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Enola Holmes : critique sans Sherlock mais sur Netflix - Critique Film - ÉcranLarge.com

DÉTECTIVE FRIPÉE  

Transposition du premier tome des aventures de la sœur du plus célèbre investigateur privé du monde (intitulé La Double Disparition, écrit par Nancy Springer), le métrage souffre de sa nature même, tant on sent que le scénariste Jack Thorne n’a pas tout à fait su comment se défaire du texte original. Découpé par d’innombrables apartés, émaillé de monologues intérieurs et de dialogues explicatifs, l’ensemble est aussi bavard que paresseux en termes de narration. 

Et si on sait gré à l’intrigue de ménager quelques surprises, alors que son héroïne doit se coltiner une société victorienne bien décidée à la briser, ces dernières manquent singulièrement d’énergie dans leur agencement. Pour quelques embranchements inattendus (comme lorsque la protagoniste comprend qu’elle ne pourra finalement pas échapper à l’institut pour jeunes femmes auquel on la destine), il faudra systématiquement subir des myriades de tirades pas franchement cinématographiques. 

Plus embêtants, les atermoiements d’Enola ou de ses compagnons de route prennent souvent le pas sur son parcours initiatique vers la voie de l’investigation, tandis que la caméra a beaucoup de mal à nous faire sentir comment la jeune femme avance, de déduction en déduction. Le metteur en scène Harry Bradbeer narre l’ensemble sans génie, mais avec un soin honorable, qui ne lui permet pas toutefois de nous laisser sentir le déploiement ou la curiosité intellectuelle de son personnage central. 

 

photoFamily business

FRAGMENTAIRE MA CHÈRE WATSON  

Pour autant, Enola Holmes est loin de tout à fait se planter, et recèle plusieurs jolis moments. Pour rares qu’elles soient, les séquences épiques ou d'action fonctionnent toutes très bien. Claires et lisibles, elles sont en outre toujours bâties de manière à accompagner les enjeux de la jeune Holmes et les conflits qui sous-tendent son action, ce qui leur confère une importance délectable, d'autant plus qu'on n’y surjoue pas la puissance physique de la gamine, contrainte d'affronter des adultes bien plus forts qu'elles et donc de faire face à des menaces dignes de ce nom.

Enfin, quand le film s’agite des muscles et du capiton dans un élan commun, il retrouve un peu de la grammaire de ses glorieux aînés, parmi lesquels Le secret de la pyramide, Élémentaire, mon cher... Lock HolmesLes Aventures du jeune Indiana Jones ou encore l’ouverture de La dernière croisade. Une dynamique trop rare, mais plaisante, particulièrement vivace quand Millie Bobby Brown fait face à Henry Cavill, tant le duo fonctionne. Mais c’est bien la comédienne de Stranger Things qui emporte le morceau, grâce à son enthousiasme et son étonnant charisme. 

photo, Millie Bobby BrownStranger détective

Là où on pouvait redouter un produit industriel qui utilise un féminisme de supermarché pour se repeindre en parangon de progressisme avec opportunisme, Enola Holmes étonne par l’agencement de ses personnages féminins, qui composent collectivement un nuancier réussi des rapports complexes des femmes à la question de leur représentation. Et plutôt que d’en user pour les mettre systématiquement en opposition à leurs homologues masculins, le scénario préfère interroger le rapport de chacun à un changement de paradigme qui génère encore de nos jours une électricité conséquente.

Cette finesse, inattendue et bienvenue, donne dans la seconde moitié du récit un peu d’épaisseur à des personnages qui jusqu’alors en manquaient cruellement. 

Enola Holmes est disponible sur Netflix depuis le 23 septembre 2020 en France

Affiche US

 

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DÉTECTIVE FRIPÉE  

Transposition du premier tome des aventures de la sœur du plus célèbre investigateur privé du monde (intitulé La Double Disparition, écrit par Nancy Springer), le métrage souffre de sa nature même, tant on sent que le scénariste Jack Thorne n’a pas tout à fait su comment se défaire du texte original. Découpé par d’innombrables apartés, émaillé de monologues intérieurs et de dialogues explicatifs, l’ensemble est aussi bavard que paresseux en termes de narration. 

Et si on sait gré à l’intrigue de ménager quelques surprises, alors que son héroïne doit se coltiner une société victorienne bien décidée à la briser, ces dernières manquent singulièrement d’énergie dans leur agencement. Pour quelques embranchements inattendus (comme lorsque la protagoniste comprend qu’elle ne pourra finalement pas échapper à l’institut pour jeunes femmes auquel on la destine), il faudra systématiquement subir des myriades de tirades pas franchement cinématographiques. 

Plus embêtants, les atermoiements d’Enola ou de ses compagnons de route prennent souvent le pas sur son parcours initiatique vers la voie de l’investigation, tandis que la caméra a beaucoup de mal à nous faire sentir comment la jeune femme avance, de déduction en déduction. Le metteur en scène Harry Bradbeer narre l’ensemble sans génie, mais avec un soin honorable, qui ne lui permet pas toutefois de nous laisser sentir le déploiement ou la curiosité intellectuelle de son personnage central. 

 

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Pour autant, Enola Holmes est loin de tout à fait se planter, et recèle plusieurs jolis moments. Pour rares qu’elles soient, les séquences épiques ou d'action fonctionnent toutes très bien. Claires et lisibles, elles sont en outre toujours bâties de manière à accompagner les enjeux de la jeune Holmes et les conflits qui sous-tendent son action, ce qui leur confère une importance délectable, d'autant plus qu'on n’y surjoue pas la puissance physique de la gamine, contrainte d'affronter des adultes bien plus forts qu'elles et donc de faire face à des menaces dignes de ce nom.

Enfin, quand le film s’agite des muscles et du capiton dans un élan commun, il retrouve un peu de la grammaire de ses glorieux aînés, parmi lesquels Le secret de la pyramide, Élémentaire, mon cher... Lock HolmesLes Aventures du jeune Indiana Jones ou encore l’ouverture de La dernière croisade. Une dynamique trop rare, mais plaisante, particulièrement vivace quand Millie Bobby Brown fait face à Henry Cavill, tant le duo fonctionne. Mais c’est bien la comédienne de Stranger Things qui emporte le morceau, grâce à son enthousiasme et son étonnant charisme. 

photo, Millie Bobby BrownStranger détective

Là où on pouvait redouter un produit industriel qui utilise un féminisme de supermarché pour se repeindre en parangon de progressisme avec opportunisme, Enola Holmes étonne par l’agencement de ses personnages féminins, qui composent collectivement un nuancier réussi des rapports complexes des femmes à la question de leur représentation. Et plutôt que d’en user pour les mettre systématiquement en opposition à leurs homologues masculins, le scénario préfère interroger le rapport de chacun à un changement de paradigme qui génère encore de nos jours une électricité conséquente.

Cette finesse, inattendue et bienvenue, donne dans la seconde moitié du récit un peu d’épaisseur à des personnages qui jusqu’alors en manquaient cruellement. 

Enola Holmes est disponible sur Netflix depuis le 23 septembre 2020 en France

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