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Cascade submergeant l'Opéra, femme-fontaine et bottes pointure 2000... Voyage à Nantes humecte l'été - Le Figaro

Des trombes d'eau tombant en cascade sur l'Opéra, un lit à baldaquin qui flotte dans un canal ou un sexe féminin arrosant une fontaine: le Voyage à Nantes expose pendant deux mois une multitude d'œuvres d'art contemporain dans les rues de la cité des Ducs. «On s'est interdit les thématiques parce qu'elles sont contraignantes. En fait la thématique, c'est interpréter cette ville», explique Jean Blaise, le directeur artistique du festival qui démarre samedi et dure jusqu'au 27 septembre.

Pour «mettre l'art dans l'espace public», chaque été des places et bâtiments de Nantes et sa région sont investis par les artistes avec des constructions souvent monumentales, dont une partie reste à demeure après l'événement. La déambulation mènera cette année sur la place Graslin où le théâtre du XVIIIe siècle a été recouvert d'une cascade par Stéphane Thidet, qui avait introduit six loups dans les douves du château des Ducs de Bretagne pour le festival Estuaire, dont a découlé le Voyage à Nantes, rendez-vous annuel depuis 2012.

«Il y avait l'idée de garder, comme ce qu'on trouve derrière les cascades, cette légende que les trésors se trouvent derrière les tombées d'eau», a expliqué l'artiste qui a baptisé l'œuvre Rideau, car il entend jouer sur l'image du rideau de théâtre avec ces trombes d'eau tombant à grand fracas. Le rideau «masque le bâtiment et en même temps le rend vivant», ajoute-t-il, précisant que l'eau utilisée forme une boucle pour éviter toute déperdition.

Un peu plus loin a été installée la sculpture Fontaine, créée par Elsa Sahal en 2012, qui évoque le Manneken-Pis de Bruxelles. Cette structure en grès rose représente le bas d'un corps féminin en train d'uriner debout et «correspondait bien à l'espace de la fontaine de la place Royale», a estimé Jean Blaise.

Fontaine, d'Elsa Sahal, avait été exposé lors de la Fiac dans le jardin des Tuileries à Paris. ELSA SAHAL, FONTAINE, 2012. PARCOURS HORS LES MURS DE LA FIAC AU JARDIN DES TUILERIES, PARIS. PHOTO : DENIS AMON

Le Voyage à Nantes, qui attire habituellement quelque 650.000 visiteurs, a été décalé d'un mois par le coronavirus qui n'entravera pas son déroulement puisque la plupart des œuvres sont en extérieur comme les grands bustes immaculés installés sur l'île de Nantes par Nathalie Talec. «J'ai une obsession pour le blanc dans ce qu'il convoque d'aveuglement, de cécité», a expliqué l'artiste à propos d'In a Silent Way qui représente deux jeunes filles portant l'une un masque de réalité virtuelle et l'autre un casque audio. Nathalie Talec a voulu montrer «une figure un peu générique, un peu hors du temps, qui est tout sauf cynique».

«Faire quelque chose de non productif»

Dans le même quartier récemment sorti de terre, l'œuvre Psellion de l'île est aussi amenée à rester: il s'agit d'un métaséquoia de 20 mètres, qu'on peut appeler «arbre fossile, car jusqu'en 1941, on pensait cet arbre disparu» avant qu'il ne soit retrouvé en Chine, explique l'artiste Evor. Autour de l'arbre acheminé en convoi exceptionnel depuis une pépinière néerlandaise, Evor a construit un muret pour inviter à la contemplation, suggérant qu'on puisse voir dans son œuvre un «personnage mythologique».

Certains artistes se sont aussi vu proposer la possibilité d'exposer en plusieurs lieux comme Martine Feipel et Jean Bechameil avec leur œuvre en béton et céramique, Les Brutalistes, qui sera utilisée comme four à pain, et leur exposition Automatic Revolution. Cette dernière met en scène des objets animés par des robots d'usine reprogrammés pour «faire quelque chose de non productif» et montrer «qu'au lieu de créer des choses pour la consommation, on peut créer du rêve», a expliqué Martine Feipel.

Un lit à baldaquin très coloré flottant sur un canal, des tranches de pain devenues étagères ou encore un lustre ébranlé par un mécanisme le faisant trembler à intervalle régulier constituent par ailleurs l'univers de Vincent Olinet, qui cherche à «casser l'attente» que l'on a des objets.

Vincent Olinet a installé Pas encore mon histoire dans le petit port de plaisance du canal Saint-Félix. PAS ENCORE MON HISTOIRE, 2008 — COURTESY VINCENT OLINET ET GALERIE LAURENT GODIN /ADAGP

Au total, le parcours comprend une vingtaine de nouvelles étapes, parmi lesquelles on remarque aussi les bottes, de trois mètres de haut et de pointure 2000, de Lilian Bourgeat et les sculptures fondues dans la végétation de Jean Jullien.

