Search

Jacques Sereys, figure de la Comédie-Française, est mort - Le Monde

L'acteur Jacques Sereys prononce un discours après avoir reçu le Molière du meilleur comedien dans

C’était un visage qui dégageait la gentillesse, illuminé par un large sourire et un regard bleu bienveillant, un homme élégant à la diction soignée, comédien virtuose qui a marqué le théâtre français. Jacques Sereys est mort à l’âge de 94 ans, a annoncé l’Elysée le 1er janvier 2023.

Né, le 2 juin 1928, à Saint-Maurice (Val-de-Marne) de père inconnu, il est élevé par sa grand-mère, cuisinière dans les maisons bourgeoises, et sa mère, brodeuse.

Il passe son enfance à Marseille, où il vit au-dessus d’un entrepôt de parfumerie mais rêve d’une carrière de comédien à Paris. Après la seconde guerre mondiale, alors qu’il est jeune garçon de bureau au Crédit lyonnais, il écrit parallèlement des poèmes qu’il dit en public et intègre une troupe de revues pendant trois ans. Il s’efforce de perdre son accent méridional pour entrer à la Comédie-Française.

Goldoni, auteur de prédilection

C’est en 1947 qu’il arrive à Paris et fait des petits boulots, puis part au Maroc effectuer son service militaire. Au retour de l’armée, il devient auditeur au Conservatoire et en sort à 27 ans avec les deux premiers prix de comédie classique et moderne qui lui ouvrent, en 1955, les portes du Français. Pierre Descaves, qui l’a reçu rue de Richelieu, déclare au Monde que « ce comédien qui a déjà fait ses preuves sur les boulevards est capable d’interpréter n’importe quel rôle de composition. [Il] le verr[ait] même assez bien en petit marquis ». Mais Jacques Sereys s’estimera limité dans ses rôles et ne restera que dix ans.

Il joue ensuite dans des pièces de Sacha Guitry, Georges Feydeau et Raymond Castans, avec des expériences originales, comme en juillet 1967, où il joue, en anglais et en français, une pièce d’André Roussin, Une femme qui dit la vérité, sur le paquebot France entre Le Havre et Cherbourg.

Fort du succès d’une autre pièce d’André Roussin, Nina, il reviendra à la Comédie-Française en 1978, à la demande de l’administrateur, Pierre Dux, jusqu’en 1997. Comme le souligne la Comédie-Française, « ses maîtres se nomment Beaumarchais, Marivaux, ses camarades Jacques Charon, Robert Hirsch, Jean Piat, Françoise Seigner ». Il triomphera dans la trilogie de La Villégiature, de Carlo Goldoni, mise en scène par l’Italien Giorgio Strehler, en décembre 1978. Goldoni sera l’auteur de prédilection de celui qui devient une bête de scène. Humble sur son métier, il déclare être différent sur les planches : « Quand je suis en scène, tout change. Je deviens quelqu’un d’autre. Je suis là pour le public. » Sa carrière est couronnée à plusieurs reprises. Il devient sociétaire honoraire du Français en 1997. Et, en 2006, Jean-Luc Tardieu, qui l’a mis seul en scène dans Du côté de chez Proust, lui permet d’obtenir le Molière du meilleur comédien.

Il vous reste 48.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)

Read Again
L'acteur Jacques Sereys prononce un discours après avoir reçu le Molière du meilleur comedien dans

C’était un visage qui dégageait la gentillesse, illuminé par un large sourire et un regard bleu bienveillant, un homme élégant à la diction soignée, comédien virtuose qui a marqué le théâtre français. Jacques Sereys est mort à l’âge de 94 ans, a annoncé l’Elysée le 1er janvier 2023.

Né, le 2 juin 1928, à Saint-Maurice (Val-de-Marne) de père inconnu, il est élevé par sa grand-mère, cuisinière dans les maisons bourgeoises, et sa mère, brodeuse.

Il passe son enfance à Marseille, où il vit au-dessus d’un entrepôt de parfumerie mais rêve d’une carrière de comédien à Paris. Après la seconde guerre mondiale, alors qu’il est jeune garçon de bureau au Crédit lyonnais, il écrit parallèlement des poèmes qu’il dit en public et intègre une troupe de revues pendant trois ans. Il s’efforce de perdre son accent méridional pour entrer à la Comédie-Française.

Goldoni, auteur de prédilection

C’est en 1947 qu’il arrive à Paris et fait des petits boulots, puis part au Maroc effectuer son service militaire. Au retour de l’armée, il devient auditeur au Conservatoire et en sort à 27 ans avec les deux premiers prix de comédie classique et moderne qui lui ouvrent, en 1955, les portes du Français. Pierre Descaves, qui l’a reçu rue de Richelieu, déclare au Monde que « ce comédien qui a déjà fait ses preuves sur les boulevards est capable d’interpréter n’importe quel rôle de composition. [Il] le verr[ait] même assez bien en petit marquis ». Mais Jacques Sereys s’estimera limité dans ses rôles et ne restera que dix ans.

Il joue ensuite dans des pièces de Sacha Guitry, Georges Feydeau et Raymond Castans, avec des expériences originales, comme en juillet 1967, où il joue, en anglais et en français, une pièce d’André Roussin, Une femme qui dit la vérité, sur le paquebot France entre Le Havre et Cherbourg.

Fort du succès d’une autre pièce d’André Roussin, Nina, il reviendra à la Comédie-Française en 1978, à la demande de l’administrateur, Pierre Dux, jusqu’en 1997. Comme le souligne la Comédie-Française, « ses maîtres se nomment Beaumarchais, Marivaux, ses camarades Jacques Charon, Robert Hirsch, Jean Piat, Françoise Seigner ». Il triomphera dans la trilogie de La Villégiature, de Carlo Goldoni, mise en scène par l’Italien Giorgio Strehler, en décembre 1978. Goldoni sera l’auteur de prédilection de celui qui devient une bête de scène. Humble sur son métier, il déclare être différent sur les planches : « Quand je suis en scène, tout change. Je deviens quelqu’un d’autre. Je suis là pour le public. » Sa carrière est couronnée à plusieurs reprises. Il devient sociétaire honoraire du Français en 1997. Et, en 2006, Jean-Luc Tardieu, qui l’a mis seul en scène dans Du côté de chez Proust, lui permet d’obtenir le Molière du meilleur comédien.

Il vous reste 48.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Adblock test (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Jacques Sereys, figure de la Comédie-Française, est mort - Le Monde"

Post a Comment

Powered by Blogger.