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Aux Etats-Unis, la polémique sur le film « Mignonnes » ne désenfle pas - Le Monde

Au premier plan, Amy (Fathia Youssouf), dans le film « Mignonnes » sur Netflix.

Qui aurait cru que le film Mignonnes, de Maïmouna Doucouré, allait déclencher une tempête médiatico-politique aux Etats-Unis, en pleine bataille pour l’élection présidentielle ? Comment le premier long-métrage de la réalisatrice franco-sénégalaise a-t-il pu sortir en salles en France sans créer de vagues, le 19 août, et simultanément susciter un tollé aux Etats-Unis lors de l’annonce de sa sortie par la plateforme Netflix ?

Car si Mignonnes met en scène l’hypersexualisation de préadolescentes qui pratiquent une danse sensuelle et lascive – le twerk –, le film ne peut être suspecté d’aucune complaisance à l’égard de la pornographie juvénile. La réalisatrice a souhaité raconter la difficile construction d’une jeune fille tiraillée entre le poids du patriarcat dans sa propre famille et sa volonté d’intégrer un groupe de danseuses s’exprimant avec leur corps de façon débridée et désinhibée.

L’histoire se termine d’ailleurs de manière fort consensuelle avec une image de la fillette bien dans ses baskets, ayant trouvé son propre équilibre en dehors des diktats – sans quoi Mignonnes n’aurait sûrement pas reçu le prix de la meilleure réalisation au festival de Sundance (Utah), en janvier.

Tout a commencé au mois d’août, lorsque la plateforme Netflix, communiquant sur le film, a utilisé une image montrant les jeunes actrices dans des poses suggestives. S’apercevant des réactions outrées et du malentendu généré par cette « affiche », la plateforme américaine a réagi le 20 août en publiant sur les réseaux sociaux un message d’excuse, regrettant l’utilisation d’une « image inappropriée » et d’un visuel qui n’est « pas représentatif de ce film ». Peine perdue.

Messages haineux

Au sein de la droite américaine, la polémique a été immédiatement récupérée par la frange ultraconservatrice et complotiste du mouvement pro-Trump, à deux mois de l’élection présidentielle. Une occasion rêvée de critiquer Netflix, lequel diffuse des documentaires produits par le couple Obama et se voit régulièrement suspecté de sympathies pro-démocrates.

Samedi 12 septembre, le sénateur républicain Ted Cruz (Texas), très influent dans les communautés républicaines en ligne, a appelé à l’ouverture d’une enquête contre Netflix et la réalisatrice du film. Son homologue de l’Arkansas, Tom Cotton, renchérissait en décrivant Mignonnes comme un film « au mieux répugnant et au pire un crime grave ». « Il faut sévir contre Netflix pour son rôle dans la diffusion d’images sexualisées d’enfants dans les foyers américains », écrit-il dans un communiqué publié par le Daily Caller, un site d’extrême droite qui sait habilement jouer des codes de la viralité sur les réseaux sociaux.

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Au premier plan, Amy (Fathia Youssouf), dans le film « Mignonnes » sur Netflix.

Qui aurait cru que le film Mignonnes, de Maïmouna Doucouré, allait déclencher une tempête médiatico-politique aux Etats-Unis, en pleine bataille pour l’élection présidentielle ? Comment le premier long-métrage de la réalisatrice franco-sénégalaise a-t-il pu sortir en salles en France sans créer de vagues, le 19 août, et simultanément susciter un tollé aux Etats-Unis lors de l’annonce de sa sortie par la plateforme Netflix ?

Car si Mignonnes met en scène l’hypersexualisation de préadolescentes qui pratiquent une danse sensuelle et lascive – le twerk –, le film ne peut être suspecté d’aucune complaisance à l’égard de la pornographie juvénile. La réalisatrice a souhaité raconter la difficile construction d’une jeune fille tiraillée entre le poids du patriarcat dans sa propre famille et sa volonté d’intégrer un groupe de danseuses s’exprimant avec leur corps de façon débridée et désinhibée.

L’histoire se termine d’ailleurs de manière fort consensuelle avec une image de la fillette bien dans ses baskets, ayant trouvé son propre équilibre en dehors des diktats – sans quoi Mignonnes n’aurait sûrement pas reçu le prix de la meilleure réalisation au festival de Sundance (Utah), en janvier.

Tout a commencé au mois d’août, lorsque la plateforme Netflix, communiquant sur le film, a utilisé une image montrant les jeunes actrices dans des poses suggestives. S’apercevant des réactions outrées et du malentendu généré par cette « affiche », la plateforme américaine a réagi le 20 août en publiant sur les réseaux sociaux un message d’excuse, regrettant l’utilisation d’une « image inappropriée » et d’un visuel qui n’est « pas représentatif de ce film ». Peine perdue.

Messages haineux

Au sein de la droite américaine, la polémique a été immédiatement récupérée par la frange ultraconservatrice et complotiste du mouvement pro-Trump, à deux mois de l’élection présidentielle. Une occasion rêvée de critiquer Netflix, lequel diffuse des documentaires produits par le couple Obama et se voit régulièrement suspecté de sympathies pro-démocrates.

Samedi 12 septembre, le sénateur républicain Ted Cruz (Texas), très influent dans les communautés républicaines en ligne, a appelé à l’ouverture d’une enquête contre Netflix et la réalisatrice du film. Son homologue de l’Arkansas, Tom Cotton, renchérissait en décrivant Mignonnes comme un film « au mieux répugnant et au pire un crime grave ». « Il faut sévir contre Netflix pour son rôle dans la diffusion d’images sexualisées d’enfants dans les foyers américains », écrit-il dans un communiqué publié par le Daily Caller, un site d’extrême droite qui sait habilement jouer des codes de la viralité sur les réseaux sociaux.

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