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Des trombes d'eau tombant en cascade sur l'Opéra, un lit à baldaquin qui flotte dans un canal ou un sexe féminin arrosant une fontaine: le Voyage à Nantes expose pendant deux mois une multitude d'œuvres d'art contemporain dans les rues de la cité des Ducs. «On s'est interdit les thématiques parce qu'elles sont contraignantes. En fait la thématique, c'est interpréter cette ville», explique Jean Blaise, le directeur artistique du festival qui démarre samedi et dure jusqu'au 27 septembre.

Pour «mettre l'art dans l'espace public», chaque été des places et bâtiments de Nantes et sa région sont investis par les artistes avec des constructions souvent monumentales, dont une partie reste à demeure après l'événement. La déambulation mènera cette année sur la place Graslin où le théâtre du XVIIIe siècle a été recouvert d'une cascade par Stéphane Thidet, qui avait introduit six loups dans les douves du château des Ducs de Bretagne pour le festival Estuaire, dont a découlé le Voyage à Nantes, rendez-vous annuel depuis 2012.

«Il y avait l'idée de garder, comme ce qu'on trouve derrière les cascades, cette légende que les trésors se trouvent derrière les tombées d'eau», a expliqué l'artiste qui a baptisé l'œuvre Rideau, car il entend jouer sur l'image du rideau de théâtre avec ces trombes d'eau tombant à grand fracas. Le rideau «masque le bâtiment et en même temps le rend vivant», ajoute-t-il, précisant que l'eau utilisée forme une boucle pour éviter toute déperdition.

Un peu plus loin a été installée la sculpture Fontaine, créée par Elsa Sahal en 2012, qui évoque le Manneken-Pis de Bruxelles. Cette structure en grès rose représente le bas d'un corps féminin en train d'uriner debout et «correspondait bien à l'espace de la fontaine de la place Royale», a estimé Jean Blaise.

Fontaine, d'Elsa Sahal, avait été exposé lors de la Fiac dans le jardin des Tuileries à Paris. ELSA SAHAL, FONTAINE, 2012. PARCOURS HORS LES MURS DE LA FIAC AU JARDIN DES TUILERIES, PARIS. PHOTO : DENIS AMON

Le Voyage à Nantes, qui attire habituellement quelque 650.000 visiteurs, a été décalé d'un mois par le coronavirus qui n'entravera pas son déroulement puisque la plupart des œuvres sont en extérieur comme les grands bustes immaculés installés sur l'île de Nantes par Nathalie Talec. «J'ai une obsession pour le blanc dans ce qu'il convoque d'aveuglement, de cécité», a expliqué l'artiste à propos d'In a Silent Way qui représente deux jeunes filles portant l'une un masque de réalité virtuelle et l'autre un casque audio. Nathalie Talec a voulu montrer «une figure un peu générique, un peu hors du temps, qui est tout sauf cynique».

«Faire quelque chose de non productif»

Dans le même quartier récemment sorti de terre, l'œuvre Psellion de l'île est aussi amenée à rester: il s'agit d'un métaséquoia de 20 mètres, qu'on peut appeler «arbre fossile, car jusqu'en 1941, on pensait cet arbre disparu» avant qu'il ne soit retrouvé en Chine, explique l'artiste Evor. Autour de l'arbre acheminé en convoi exceptionnel depuis une pépinière néerlandaise, Evor a construit un muret pour inviter à la contemplation, suggérant qu'on puisse voir dans son œuvre un «personnage mythologique».

Certains artistes se sont aussi vu proposer la possibilité d'exposer en plusieurs lieux comme Martine Feipel et Jean Bechameil avec leur œuvre en béton et céramique, Les Brutalistes, qui sera utilisée comme four à pain, et leur exposition Automatic Revolution. Cette dernière met en scène des objets animés par des robots d'usine reprogrammés pour «faire quelque chose de non productif» et montrer «qu'au lieu de créer des choses pour la consommation, on peut créer du rêve», a expliqué Martine Feipel.

Un lit à baldaquin très coloré flottant sur un canal, des tranches de pain devenues étagères ou encore un lustre ébranlé par un mécanisme le faisant trembler à intervalle régulier constituent par ailleurs l'univers de Vincent Olinet, qui cherche à «casser l'attente» que l'on a des objets.

Vincent Olinet a installé Pas encore mon histoire dans le petit port de plaisance du canal Saint-Félix. PAS ENCORE MON HISTOIRE, 2008 — COURTESY VINCENT OLINET ET GALERIE LAURENT GODIN /ADAGP

Au total, le parcours comprend une vingtaine de nouvelles étapes, parmi lesquelles on remarque aussi les bottes, de trois mètres de haut et de pointure 2000, de Lilian Bourgeat et les sculptures fondues dans la végétation de Jean Jullien.

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