustée au culot, sans badge ni bagage, esquivant plusieurs barrages de sécurité. Elle dégaine son téléphone, filme aussitôt la scène qui s’offre à elle, avant qu’un colosse ne la stoppe dans ses élans : « Madame, que faites-vous là ? – Je suis maquilleuse… – Avec qui travaillez-vous ? – Heu, avec… Sébastien. – Il n’y a pas de Sébastien ici. Sortez. » L’instagrameuse insiste, le butor n’avale pas ses craques, et la refoule sans ménagement.
Quel Graal, au juste, était-elle venue admirer ? Selena Gomez, 31 ans, 428 millions de followers sur Instagram, accessoirement actrice, chanteuse, militante. En ce resplendissant 18 mai, nous avons été plus vernis que la chasseuse de stories : les bonnes fées de la promo nous ont octroyé dix minutes, top chrono, en face-à-face avec l’Américaine.
Elle les emploiera essentiellement à dire le plus grand bien de la comédie musicale Emilia Perez, le dixième long-métrage de Jacques Audiard (en compétition), dont elle tient l’un des rôles principaux. « J’ai découvert le cinéma de Jacques avec De Rouille et d’os (2012), glisse-t-elle doucement. Depuis, j’ai vu tous ses films. C’est un cinéaste d’une grande intelligence, profond, drôle parfois, qui n’hésite pas à essayer de nouvelles choses. Il est très rafraîchissant. »
Mots pesés, voix posée
Robe Beaumont rouge et blanche à motifs floraux, queue-de-cheval impeccablement nouée, maquillage discret, sa mise est plus sobre que celle de l’épouse éplorée qu’elle campe à l’écran – une latina teinte en blonde et plantureuse, portant le deuil de son narcotrafiquant de mari. « Cette femme, très naïve au début, est transformée par la terrible perte qu’elle subit, confie Selena Gomez au sujet de ce personnage ignorant que, si son mari s’est fait passer pour mort, c’est pour mieux changer de sexe. Elle se cherche, oublie l’amour qu’elle éprouvait pour lui, déraille. Sous des dehors durs, elle cache une grande vulnérabilité. Je n’ai pas traversé ce qu’elle a vécu, mais j’ai adoré l’interpréter. »
Les mots sont pesés, la voix posée. Depuis plusieurs années, de documentaires en conférences, dans les médias grand public comme sur ses réseaux sociaux, la jeune femme a mis à nu ses fragilités – les troubles physiologiques et psychologiques induits par sa greffe de rein, en 2017, notamment. Des failles très anciennes, pour certaines : révélée, comme d’autres vedettes de sa génération, par l’écurie Disney (la série Les Sorciers de Waverly Place, 2007-2013), Selena Gomez est sous les feux de la rampe depuis l’enfance.
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Une femme fait claquer ses talons hauts sur la terrasse panoramique de l’hôtel Marriott – l’un des plus courus de la Croisette. Elle s’est incrustée au culot, sans badge ni bagage, esquivant plusieurs barrages de sécurité. Elle dégaine son téléphone, filme aussitôt la scène qui s’offre à elle, avant qu’un colosse ne la stoppe dans ses élans : « Madame, que faites-vous là ? – Je suis maquilleuse… – Avec qui travaillez-vous ? – Heu, avec… Sébastien. – Il n’y a pas de Sébastien ici. Sortez. » L’instagrameuse insiste, le butor n’avale pas ses craques, et la refoule sans ménagement.
Quel Graal, au juste, était-elle venue admirer ? Selena Gomez, 31 ans, 428 millions de followers sur Instagram, accessoirement actrice, chanteuse, militante. En ce resplendissant 18 mai, nous avons été plus vernis que la chasseuse de stories : les bonnes fées de la promo nous ont octroyé dix minutes, top chrono, en face-à-face avec l’Américaine.
Elle les emploiera essentiellement à dire le plus grand bien de la comédie musicale Emilia Perez, le dixième long-métrage de Jacques Audiard (en compétition), dont elle tient l’un des rôles principaux. « J’ai découvert le cinéma de Jacques avec De Rouille et d’os (2012), glisse-t-elle doucement. Depuis, j’ai vu tous ses films. C’est un cinéaste d’une grande intelligence, profond, drôle parfois, qui n’hésite pas à essayer de nouvelles choses. Il est très rafraîchissant. »
Mots pesés, voix posée
Robe Beaumont rouge et blanche à motifs floraux, queue-de-cheval impeccablement nouée, maquillage discret, sa mise est plus sobre que celle de l’épouse éplorée qu’elle campe à l’écran – une latina teinte en blonde et plantureuse, portant le deuil de son narcotrafiquant de mari. « Cette femme, très naïve au début, est transformée par la terrible perte qu’elle subit, confie Selena Gomez au sujet de ce personnage ignorant que, si son mari s’est fait passer pour mort, c’est pour mieux changer de sexe. Elle se cherche, oublie l’amour qu’elle éprouvait pour lui, déraille. Sous des dehors durs, elle cache une grande vulnérabilité. Je n’ai pas traversé ce qu’elle a vécu, mais j’ai adoré l’interpréter. »
Les mots sont pesés, la voix posée. Depuis plusieurs années, de documentaires en conférences, dans les médias grand public comme sur ses réseaux sociaux, la jeune femme a mis à nu ses fragilités – les troubles physiologiques et psychologiques induits par sa greffe de rein, en 2017, notamment. Des failles très anciennes, pour certaines : révélée, comme d’autres vedettes de sa génération, par l’écurie Disney (la série Les Sorciers de Waverly Place, 2007-2013), Selena Gomez est sous les feux de la rampe depuis l’enfance.
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