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Lana Wachowski, réalisatrice de « Matrix resurrections », en paix avec l'incertitude - Le Monde

A San Francisco, le 18 décembre 2021.

Après sa série de science-fiction transhumaniste Sense8, diffusée sur Netflix de 2015 à 2018, Lana Wachowski avait décidé d’arrêter de tourner. Sa sœur Lilly, de deux ans sa cadette, cocréatrice de la série, était du même avis. Le tandem Wachowski souhaitait faire une pause, après avoir marqué l’industrie cinématographique avec Matrix, leur film-culte sorti en 1999, prolongé de deux épisodes (Matrix Reloaded, Matrix Revolutions). A l’époque, la trilogie était signée des frères Wachowski, Larry et Andy. Depuis, les deux réalisatrices ont effectué leur transition de genre. En 2010, Larry est devenu Lana ; en 2016, Andy est devenu Lilly.

La pause n’a pas duré longtemps. Lana Wachowski sort le 22 décembre le quatrième opus de la saga, Matrix Resurrections. Lilly, qui depuis sa transition est moins intéressée par la science-fiction, ne s’est pas associée au film.

La réalisatrice a expliqué au site spécialisé dans le cinéma Reel Chicago (sa ville d’origine) ce qui l’avait motivée à ramener du néant Leo (Keanu Reeves), le rebelle de la civilisation des machines, et Trinity (Carrie-Anne Moss), vingt-deux ans après le premier Matrix. « Nos parents sont tombés malades, raconte-t-elle. Ma femme et moi sommes retournées à Chicago pour les accompagner pendant les derniers mois de leur existence. » La cinéaste a voulu recréer un climat qui apaiserait sa peine. « Une nuit mon cerveau a ressuscité ces deux personnages qui étaient morts. Je suis descendue et je me suis mise à écrire. » Résultat : l’histoire nostalgique du retour des héros de Matrix. « Quelque chose de tragique m’a amenée à vouloir retourner en arrière », explique-t-elle.

Les parents Wachowski – Ron, un homme d’affaires et Lynn une infirmière – étaient des cinéphiles passionnés. A Chicago, ils emmenaient les quatre enfants au cinéma, parfois pour plusieurs séances de suite… sans considération pour les mises en garde à l’attention des parents. Le film de Stanley Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace, sorti en 1968, a marqué Lana. Elle a d’abord détesté le monolithe noir qui permet à l’un des primates de dominer ses congénères. Quand son père lui a expliqué la dimension symbolique de l’œuvre, « quelque chose s’est déclenché en moi, a-t-elle raconté au New Yorker dans un portrait paru en septembre 2012. 2001 est l’une des raisons pour lesquelles je fais des films ».

A l’école primaire, un autre sentiment s’est révélé à elle. Dans son établissement catholique, filles et garçons portaient des uniformes différents et occupaient des rangées séparées. Le jour de la rentrée, en 9e (équivalent de la 3e en France) elle s’est dirigée vers la rangée des filles, consciente en même temps qu’elle n’avait pas la tenue adéquate. Incapable de rejoindre les garçons, elle s’est positionnée au milieu, à l’intersection des genres, sous le regard interdit de la nonne et des autres élèves. « Après ça, je me suis cachée et j’ai trouvé un grand réconfort dans les livres, préférant les mondes imaginaires à celui-ci. »

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A San Francisco, le 18 décembre 2021.

Après sa série de science-fiction transhumaniste Sense8, diffusée sur Netflix de 2015 à 2018, Lana Wachowski avait décidé d’arrêter de tourner. Sa sœur Lilly, de deux ans sa cadette, cocréatrice de la série, était du même avis. Le tandem Wachowski souhaitait faire une pause, après avoir marqué l’industrie cinématographique avec Matrix, leur film-culte sorti en 1999, prolongé de deux épisodes (Matrix Reloaded, Matrix Revolutions). A l’époque, la trilogie était signée des frères Wachowski, Larry et Andy. Depuis, les deux réalisatrices ont effectué leur transition de genre. En 2010, Larry est devenu Lana ; en 2016, Andy est devenu Lilly.

La pause n’a pas duré longtemps. Lana Wachowski sort le 22 décembre le quatrième opus de la saga, Matrix Resurrections. Lilly, qui depuis sa transition est moins intéressée par la science-fiction, ne s’est pas associée au film.

La réalisatrice a expliqué au site spécialisé dans le cinéma Reel Chicago (sa ville d’origine) ce qui l’avait motivée à ramener du néant Leo (Keanu Reeves), le rebelle de la civilisation des machines, et Trinity (Carrie-Anne Moss), vingt-deux ans après le premier Matrix. « Nos parents sont tombés malades, raconte-t-elle. Ma femme et moi sommes retournées à Chicago pour les accompagner pendant les derniers mois de leur existence. » La cinéaste a voulu recréer un climat qui apaiserait sa peine. « Une nuit mon cerveau a ressuscité ces deux personnages qui étaient morts. Je suis descendue et je me suis mise à écrire. » Résultat : l’histoire nostalgique du retour des héros de Matrix. « Quelque chose de tragique m’a amenée à vouloir retourner en arrière », explique-t-elle.

Les parents Wachowski – Ron, un homme d’affaires et Lynn une infirmière – étaient des cinéphiles passionnés. A Chicago, ils emmenaient les quatre enfants au cinéma, parfois pour plusieurs séances de suite… sans considération pour les mises en garde à l’attention des parents. Le film de Stanley Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace, sorti en 1968, a marqué Lana. Elle a d’abord détesté le monolithe noir qui permet à l’un des primates de dominer ses congénères. Quand son père lui a expliqué la dimension symbolique de l’œuvre, « quelque chose s’est déclenché en moi, a-t-elle raconté au New Yorker dans un portrait paru en septembre 2012. 2001 est l’une des raisons pour lesquelles je fais des films ».

A l’école primaire, un autre sentiment s’est révélé à elle. Dans son établissement catholique, filles et garçons portaient des uniformes différents et occupaient des rangées séparées. Le jour de la rentrée, en 9e (équivalent de la 3e en France) elle s’est dirigée vers la rangée des filles, consciente en même temps qu’elle n’avait pas la tenue adéquate. Incapable de rejoindre les garçons, elle s’est positionnée au milieu, à l’intersection des genres, sous le regard interdit de la nonne et des autres élèves. « Après ça, je me suis cachée et j’ai trouvé un grand réconfort dans les livres, préférant les mondes imaginaires à celui-ci. »

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