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Qu’apprennent vraiment les tout-petits en regardant les dessins animés ? - 20 Minutes

Illustration d'un enfant devant un dessin animé. — G. Durand
  • La production de séries d’animation pour enfants a le vent en poupe et les programmes se multiplient aussi bien à la télévision que sur les plateformes.
  • Comment s’y retrouver et faire le tri dans cette jungle de la programmation jeunesse, 20 Minutes vous donne quelques pistes.
  • Dans ce quatrième épisode, on revient sur des idées reçues... Eh bien oui, un enfant peut apprendre plein de choses en regardant des dessins animés.

Fabrique de crétins ou formateur de citoyens ? Une chose est sûre, regarder des dessins animés, quand on est petits, joue un rôle dans la construction de la personnalité. Mais dans quelle mesure ces images peuvent-elles être bénéfiques ? Et qu’apprennent vraiment les enfants en les regardant ? 20 Minutes a mené l’enquête.

L’école remplacée par les dessins animés ?

« Les pays anglo-saxons sont les champions pour produire des séries ludo-éducatives destinées aux préscolaire, assure Pierre Siracusa, directeur des programmes jeunes pubics à France Télévisions. C’est lié au fait que, dans ces pays, l’école maternelle n’existe pas. » Le dessin animé, qui remplace donc l’école, doit permettre les premiers apprentissages et, en premier lieu, celui du rapport aux autres.

La série britannique Hé, Oua Oua, par exemple, entre dans ce cadre. Un chien, directeur d’un centre de loisirs, enseigne aux enfants toutes sortes d’expériences de la vie, matérialisées par un badge. Des séries thématiques comme Patamuse, réalisée en pâte à modeler, apprennent à fabriquer des personnages en pâte à modeler. On peut citer une série catalane, Jasmine et Jambo, qui initie à la musique. Dans le même registre de l’éveil musical, Okoo va bientôt dévoiler Luz et les sonidos (9 épisodes de 5 minutes).

De même, l’apprentissage du calcul trouve un sérieux allié avec Number block, une série disponible sur Netflix. La série Dino train essaie, de son côté, de sensibiliser les plus petits à l’écriture et la lecture. Et on pourrait multiplier les exemples.

L’imagination, les peurs, les différences…

Selon les spécialistes et contrairement aux idées parfois reçues, les dessins animés ont la capacité de jouer un rôle d’appui dans l’éducation de l’enfant en apportant, par exemple, des informations sur le monde ou en apprenant des règles de comportement en société. Ils peuvent aussi permettre d’enrichir le vocabulaire. Mais la chose la plus importante qu’un dessin animé développe, c’est l’imaginaire.

« L’enfant a soif d’apprendre. Il sait mémoriser des scènes des dessins animés et imiter le comportement des personnages qu’ils adulent comme des héros réels », commente Geneviève Djénati, psychothérapeute et formatrice pour les scénaristes de l’animation. Un dessin animé peut ainsi aider à surmonter les peurs qui apparaissent vers l’âge de 4 ou 5 ans. Le personnage de Crocochemar qui règne sur les cauchemars dans la série Sam Sam joue parfaitement ce rôle, estime la psy.

Enfin, des séries comme Ernest et Celestine ou Masha et Michka offrent pour toile de fond l’expérience de la différence. Mais elles ne sont pas les seuls, loin de là. « Il est important d’apprendre que l’autre est différent, que tous les personnages ne sont pas pareils. C’est une caractéristique de très nombreux dessins animés », selon Geneviève Djénati qui considère que « les enfants ont besoin de différents modèles pour se construire ».

Apprendre la collaboration

De même, le héros n’intervient jamais tout seul. Il a besoin des autres pour réussir. C’est le thème de la série Sam le pompier, par exemple, qui a inspiré Pat Patrouille, Ninjago, Pyjamasques, les As de la jungle ou autres Octonautes.

Cette collaboration nécessaire est également mise en avant par le psychiatre Serge Tisseron, spécialiste de l’enfance et des médias. « Le peu de séries d’animation que je vois propose des situations collaboratives totalement adaptées, admet-il à 20 Minutes. C’est très important que les enfants découvrent l’importance de collaborer pour se sortir d’une situation. »

Selon Geneviève Djénati, une bonne série est également une série qui apprend à décider, à choisir. « A 3 ans, ils sont dans la crise d’opposition et apprennent la frustration. C’est très important qu’ils voient qu’on peut se tromper pour finalement trouver la bonne solution », explique-t-elle.

