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Des Golden Globes dominés par les femmes

De gauche à droite : Laura Dern, Nicole Kidman, Zoe Kravitz, Reese Witherspoon et Shailene Woodley héroïnes de la mini-série  "Big Little Lies".

Respectivement récompensés par quatre Golden Globes chacun, 3 Billboards, les panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh (dont le meilleur film dramatique) et Big Little lies (dont la meilleure mini-série) auront été, respectivement, le film et la série les plus primés de la soirée des Golden Globes 2018. Juste derrière se pressent Lady Bird de Greta Gerwig (meilleure comédie ou comédie musicale, et meilleure actrice dans cette catégorie pour Saoirse Ronan), La Forme de l’eau, de Guillermo del Toro (meilleur réalisateur et meilleure musique pour Alexandre Desplat), The Handmaids Tale (meilleure série télé dramatique, entre autres). Parmi les autres lauréats de ce palmarès</a> prestigieux, généralement considéré comme un indicateur de tendance pour les Oscars, citons encore James Franco (meilleur acteur dans une comédie pour The Disaster Artist), Coco (meilleur film d’animation), Gary Oldman (pour son rôle de Churchill dans Les Heures sombres), In the Fade de Fatih Akin (meilleur film étranger) .

Mais les vraies gagnantes auront été les femmes. Première grand-messe du cinéma</a> et de la télévision américaine depuis le début de l’affaire Weinstein et du mouvement de libération de la parole des victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles, cette 75e remise des prix de l’association des journalistes étrangers à Hollywood où étaient invitées, une fois n’est pas coutume, des militantes féministes, a été marquée par des prises de parole fortes qui laissent entendre</a> que la vague ne va pas retomber</a>.

Dress code noir

Le dress code noir qu’ont décidé de suivre</a>, en signe de protestation contre la culture</a> machiste hollywoodienne, la quasi intégralité des invités, femmes et hommes, symbolisait la gravité du moment. Appointé pour la première fois maître de cérémonie, le comédien et animateur de télévision Seth Meyers a joué son rôle avec une certaine retenue.

Enchaînement de punchlines et de bons mots, son discours tournait presque exclusivement autour de la question de la condition des femmes à Hollywood. « Bonsoir Mesdames, et ce qu’il reste de vous</a>, Messieurs, a-t-il lancé en d’ouverture. Nous sommes en 2018, la marijuana est enfin autorisée, et le harcèlement sexuel, enfin, ne l’est plus. » Ciblant quelques uns des hommes dont les noms sont devenus des synonymes du démon de la prédation sexuelle, certaines de ses blagues donnaient l’impression embarrassante, de voir</a> un vautour dépecer</a> en public les dépouilles de ceux que l’industrie</a> portait encore au pinacle. Harvey Weinstein, promit-il ainsi, « reviendra dans vingt ans, dans le rôle du premier homme hué à son propre enterrement ». Kevin Spacey, réduit à sa frénésie sexuelle, était allégrement moqué pour son incapacité à imiter</a> correctement l’accent sudiste ; Woody Allen se voyait rhabillé à bon compte également, son Manhattan n’étant plus que ce film pénible sur « une jeune fille naïve qui se fait avoir</a> par un vieux monstre dégoûtant ».

Seth Meyers, animateur de la cérémonie : « Nous sommes en 2018, la marijuana est enfin autorisée, et le harcèlement sexuel, enfin, ne l’est plus. »

Ces giclées fielleuses furent vite balayées par la force des discours des lauréats, et surtout des lauréates. Couronnée meilleur actrice dans une mini-série, Nicole Kidman a ainsi salué d’un « I love you », Reese Witherspoon, co-productrice de la série avec elle, et les trois autres actrices qui complètent le quintette féminin sur lequel elle repose (Laura Dern, Zoe Kravitz et Shailene Woodley), pour célébrer</a> l’incroyable « puissance des femmes ». Rendant ensuite hommage à sa mère, « une grande avocate du droit des femmes » à qui elle dit devoir</a> tous ses accomplissements, elle a lancé, inspirée :

