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#BalanceTonYoutubeur : "Il m'a demandé des photos de mes seins"

TÉMOIGNAGES - Sous le hashtag #BalanceTonYoutubeur, sur Twitter, plusieurs jeunes femmes dénoncent les agissements abusifs de certains Youtubeurs. Le réseau social de la vidéo, au public très jeune, est rattrapé par la vague MeToo.

Quand #MeToo s'étend au Youtube Game. Lundi 6 août, le youtubeur-star Squeezie, fort d'une communauté de plus de onze millions d'internautes, lâche un tweet explosif et énigmatique. Impliquant, sans citer de noms, que certaines figures du métier profitent de leur notoriété pour obtenir des faveurs sexuelles auprès de très jeunes femmes. Peu après, un hashtag apparaît : #BalanceurTonYoutubeur, lequel réunit plusieurs témoignages, dont certains proviennent de mineures. 

Plusieurs de ces jeunes femmes ont accepté de témoigner auprès de LCI. Les trois internautes qui se confient - et qui ont souhaité garder l'anonymat - ont été confrontées au comportement déplacé de Youtubeurs influents.

Je trouvais ça un peu gênantJustine

Justine* avait 15 ans en 2013. A cette époque, elle fréquente assidûment la communauté d'un Youtubeur important, qui organise des live, sortes de libre-antenne vidéo, autour du sexe. "J'étais une gamine, je commençais ma vie sexuelle, ça m'intéressait" nous raconte Justine. Peu après son arrivée sur ce live, où elle interagit beaucoup, Justine et le Youtubeur commencent à échanger par messages privés. "Je me suis prêtée au jeu", dit-elle. "Il faisait surtout des blagues sur le cul et parfois, ça partait sur des discussions plus précises, il déplaçait la discussion sur un aspect plus concret. Des blagues beauf, on a dévié sur des invitations à venir le voir en conventions (rencontres publiques avec des Youtubeurs, ndlr)". 

"A ce moment-là, il m'a demandé des photos de mes seins" précise la jeune femme, mineure au moment des faits. "Je trouvais ça un peu gênant, il ne m'intéressait pas, il était beaucoup plus vieux que moi, je le pensais en couple. Bref, cela me faisait un peu peur et du coup, j'ai refusé de le rencontrer." Suite à son refus, le Youtubeur entreprend de culpabiliser l'adolescente. Pendant un moment, il ne lui parle plus, avant de revenir à la charge. Au total, leurs échanges quotidiens durent entre quatre et cinq mois. 

J'ai reçu des photos de son sexe, de ses fesses...Barbara

L'histoire de Barbara se déroule à la même époque, en 2013. Ni Youtubeuse, ni "fan à proprement parler", cette jeune femme de 22 ans à l'époque est active dans le milieu du jeu vidéo et suit de près les contenus sur le sujet et le parcours de certains streamers (qui jouent en direct aux jeux vidéo). Elle échange particulièrement avec l'un d'entre eux, la trentaine environ, sur la plateforme d'un collectif dédié aux jeux vidéos.  "Je l'ai rencontré par Internet, tout ce milieu fonctionne exclusivement par Internet" raconte-t-elle à LCI. Les comportements inappropriés, dit-elle, ont commencé "assez longtemps après notre rencontre. Cela faisait un petit moment qu'on ne s'était pas vus. Au détour de discussions tout à fait classiques, j'ai reçu des photos de son sexe, de ses fesses. La première fois, je lui ai dis stop très vite, il a mis du temps avant de s'y remettre. Ce qui l'intéressait en fait, c'était de s'exhiber et de nous inclure ensuite dans ses fantasmes" analyse Barbara. 

Emma, quant à elle, "a été épargnée, côté dickpics non consenties", nous dit-elle. Mais, comme Barbara, elle s'est retrouvée aux prises avec ce même Youtubeur. Elle explique : "J'ai rencontré ce mec par le biais de mon copain de l'époque. On semblait bien s'entendre donc ça nous arrivait de discuter sur Facebook. Petit à petit, il a commencé à être gênant, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. C'était des messages où il me disait que j'étais le genre de filles qui l'excitaient. Il m'appelait 'maîtresse'. Je me disais que je me faisais sûrement un film toute seule. Avec des copines on a discuté et on s'est rendues compte qu'on était plusieurs à qui ce genre d'histoires étaient arrivées avec ce mec." Alors, à plusieurs, elles décident de dénoncer ses agissements sur Twitter, captures d'écran à l'appui. Résultat : le Youtubeur finit par être banni du collectif en ligne. 

Mais rares sont les cas où les jeunes femmes osent prendre la parole d'une part, nommer l'auteur des agissements d'autre part. Justine, qui regarde aujourd'hui avec recul ses conversations avec celui qu'elle a autrefois admiré, évoque un véritable mécanisme d'abus de faiblesse. Elle décrit : "Quand on parle à un gros vidéaste, on est impressionnées, on a envie de parler avec lui et de lui poser des questions. Quand il nous amène sur le terrain des sous-entendus, on se dit qu'on se fait une idée ou que ce sont juste des blagues, on est emprisonnées et on ne proteste pas de peur que la personne cesse de nous parler, nous trouve chiante, qu'il se mette à nous ignorer. On a envie de devenir leurs amis alors on se laisse faire, on a tendance à aller sur des terrains où on ne veut pas aller." Et de poursuivre : "Quand ça dérape, on se dit que c'est de notre faute, qu'on l'a bien cherché..." Un phénomène qui n'a rien de nouveau mais qui, à l'heure de Me Too, permet aux victimes de tels agissements de trouver une attention particulière.

* L'anonymat des jeunes femmes est préservé. 

