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Affaiblis par deux tristes éditions, les César jouent ce soir leur va-tout et leur honneur - Le Figaro

La grand-messe du cinéma français cherche à tout prix à éviter une répétition des couacs Corinne Masiero et Adèle Haenel. Entre Titane, Onoda, les Illusions perdues ou Aline, l'Académie peut déjà espérer un palmarès inspiré.

Double mission impossible cette année pour les César. Commettre un sans-faute sur le palmarès et sur scène pour une cérémonie sans couac et sans controverse après deux ans sulfureux et politiques, marqués par la rébellion d'Adèle Haenel contre Polanski et le strip-tease ensanglanté de Corinne Masiero.

Les prises de position militantes de la grande famille du cinéma français ont peut-être fait le tour du monde mais n'ont pas été du goût des spectateurs – seulement 1,6 million de fidèles —, des pontes du milieu ou du diffuseur et partenaire du gala, Canal +.

La 47e soirée des César doit débuter vendredi soir à 21h à l'Olympia et sur Canal +, sous l'égide d'Antoine de Caunes. L'animateur est un maître de cérémonie rodé à l'exercice ingrat de chauffeur de salle dans ce long tunnel de plus de trois heures de récompenses et de discours plus ou moins inspirés.

Au programme en théorie, quelques paillettes quand même, avec le César d'honneur remis à l'actrice australienne Cate Blanchett par Isabelle Huppert. D'où la nécessité de bien se tenir. Peut-on imaginer la comédienne australienne, symbole du glamour hollywoodien et sublime femme fatale dans Nightmare Alley de Guillermo del Toro, contempler sans ciller ou frémir un sketch à base de crotte de chien comme celui que proposait l'an passé Marina Foïs, chef d'orchestre d'une soirée sans panache et sans classe ? Il faudra aussi rendre un hommage à la hauteur des disparus de l'année au premier rang desquels, Jean-Paul Belmondo et Gaspard Ulliel.

Le mot d'ordre qui circule sous le manteau des invités est d'ailleurs «soyez heureux et chaleureux, arrêtez de râler. Allez-y mollo». Dans «C à vous», sur France 5, le très respecté Pierre Lescure insiste: «Pas de brouhahaha inutile, il faut célébrer le cinéma comme un signal joyeux et y retourner en courant.» Après deux ans de crise sanitaire où l'État et le CNC ont toujours répondu présents en matière de subventions, les jérémiades hors sol passent mal.

Le doublé Venise et Cannes

Pour le palmarès, le cinéma français peut se prévaloir d'une année faste avec le doublé palme d'or et lion d'or. Les jurés des festivals de Cannes et de Venise ont couronné respectivement la fable dystopique et carrossée Titane de Julia Ducournau et le récit engagé d'un avortement clandestin dans la France de De Gaulle L'Événement d'Audrey Diwan.

Malgré cette reconnaissance historique et internationale, ces deux longs-métrages, qui féminisent beaucoup la catégorie meilleure réalisation, se contentent d'un modeste quatre nominations chacun. Le favori de vendredi est la relecture grandiose et acide de Balzac de Xavier Giannoli. Ses Illusions perdues totalise le nombre inédit de 15 citations.

Derrière l'adaptation du grand roman, les membres de l'Académie ont placé l'opéra-rock Annette de Leos Carax (11 nominations), présenté au Festival de Cannes. La star américaine Adam Driver est en lice pour le César du meilleur acteur pour ce film, côtoyant dans Benoît Magimel, Vincent Macaigne et Pierre Niney.

Pour compléter ce trio de tête, Aline, le biopic fantasmagorique de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, dans lequel cette grande fan de la star québécoise donne le meilleur d'elle-même, collecte dix nominations, dont celle de la meilleure réalisatrice et meilleure actrice. Elle fait face à Léa Seydoux ou Laure Calamy, à nouveau nommée après avoir remporté le titre l'an dernier.

Onoda en embuscade

Dans la catégorie reine du «meilleur film», Les Illusions perdues, Annette et Aline essaieront de tenir à distance le polar BAC Nord de Cédric Jimenez, sur les dérives policières dans les quartiers Nord de Marseille, L'Évènement d'Audrey Diwan, La Fracture de Catherine Corsini sur la France des gilets jaunes ainsi que Onoda, 10.000 nuits dans la jungle d'Arthur Harari.

Découvert à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ce récit sur un soldat japonais caché dans la jungle, trente ans durant, refusant la capitulation japonaise la fin de la Seconde Guerre mondiale a surpris en décrochant quatre nominations aux César. Ce petit poucet pourrait faire dérailler les poids lourds. Il s'est imposé aux prix du syndicat de la critique en raflant le trophée phare de meilleur film français. Onoda a également triomphé au prix Louis-Delluc. Autre cérémonie baromètre, les Lumières, décernés par la presse internationale, a de son côté porté aux nues L'Événement.

Les prétendants et l'occasion d'écrire l'histoire du cinéma en sacrant, pour la seconde fois seulement, une femme meilleure réalisatrice ne manquent donc pas.