« Je crois que nous pouvons changer</a> les choses, que nous pouvons le faire</a> par les histoires que nous racontons, et la manière dont nous le racontons. »

Meilleure actrice dans un film dramatique, pour 3 Billboards, Frances McDormand, a également eu de belles paroles :

« Je n’ai pas l’habitude d’étaler mes opinions politiques. Mais c’était vraiment formidable d’être dans cette assemblée ce soir, et de participer</a> à ce mouvement de basculement tectonique de la structure de pouvoir</a> de notre industrie»

Un nouveau jour se lève

Le discours le plus galvanisant fut toutefois celui d’une actrice d’un autre genre</a>, la grande prêtresse de la télévision américaine Oprah Winfrey, qui s’est vu décerner</a> le très symbolique Cecil B. DeMille award. Elle a d’abord évoqué le moment où elle a assisté à la télévision à la remise de l’Oscar du meilleur acteur à Sidney Poitier. Expliquant l’importance pour elle, petite-fille de femme de ménage noire, de voir un homme noir célébré de la sorte, elles s’est félicitée que « des petites filles [la] regardent aujourd’hui , elle , première femme noire à recevoir</a> ce même trophée ». Elle a ensuite rendu hommage à toutes les femmes qui, comme sa mère, ont supporté les abus simplement parce qu’elles avaient « des enfants à nourir, des factures à payer</a>, des rêves à accomplir</a>... », et salué la mémoire de Recy Taylor, une femme noire qui fut enlevée et violée par six hommes blancs arm</a>és en 1954, dont le combat pour la vérité fut défendu dans la presse par Rosa Parks mais dont les agresseurs n’ont jamais été condamnés . Elle a conclu son poignant discours par ces mots :

« Je veux que toutes les filles qui regardent, sachent qu’un nouveau jour se lève. Un jour (...) qui va nous conduire</a> vers une nouvelle ère où plus personne n’aura à dire</a> #metoo», en référence au mouvement de protestation contre le harcèlement.

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De gauche à droite : Laura Dern, Nicole Kidman, Zoe Kravitz, Reese Witherspoon et Shailene Woodley héroïnes de la mini-série  "Big Little Lies".

Respectivement récompensés par quatre Golden Globes chacun, 3 Billboards, les panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh (dont le meilleur film dramatique) et Big Little lies (dont la meilleure mini-série) auront été, respectivement, le film et la série les plus primés de la soirée des Golden Globes 2018. Juste derrière se pressent Lady Bird de Greta Gerwig (meilleure comédie ou comédie musicale, et meilleure actrice dans cette catégorie pour Saoirse Ronan), La Forme de l’eau, de Guillermo del Toro (meilleur réalisateur et meilleure musique pour Alexandre Desplat), The Handmaids Tale (meilleure série télé dramatique, entre autres). Parmi les autres lauréats de ce palmarès</a> prestigieux, généralement considéré comme un indicateur de tendance pour les Oscars, citons encore James Franco (meilleur acteur dans une comédie pour The Disaster Artist), Coco (meilleur film d’animation), Gary Oldman (pour son rôle de Churchill dans Les Heures sombres), In the Fade de Fatih Akin (meilleur film étranger) .

Mais les vraies gagnantes auront été les femmes. Première grand-messe du cinéma</a> et de la télévision américaine depuis le début de l’affaire Weinstein et du mouvement de libération de la parole des victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles, cette 75e remise des prix de l’association des journalistes étrangers à Hollywood où étaient invitées, une fois n’est pas coutume, des militantes féministes, a été marquée par des prises de parole fortes qui laissent entendre</a> que la vague ne va pas retomber</a>.

Dress code noir

Le dress code noir qu’ont décidé de suivre</a>, en signe de protestation contre la culture</a> machiste hollywoodienne, la quasi intégralité des invités, femmes et hommes, symbolisait la gravité du moment. Appointé pour la première fois maître de cérémonie, le comédien et animateur de télévision Seth Meyers a joué son rôle avec une certaine retenue.