Raconter ce qu’il voit pour maîtriser les émotions

Mais pour véritablement apprendre, un enfant doit savoir raconter ce qu’il voit à l’écran. « Les images d’un dessin animé sont ce qu’il y a de plus émotionnellement chargées, précise Serge Tisseron. Il est rare de vivre dans la réalité ce qu’on voit à l’écran. Un dessin animé est fait pour éprouver des émotions, mais l’écran n’apprend pas à les maîtriser. Il faut donc un adulte pour aider l’enfant à raconter afin de l’aider à maîtriser cette émotion ».

Comment ? « En invitant l’enfant à raconter ce qu’il voit et ressent avec des questions simples pour qu’il développe une distance critique, souligne le psychiatre. Ce dialogue autour d’une histoire qu’il vient de voir peut aider l’enfant dans son développement. »

La première étape de ce développement consiste donc à raconter ce qui est vu sur un écran. « C’est plus facile car c’est extérieur à l’enfant, indique-t-il. Ça l’aidera aussi à raconter ce qu’il voit autour de lui dans la réalité. C’est l’étape suivante. » Enfin, la troisième et dernière étape consiste, pour un enfant, à pouvoir raconter ses propres émotions. « Apprendre à développer un récit sur ce qu’un enfant a vu à la télé va ainsi l’aider à construire un récit sur ses émotions personnelles », indique Serge Tisseron.

Et si c’étaient les parents qui apprenaient ?

Enfin, il existe, mais c’est plus rare, les séries animées qui apprennent aux parents à se comporter de manière différente avec leurs enfants. C’est le cas, par exemple, de Bluey, une série australienne qui raconte le quotidien d’une famille de chiens bergers.

« Souvent, dans les dessins animés, les parents représentent la figure de l’autorité. Le message, c’est "écoute les adultes !", raconte Claire Lefranc, chargée de production. Ici, c’est le contraire. Le dessin animé prend le point de vue de l’enfant qui tente de partager son ressenti avec ses parents. Et ce sont ces derniers qui sont à l’écoute et doivent s’adapter aux situations. » Et pour désamorcer les situations complexes, ça fait parfois du bien de recevoir aussi ce genre de conseils.

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Illustration d'un enfant devant un dessin animé. — G. Durand
  • La production de séries d’animation pour enfants a le vent en poupe et les programmes se multiplient aussi bien à la télévision que sur les plateformes.
  • Comment s’y retrouver et faire le tri dans cette jungle de la programmation jeunesse, 20 Minutes vous donne quelques pistes.
  • Dans ce quatrième épisode, on revient sur des idées reçues... Eh bien oui, un enfant peut apprendre plein de choses en regardant des dessins animés.

Fabrique de crétins ou formateur de citoyens ? Une chose est sûre, regarder des dessins animés, quand on est petits, joue un rôle dans la construction de la personnalité. Mais dans quelle mesure ces images peuvent-elles être bénéfiques ? Et qu’apprennent vraiment les enfants en les regardant ? 20 Minutes a mené l’enquête.

L’école remplacée par les dessins animés ?

« Les pays anglo-saxons sont les champions pour produire des séries ludo-éducatives destinées aux préscolaire, assure Pierre Siracusa, directeur des programmes jeunes pubics à France Télévisions. C’est lié au fait que, dans ces pays, l’école maternelle n’existe pas. » Le dessin animé, qui remplace donc l’école, doit permettre les premiers apprentissages et, en premier lieu, celui du rapport aux autres.

La série britannique Hé, Oua Oua, par exemple, entre dans ce cadre. Un chien, directeur d’un centre de loisirs, enseigne aux enfants toutes sortes d’expériences de la vie, matérialisées par un badge. Des séries thématiques comme Patamuse, réalisée en pâte à modeler, apprennent à fabriquer des personnages en pâte à modeler. On peut citer une série catalane, Jasmine et Jambo, qui initie à la musique. Dans le même registre de l’éveil musical, Okoo va bientôt dévoiler Luz et les sonidos (9 épisodes de 5 minutes).

De même, l’apprentissage du calcul trouve un sérieux allié avec Number block, une série disponible sur Netflix. La série Dino train essaie, de son côté, de sensibiliser les plus petits à l’écriture et la lecture. Et on pourrait multiplier les exemples.