Si vous souhaitez apporter votre témoignage, vous pouvez contacter l'auteure de cet article à cette adresse : acondomines@tf1.fr 

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TÉMOIGNAGES - Sous le hashtag #BalanceTonYoutubeur, sur Twitter, plusieurs jeunes femmes dénoncent les agissements abusifs de certains Youtubeurs. Le réseau social de la vidéo, au public très jeune, est rattrapé par la vague MeToo.

Quand #MeToo s'étend au Youtube Game. Lundi 6 août, le youtubeur-star Squeezie, fort d'une communauté de plus de onze millions d'internautes, lâche un tweet explosif et énigmatique. Impliquant, sans citer de noms, que certaines figures du métier profitent de leur notoriété pour obtenir des faveurs sexuelles auprès de très jeunes femmes. Peu après, un hashtag apparaît : #BalanceurTonYoutubeur, lequel réunit plusieurs témoignages, dont certains proviennent de mineures. 

Plusieurs de ces jeunes femmes ont accepté de témoigner auprès de LCI. Les trois internautes qui se confient - et qui ont souhaité garder l'anonymat - ont été confrontées au comportement déplacé de Youtubeurs influents.

Je trouvais ça un peu gênantJustine

Justine* avait 15 ans en 2013. A cette époque, elle fréquente assidûment la communauté d'un Youtubeur important, qui organise des live, sortes de libre-antenne vidéo, autour du sexe. "J'étais une gamine, je commençais ma vie sexuelle, ça m'intéressait" nous raconte Justine. Peu après son arrivée sur ce live, où elle interagit beaucoup, Justine et le Youtubeur commencent à échanger par messages privés. "Je me suis prêtée au jeu", dit-elle. "Il faisait surtout des blagues sur le cul et parfois, ça partait sur des discussions plus précises, il déplaçait la discussion sur un aspect plus concret. Des blagues beauf, on a dévié sur des invitations à venir le voir en conventions (rencontres publiques avec des Youtubeurs, ndlr)". 

"A ce moment-là, il m'a demandé des photos de mes seins" précise la jeune femme, mineure au moment des faits. "Je trouvais ça un peu gênant, il ne m'intéressait pas, il était beaucoup plus vieux que moi, je le pensais en couple. Bref, cela me faisait un peu peur et du coup, j'ai refusé de le rencontrer." Suite à son refus, le Youtubeur entreprend de culpabiliser l'adolescente. Pendant un moment, il ne lui parle plus, avant de revenir à la charge. Au total, leurs échanges quotidiens durent entre quatre et cinq mois. 

J'ai reçu des photos de son sexe, de ses fesses...Barbara

L'histoire de Barbara se déroule à la même époque, en 2013. Ni Youtubeuse, ni "fan à proprement parler", cette jeune femme de 22 ans à l'époque est active dans le milieu du jeu vidéo et suit de près les contenus sur le sujet et le parcours de certains streamers (qui jouent en direct aux jeux vidéo). Elle échange particulièrement avec l'un d'entre eux, la trentaine environ, sur la plateforme d'un collectif dédié aux jeux vidéos.  "Je l'ai rencontré par Internet, tout ce milieu fonctionne exclusivement par Internet" raconte-t-elle à LCI. Les comportements inappropriés, dit-elle, ont commencé "assez longtemps après notre rencontre. Cela faisait un petit moment qu'on ne s'était pas vus. Au détour de discussions tout à fait classiques, j'ai reçu des photos de son sexe, de ses fesses. La première fois, je lui ai dis stop très vite, il a mis du temps avant de s'y remettre. Ce qui l'intéressait en fait, c'était de s'exhiber et de nous inclure ensuite dans ses fantasmes" analyse Barbara. 

Emma, quant à elle, "a été épargnée, côté dickpics non consenties", nous dit-elle. Mais, comme Barbara, elle s'est retrouvée aux prises avec ce même Youtubeur. Elle explique : "J'ai rencontré ce mec par le biais de mon copain de l'époque. On semblait bien s'entendre donc ça nous arrivait de discuter sur Facebook. Petit à petit, il a commencé à être gênant, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. C'était des messages où il me disait que j'étais le genre de filles qui l'excitaient. Il m'appelait 'maîtresse'. Je me disais que je me faisais sûrement un film toute seule. Avec des copines on a discuté et on s'est rendues compte qu'on était plusieurs à qui ce genre d'histoires étaient arrivées avec ce mec." Alors, à plusieurs, elles décident de dénoncer ses agissements sur Twitter, captures d'écran à l'appui. Résultat : le Youtubeur finit par être banni du collectif en ligne. 

Mais rares sont les cas où les jeunes femmes osent prendre la parole d'une part, nommer l'auteur des agissements d'autre part. Justine, qui regarde aujourd'hui avec recul ses conversations avec celui qu'elle a autrefois admiré, évoque un véritable mécanisme d'abus de faiblesse. Elle décrit : "Quand on parle à un gros vidéaste, on est impressionnées, on a envie de parler avec lui et de lui poser des questions. Quand il nous amène sur le terrain des sous-entendus, on se dit qu'on se fait une idée ou que ce sont juste des blagues, on est emprisonnées et on ne proteste pas de peur que la personne cesse de nous parler, nous trouve chiante, qu'il se mette à nous ignorer. On a envie de devenir leurs amis alors on se laisse faire, on a tendance à aller sur des terrains où on ne veut pas aller." Et de poursuivre : "Quand ça dérape, on se dit que c'est de notre faute, qu'on l'a bien cherché..." Un phénomène qui n'a rien de nouveau mais qui, à l'heure de Me Too, permet aux victimes de tels agissements de trouver une attention particulière.

* L'anonymat des jeunes femmes est préservé. 

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