Enchaînement de punchlines et de bons mots, son discours tournait presque exclusivement autour de la question de la condition des femmes à Hollywood. « Bonsoir Mesdames, et ce qu’il reste de vous</a>, Messieurs, a-t-il lancé en d’ouverture. Nous sommes en 2018, la marijuana est enfin autorisée, et le harcèlement sexuel, enfin, ne l’est plus. » Ciblant quelques uns des hommes dont les noms sont devenus des synonymes du démon de la prédation sexuelle, certaines de ses blagues donnaient l’impression embarrassante, de voir</a> un vautour dépecer</a> en public les dépouilles de ceux que l’industrie</a> portait encore au pinacle. Harvey Weinstein, promit-il ainsi, « reviendra dans vingt ans, dans le rôle du premier homme hué à son propre enterrement ». Kevin Spacey, réduit à sa frénésie sexuelle, était allégrement moqué pour son incapacité à imiter</a> correctement l’accent sudiste ; Woody Allen se voyait rhabillé à bon compte également, son Manhattan n’étant plus que ce film pénible sur « une jeune fille naïve qui se fait avoir</a> par un vieux monstre dégoûtant ».

Seth Meyers, animateur de la cérémonie : « Nous sommes en 2018, la marijuana est enfin autorisée, et le harcèlement sexuel, enfin, ne l’est plus. »

Ces giclées fielleuses furent vite balayées par la force des discours des lauréats, et surtout des lauréates. Couronnée meilleur actrice dans une mini-série, Nicole Kidman a ainsi salué d’un « I love you », Reese Witherspoon, co-productrice de la série avec elle, et les trois autres actrices qui complètent le quintette féminin sur lequel elle repose (Laura Dern, Zoe Kravitz et Shailene Woodley), pour célébrer</a> l’incroyable « puissance des femmes ». Rendant ensuite hommage à sa mère, « une grande avocate du droit des femmes » à qui elle dit devoir</a> tous ses accomplissements, elle a lancé, inspirée :

« Je crois que nous pouvons changer</a> les choses, que nous pouvons le faire</a> par les histoires que nous racontons, et la manière dont nous le racontons. »

Meilleure actrice dans un film dramatique, pour 3 Billboards, Frances McDormand, a également eu de belles paroles :

« Je n’ai pas l’habitude d’étaler mes opinions politiques. Mais c’était vraiment formidable d’être dans cette assemblée ce soir, et de participer</a> à ce mouvement de basculement tectonique de la structure de pouvoir</a> de notre industrie»

Un nouveau jour se lève

Le discours le plus galvanisant fut toutefois celui d’une actrice d’un autre genre</a>, la grande prêtresse de la télévision américaine Oprah Winfrey, qui s’est vu décerner</a> le très symbolique Cecil B. DeMille award. Elle a d’abord évoqué le moment où elle a assisté à la télévision à la remise de l’Oscar du meilleur acteur à Sidney Poitier. Expliquant l’importance pour elle, petite-fille de femme de ménage noire, de voir un homme noir célébré de la sorte, elles s’est félicitée que « des petites filles [la] regardent aujourd’hui , elle , première femme noire à recevoir</a> ce même trophée ». Elle a ensuite rendu hommage à toutes les femmes qui, comme sa mère, ont supporté les abus simplement parce qu’elles avaient « des enfants à nourir, des factures à payer</a>, des rêves à accomplir</a>... », et salué la mémoire de Recy Taylor, une femme noire qui fut enlevée et violée par six hommes blancs arm</a>és en 1954, dont le combat pour la vérité fut défendu dans la presse par Rosa Parks mais dont les agresseurs n’ont jamais été condamnés . Elle a conclu son poignant discours par ces mots :

« Je veux que toutes les filles qui regardent, sachent qu’un nouveau jour se lève. Un jour (...) qui va nous conduire</a> vers une nouvelle ère où plus personne n’aura à dire</a> #metoo», en référence au mouvement de protestation contre le harcèlement.

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