L’imagination, les peurs, les différences…

Selon les spécialistes et contrairement aux idées parfois reçues, les dessins animés ont la capacité de jouer un rôle d’appui dans l’éducation de l’enfant en apportant, par exemple, des informations sur le monde ou en apprenant des règles de comportement en société. Ils peuvent aussi permettre d’enrichir le vocabulaire. Mais la chose la plus importante qu’un dessin animé développe, c’est l’imaginaire.

« L’enfant a soif d’apprendre. Il sait mémoriser des scènes des dessins animés et imiter le comportement des personnages qu’ils adulent comme des héros réels », commente Geneviève Djénati, psychothérapeute et formatrice pour les scénaristes de l’animation. Un dessin animé peut ainsi aider à surmonter les peurs qui apparaissent vers l’âge de 4 ou 5 ans. Le personnage de Crocochemar qui règne sur les cauchemars dans la série Sam Sam joue parfaitement ce rôle, estime la psy.

Enfin, des séries comme Ernest et Celestine ou Masha et Michka offrent pour toile de fond l’expérience de la différence. Mais elles ne sont pas les seuls, loin de là. « Il est important d’apprendre que l’autre est différent, que tous les personnages ne sont pas pareils. C’est une caractéristique de très nombreux dessins animés », selon Geneviève Djénati qui considère que « les enfants ont besoin de différents modèles pour se construire ».

Apprendre la collaboration

De même, le héros n’intervient jamais tout seul. Il a besoin des autres pour réussir. C’est le thème de la série Sam le pompier, par exemple, qui a inspiré Pat Patrouille, Ninjago, Pyjamasques, les As de la jungle ou autres Octonautes.

Cette collaboration nécessaire est également mise en avant par le psychiatre Serge Tisseron, spécialiste de l’enfance et des médias. « Le peu de séries d’animation que je vois propose des situations collaboratives totalement adaptées, admet-il à 20 Minutes. C’est très important que les enfants découvrent l’importance de collaborer pour se sortir d’une situation. »

Selon Geneviève Djénati, une bonne série est également une série qui apprend à décider, à choisir. « A 3 ans, ils sont dans la crise d’opposition et apprennent la frustration. C’est très important qu’ils voient qu’on peut se tromper pour finalement trouver la bonne solution », explique-t-elle.

Raconter ce qu’il voit pour maîtriser les émotions

Mais pour véritablement apprendre, un enfant doit savoir raconter ce qu’il voit à l’écran. « Les images d’un dessin animé sont ce qu’il y a de plus émotionnellement chargées, précise Serge Tisseron. Il est rare de vivre dans la réalité ce qu’on voit à l’écran. Un dessin animé est fait pour éprouver des émotions, mais l’écran n’apprend pas à les maîtriser. Il faut donc un adulte pour aider l’enfant à raconter afin de l’aider à maîtriser cette émotion ».

Comment ? « En invitant l’enfant à raconter ce qu’il voit et ressent avec des questions simples pour qu’il développe une distance critique, souligne le psychiatre. Ce dialogue autour d’une histoire qu’il vient de voir peut aider l’enfant dans son développement. »

La première étape de ce développement consiste donc à raconter ce qui est vu sur un écran. « C’est plus facile car c’est extérieur à l’enfant, indique-t-il. Ça l’aidera aussi à raconter ce qu’il voit autour de lui dans la réalité. C’est l’étape suivante. » Enfin, la troisième et dernière étape consiste, pour un enfant, à pouvoir raconter ses propres émotions. « Apprendre à développer un récit sur ce qu’un enfant a vu à la télé va ainsi l’aider à construire un récit sur ses émotions personnelles », indique Serge Tisseron.

Et si c’étaient les parents qui apprenaient ?

Enfin, il existe, mais c’est plus rare, les séries animées qui apprennent aux parents à se comporter de manière différente avec leurs enfants. C’est le cas, par exemple, de Bluey, une série australienne qui raconte le quotidien d’une famille de chiens bergers.

« Souvent, dans les dessins animés, les parents représentent la figure de l’autorité. Le message, c’est "écoute les adultes !", raconte Claire Lefranc, chargée de production. Ici, c’est le contraire. Le dessin animé prend le point de vue de l’enfant qui tente de partager son ressenti avec ses parents. Et ce sont ces derniers qui sont à l’écoute et doivent s’adapter aux situations. » Et pour désamorcer les situations complexes, ça fait parfois du bien de recevoir aussi ce genre de conseils.

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