Search

Festival de Cannes 2024 : pourquoi nous avons été gênés par « L'Amour ouf » de Gilles Lellouche - Le Parisien

On attendait de pied ferme cet « Amour ouf ». Parce que Gilles Lellouche nous avait épatés avec « Le Grand Bain » en 2018. Parce que cela fait des années qu’il nourrit ce projet doté d’un super-budget (35 millions d’euros) et d’un super-casting (Adèle Exarchopoulos, François Civil, Raphaël Quenard, Benoît Poelvoorde, Alain Chabat, Karim Leklou, Jean-Pascal Zadi…). Parce que, depuis le début de ce 77e Festival de Cannes, les cinéastes français impressionnent, de Jacques Audiard à Coralie Fargeat, en passant par Agathe Riedinger.

À quoi ressemble donc cet « Amour ouf », présenté ce jeudi soir sur la Croisette et en salles le 16 octobre ? Adapté du roman de l’Irlandais Neville Thompson, le film commence dans les années 80, dans le nord de la France. Clotaire grandit dans une fratrie nombreuse, entre la douceur de sa mère et les raclées de son père, docker. Jacqueline, elle, vit seule avec son père depuis la mort de sa mère. Ces deux-là se rencontrent devant au lycée. S’accrochent, puis tombent fous amoureux.

Au tourbillon succède un drame. Embringué dans un braquage, Clotaire se retrouve séparé de « Jackie ». Dix ans plus tard, Clotaire veut reprendre le fil de leur « amour ouf »… Ce qui surprend d’abord dans ce long métrage, c’est sa forme. On nous avait annoncé une comédie musicale : seuls deux tableaux de danse se glissent dans ces 2h46 rythmées par des tubes des années 80 (The Cure, Prince…), où les acteurs ne chantent jamais. Ensuite, c’est son propos. « L’Amour ouf » est-il une comédie romantique ou un film de gangsters ? Entre les deux, entre « Before Sunrise » et « BAC Nord », le cœur de Gilles Lellouche a balancé. Et le cinéaste n’a pas tranché.

Les baisers et les scènes de passages à tabac se succèdent. Les couchers de soleil alternent avec les ambiances de films de voyou (Lellouche nous gratifie même d’une scène dans une boîte de nuit avec billets de banque, champagne et strip-teaseuses). On se laisse emporter par la fougue de la mise en scène et des acteurs, émouvoir par l’intensité d’Adèle Exarchopoulos, mais on est gênés par la complaisance du scénario vis-à-vis des coups de sang de son héros.

Dès qu’il est contrarié, Clotaire cogne. Avec une batte de base-ball, avec ses poings, avec un flingue. Pour se venger de ceux qui l’ont trahi et de la vie qui ne l’a pas gâté. Mais, pire, « par amour ». L’héroïne a beau répéter qu’elle « hait la violence », elle pardonne toujours. Et le scénario semble inviter le spectateur à faire la même chose.

« L’Amour ouf », thriller romantique de Gilles Lellouche. Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah… 2h46. En salles le 16 octobre.

Adblock test (Why?)

Read Again

On attendait de pied ferme cet « Amour ouf ». Parce que Gilles Lellouche nous avait épatés avec « Le Grand Bain » en 2018. Parce que cela fait des années qu’il nourrit ce projet doté d’un super-budget (35 millions d’euros) et d’un super-casting (Adèle Exarchopoulos, François Civil, Raphaël Quenard, Benoît Poelvoorde, Alain Chabat, Karim Leklou, Jean-Pascal Zadi…). Parce que, depuis le début de ce 77e Festival de Cannes, les cinéastes français impressionnent, de Jacques Audiard à Coralie Fargeat, en passant par Agathe Riedinger.

À quoi ressemble donc cet « Amour ouf », présenté ce jeudi soir sur la Croisette et en salles le 16 octobre ? Adapté du roman de l’Irlandais Neville Thompson, le film commence dans les années 80, dans le nord de la France. Clotaire grandit dans une fratrie nombreuse, entre la douceur de sa mère et les raclées de son père, docker. Jacqueline, elle, vit seule avec son père depuis la mort de sa mère. Ces deux-là se rencontrent devant au lycée. S’accrochent, puis tombent fous amoureux.

Au tourbillon succède un drame. Embringué dans un braquage, Clotaire se retrouve séparé de « Jackie ». Dix ans plus tard, Clotaire veut reprendre le fil de leur « amour ouf »… Ce qui surprend d’abord dans ce long métrage, c’est sa forme. On nous avait annoncé une comédie musicale : seuls deux tableaux de danse se glissent dans ces 2h46 rythmées par des tubes des années 80 (The Cure, Prince…), où les acteurs ne chantent jamais. Ensuite, c’est son propos. « L’Amour ouf » est-il une comédie romantique ou un film de gangsters ? Entre les deux, entre « Before Sunrise » et « BAC Nord », le cœur de Gilles Lellouche a balancé. Et le cinéaste n’a pas tranché.

Les baisers et les scènes de passages à tabac se succèdent. Les couchers de soleil alternent avec les ambiances de films de voyou (Lellouche nous gratifie même d’une scène dans une boîte de nuit avec billets de banque, champagne et strip-teaseuses). On se laisse emporter par la fougue de la mise en scène et des acteurs, émouvoir par l’intensité d’Adèle Exarchopoulos, mais on est gênés par la complaisance du scénario vis-à-vis des coups de sang de son héros.

Dès qu’il est contrarié, Clotaire cogne. Avec une batte de base-ball, avec ses poings, avec un flingue. Pour se venger de ceux qui l’ont trahi et de la vie qui ne l’a pas gâté. Mais, pire, « par amour ». L’héroïne a beau répéter qu’elle « hait la violence », elle pardonne toujours. Et le scénario semble inviter le spectateur à faire la même chose.

« L’Amour ouf », thriller romantique de Gilles Lellouche. Avec Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah… 2h46. En salles le 16 octobre.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Festival de Cannes 2024 : pourquoi nous avons été gênés par « L'Amour ouf » de Gilles Lellouche - Le Parisien"

Post a Comment

Powered by Blogger.