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La grand-messe du cinéma français cherche à tout prix à éviter une répétition des couacs Corinne Masiero et Adèle Haenel. Entre Titane, Onoda, les Illusions perdues ou Aline, l'Académie peut déjà espérer un palmarès inspiré.

Double mission impossible cette année pour les César. Commettre un sans-faute sur le palmarès et sur scène pour une cérémonie sans couac et sans controverse après deux ans sulfureux et politiques, marqués par la rébellion d'Adèle Haenel contre Polanski et le strip-tease ensanglanté de Corinne Masiero.

Les prises de position militantes de la grande famille du cinéma français ont peut-être fait le tour du monde mais n'ont pas été du goût des spectateurs – seulement 1,6 million de fidèles —, des pontes du milieu ou du diffuseur et partenaire du gala, Canal +.

La 47e soirée des César doit débuter vendredi soir à 21h à l'Olympia et sur Canal +, sous l'égide d'Antoine de Caunes. L'animateur est un maître de cérémonie rodé à l'exercice ingrat de chauffeur de salle dans ce long tunnel de plus de trois heures de récompenses et de discours plus ou moins inspirés.

Au programme en théorie, quelques paillettes quand même, avec le César d'honneur remis à l'actrice australienne Cate Blanchett par Isabelle Huppert. D'où la nécessité de bien se tenir. Peut-on imaginer la comédienne australienne, symbole du glamour hollywoodien et sublime femme fatale dans Nightmare Alley de Guillermo del Toro, contempler sans ciller ou frémir un sketch à base de crotte de chien comme celui que proposait l'an passé Marina Foïs, chef d'orchestre d'une soirée sans panache et sans classe ? Il faudra aussi rendre un hommage à la hauteur des disparus de l'année au premier rang desquels, Jean-Paul Belmondo et Gaspard Ulliel.

Le mot d'ordre qui circule sous le manteau des invités est d'ailleurs «soyez heureux et chaleureux, arrêtez de râler. Allez-y mollo». Dans «C à vous», sur France 5, le très respecté Pierre Lescure insiste: «Pas de brouhahaha inutile, il faut célébrer le cinéma comme un signal joyeux et y retourner en courant.» Après deux ans de crise sanitaire où l'État et le CNC ont toujours répondu présents en matière de subventions, les jérémiades hors sol passent mal.

Le doublé Venise et Cannes

Pour le palmarès, le cinéma français peut se prévaloir d'une année faste avec le doublé palme d'or et lion d'or. Les jurés des festivals de Cannes et de Venise ont couronné respectivement la fable dystopique et carrossée Titane de Julia Ducournau et le récit engagé d'un avortement clandestin dans la France de De Gaulle L'Événement d'Audrey Diwan.

Malgré cette reconnaissance historique et internationale, ces deux longs-métrages, qui féminisent beaucoup la catégorie meilleure réalisation, se contentent d'un modeste quatre nominations chacun. Le favori de vendredi est la relecture grandiose et acide de Balzac de Xavier Giannoli. Ses Illusions perdues totalise le nombre inédit de 15 citations.

Derrière l'adaptation du grand roman, les membres de l'Académie ont placé l'opéra-rock Annette de Leos Carax (11 nominations), présenté au Festival de Cannes. La star américaine Adam Driver est en lice pour le César du meilleur acteur pour ce film, côtoyant dans Benoît Magimel, Vincent Macaigne et Pierre Niney.

Pour compléter ce trio de tête, Aline, le biopic fantasmagorique de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, dans lequel cette grande fan de la star québécoise donne le meilleur d'elle-même, collecte dix nominations, dont celle de la meilleure réalisatrice et meilleure actrice. Elle fait face à Léa Seydoux ou Laure Calamy, à nouveau nommée après avoir remporté le titre l'an dernier.

Onoda en embuscade

Dans la catégorie reine du «meilleur film», Les Illusions perdues, Annette et Aline essaieront de tenir à distance le polar BAC Nord de Cédric Jimenez, sur les dérives policières dans les quartiers Nord de Marseille, L'Évènement d'Audrey Diwan, La Fracture de Catherine Corsini sur la France des gilets jaunes ainsi que Onoda, 10.000 nuits dans la jungle d'Arthur Harari.

Découvert à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ce récit sur un soldat japonais caché dans la jungle, trente ans durant, refusant la capitulation japonaise la fin de la Seconde Guerre mondiale a surpris en décrochant quatre nominations aux César. Ce petit poucet pourrait faire dérailler les poids lourds. Il s'est imposé aux prix du syndicat de la critique en raflant le trophée phare de meilleur film français. Onoda a également triomphé au prix Louis-Delluc. Autre cérémonie baromètre, les Lumières, décernés par la presse internationale, a de son côté porté aux nues L'Événement.

Les prétendants et l'occasion d'écrire l'histoire du cinéma en sacrant, pour la seconde fois seulement, une femme meilleure réalisatrice ne manquent donc pas.

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